Comment rendre un logement accessible aux personnes handicapées et âgées ? Existe-t-il des moyens simples permettant de les maintenir à domicile ? Paul Joly, architecte et fondateur du laboratoire d'études techniques en accessibilité et en autonomie, nous expose sa théorie…
Maison à part : Quelle est la vocation de votre structure ?
Paul Joly : Nous améliorons l'autonomie et facilitons la reprise d'indépendance d'une personne en situation de handicap grâce à la mise en place de moyens de compensation d'incapacités. Cela va du simple conseil à la recherche et de validation de solutions, jusqu'à l'accompagnement total.
MAP : Dans une maison, quels sont les problèmes auxquels se retrouvent confrontés les personnes handicapées et les personnes âgées ?
P.J : J'ai en tête des milliers de références - de la roulotte au château - et, dans la plupart des cas, les problèmes sont les mêmes : des marches trop hautes impossible à gravir, des passages des portes trop étroits, des bacs à douche inaccessibles… Dans certaines habitations, le coin salon se situe à un niveau plus bas que le reste de l'habitation. Cela pose aujourd'hui d'énormes problèmes.
MAP : Quelles solutions préconisez-vous justement pour maintenir une personne le plus longtemps possible dans son domicile ?
P.J : Notre politique est d'éviter l'introduction au sein de la maison d'une structure médicale trop importante. Nous préférons répondre à la déficience par des installations qui vont préserver l'ambiance du lieu, son âme. L'architecture, la domotique, les équipements sont autant de moyens de compensation auxquels nous pouvons avoir recours. Il y a parfois des choses toutes simples à faire, comme changer la distribution des pièces, améliorer la fluidité entre les différents espaces ou supprimer une cloison. Dans certains cas, il est bien sûr impossible d'éviter la médicalisation, mais elle se concentre dans une seule pièce de la maison. Il faut bien prendre conscience que la maison peut détruire comme elle peut guérir.
MAP : Notre cadre bâti permet-il des aménagements de ce type ?
P.J : En France, notre architecture est basée sur la Charte d'Athènes, un document publié par Le Corbusier en 1953. Le plan des maisons est systématiquement le même : les pièces de la maison s'articule autour d'un couloir unique et chacune d'entre elles possède une fonction propre. Un véritable dédale ! Ce schéma n'a pas changé depuis 60 ans alors que nos modes de vie, eux, ont évolué. Si les espaces étaient moins matérialisés, les gens pourraient sans doute rester plus longtemps chez eux.
MAP : Selon vous, les constructeurs de maisons individuelles prennent-ils suffisamment en compte la notion d'accessibilité ?
P.J : Les constructeurs commencent à prendre conscience de la nécessité de rendre leur logement plus adapté aux personnes handicapées. Ils ont tendance à aérer davantage les espaces mais ce n'est pas encore systématique. De toute façon, depuis le 11 février 2005*, ils ont une obligation légale de le faire. La loi stipule que les constructions neuves devront répondre à l'exigence d'accessibilité pour toutes les personnes handicapées, ce quel que soit le type de handicap.
MAP : Quand un particulier doit-il se préoccuper de l'accessibilité de son logement ?
P.J : La question de l'accessibilité doit être mise au premier plan dans un projet de construction. Plus le particulier s'en occupe tôt et plus son intérieur sera agréable à vivre longtemps. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il doit s'empêcher de faire certains choix architecturaux. Il serait dommage qu'il se contraigne à vivre dans une maison de plain-pied alors que ce genre d'habitation ne lui plaît pas. Il existe en effet des équipements très pratiques comme des monte-escaliers qui permettent de vivre convenablement dans une maison à étages même pour une personne à mobilité réduite.
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