Réunis en congrès en fin de semaine à Paris, les pédiatres ont abordé la question des nouveaux dangers de la maison du XXIe siècle, à l'occasion d'une conférence ce jeudi. Comment prévenir ces risques liés à nos nouveaux modes de vies ? Détails.
"Dans l'esprit de beaucoup de gens, les accidents domestiques font encore partie de l'apprentissage. Mais à quel prix, en termes d'argent, de séquelles motrices, de brûlures", a déploré le docteur Isabelle Claudet, pédiatre au Centre hospitalier universitaire de Toulouse, jeudi, lors d'une conférence donnée à l'occasion du deuxième congrès des sociétés de pédiatrie, qui s'est tenu du 16 au 19 juin à Paris. Bien que se félicitant de la baisse de la mortalité associée aux accidents domestiques - du fait notamment d'une réglementation plus stricte autour des produits, jouets et articles de puériculture - les pédiatres s'inquiètent : "
leur fréquence reste cependant trop élevée et de nouveaux accidents émergent." Ils causeraient encore la mort de plus de cinq enfants de moins de 15 ans chaque semaine, selon les dernières estimations citées. Et de mettre en cause "
le mésusage de certains produits, le détournement de la fonction initiale d'autres, les modes socioculturelles ou décoratives." Le docteur Claudet, interrogé par l'AFP, explique ainsi : "
De nouveaux matériaux, de nouveaux équipements, de nouveaux mobiliers sont associés à de nouveaux risques."
Ordinateur, appareils de gym, cheminée éthanol, tables basses en verre...
Parmi ces derniers, par exemple, la chute sur l'enfant d'un ordinateur ou d'une télévision, le plus souvent après l'escalade du meuble sur lequel l'écran est posé. Ce serait ainsi l'une des principales causes de plaies à la tête avant cinq ans. Autre danger pour les plus jeunes, à l'origine de nombreuses brûlures : le tapis de course de maman ou le rameur de papa. Selon les pédiatres, les campagnes de prévention contre les surpoids ont entraîné leur multiplication dans les maisons et les parents ne pensent pas forcément à les ranger hors de portée des petits.
Côté déco, la mode est aux tables basses dotées de plateaux en verre : ce dernier doit être trempé, donc sécurisé, selon la réglementation européenne. Mais, expliquent les pédiatres, l'on retrouve encore parfois, venus de pays hors UE, des verres non trempés très dangereux, car ils peuvent se briser en mille morceaux : "
l'accident survient quand l'enfant saute, tombe ou s'assoit sur la table." De même, les médecins rappellent-ils l'importance de ne pas laisser son jeune enfant seul dans une pièce où se trouve une cheminée à l'éthanol : absence d'émissions de fumée, de résidus de combustion et quasiment d'odeur, peut-être, mais aussi risques de brûlures, d'intoxications et incendie. Les pédiatres suggèrent même fortement de différer leur achat, en attendant des modèles plus sécurisés et tant que les enfants sont petits.
Par ailleurs, alerte le docteur Isabelle Claudet dans le dossier de présentation de la conférence, l'utilisation à la maison des cosys réservés normalement à la voiture, serait également à l'origine d'accidents : "
Ils surviennent lorsque le siège est posé en hauteur à domicile (table, meuble, comptoir) ou à l'extérieur, depuis un caddy de supermarché ou encore un chariot à bagages, (...) lors du transport manuel du siège par les parents", évoquant également un risque d'étouffement par la bascule sur une surface molle, comme le lit et constatant enfin que "
la grande majorité des enfants ne sont pas attachée au moment de la chute."
Dernier équipement également évoqué : les sièges de bains. "
Attention au faux sentiment de sécurité associé à l'utilisation de ces systèmes par des parents qui n'ont pas lu les mises en garde de la notice, car siège de bain ou pas, il ne faut pas perdre de vue que le risque le plus important reste l'absence de surveillance par un adulte", précise la pédiatre.
Comment prévenir tous ces risques ? Pour le docteur Valérie Huet, pédiatre au CHU de Lille, "
la prévention active repose essentiellement sur l'éducation des parents et des enfants après 6 à 8 ans." Il faut notamment que les parents aient plus d'informations sur l'évolution des capacités - développement psychosensoriel et psychomoteur - de leur cher bambin, trop souvent sous-estimées. "
Avant 6 ans, son champ visuel est restreint latéralement, il ne fait pas la différence entre voir et être vu, estime mal les distances, n'appréhende pas le vide, localise mal l'origine des bruits qui l'entourent, ne fait attention qu'à une chose à la fois, ne peut coordonner plusieurs mouvements", est-il ainsi rappelé. Les parents doivent également être attentifs à bien respecter les consignes et les réglementations d'usage des équipements dont ils se servent : "
les mesures législatives ne servent à rien si elles ne sont pas respectées par les parents" ! Et de rappeler par exemple, les obligations suivantes : "
des sièges auto de taille adaptée à l'âge de l'enfant, port de casque de vélo, interdiction de conduire des véhicules tout terrain ou d'utiliser une tondeuse à gazon avant 16 ans, barrières de sécurité au niveau des escaliers, etc."
L'éducation doit enfin être familiale : dès que l'enfant est en âge de comprendre, il faut lui apprendre certains gestes de prévention ou de réponse à un danger. Quelques règles de bon sens, mais toujours bonnes à rappeler : les accidents domestiques sont toujours la première cause de mortalité des jeunes enfants.
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