"Le cinéma à domicile n'est pas inaccessible"

    Publié le 20 mars 2008 par Propos recueillis par Céline Chahi
    Ecouter et voir un film chez soi en bénéficiant du même rendu que dans une salle de cinéma ne relève plus du domaine du rêve. Grâce à la généralisation de la haute définition, il est désormais possible d'obtenir de très bons résultats sans se ruiner. Lever de rideau sur le home cinéma avec Franck Kantor, directeur de la rédaction du magazine Cinéma Chez soi.
    Maison à part : Que désigne exactement le terme "home cinéma" ?
    Franck Kantor* : Le home cinéma, c'est littéralement le cinéma à domicile ou la possibilité de visionner un film chez soi dans des conditions similaires à celles des salles de cinéma : une image de grande dimension, au format 26/9, un son multicanal, la vidéo projection... Bref, une qualité d'image et de son qui n'a rien de comparable avec la télévision !
    Grâce à ce type d'équipement, on s'immerge totalement dans le film tout en profitant du même confort que dans une salle de cinéma classique. C'est aussi la possibilité de partager des moments avec sa famille ou ses amis avec toute la souplesse possible : on arrête et reprend la projection quand on veut.
    MAP : Depuis quand les français s'intéressent-ils à ce genre d'installation ?
    F.K : Le Home cinéma est né globalement dans les années 90, avec l'arrivée des premiers laser-disques. A l'époque, seuls les passionnés du son et de la vidéo s'y intéressaient. Depuis cinq ans, le Home cinéma s'est largement démocratisé et derrière ce terme, on retrouve toutes sortes de produits reproduisant, plus ou moins bien, un son multicanal... On en oublierait presque le concept de base : se créer sa propre salle de cinéma.
    MAP : De quels éléments se compose un home cinéma et comment les choisir ?
    F.K : Un home cinéma se compose d'un vidéoprojecteur ou à défaut d'un téléviseur, d'un ensemble audio multicanal de cinq enceintes avec un caisson de basse, d'un ampli audio et vidéo et d'un lecteur DVD ou blu-ray. On peut acheter des dispositifs "tout en un" qui englobent des enceintes avec un lecteur de DVD. C'est une solution pratique quand on ne dispose pas de lecteur mais qui offre un résultat qualitatif peu exigeant. On peut également se procurer des packs home cinéma qui se composent essentiellement d'enceintes 2.1 ou 5.1, sans lecteur DVD. Reste enfin, la solution d'acheter des éléments séparés. Il existe des dizaines ou des centaines de références, pour tous les prix... Tout dépend du degré d'exigence de l'utilisateur. Pour avoir un son de qualité, il est préférable de se tourner vers des fabricants dédiés à l'audio plutôt que vers des marques généralistes car leurs produits ne sont pas forcément plus chers.
    MAP : Où placer les enceintes ? Quel rôle jouent-elles dans la pièce ?
    F.K : Sur un système 5.1, les deux frontales se placent comme en stéréo de part et d'autre de l'écran à une distance égale tandis que l'enceinte centrale se positionne sous l'écran. Les deux voies arrières s'installent à hauteur de ses oreilles derrière l'auditeur et non pas sur ses côtés. Le caisson de basse n'est pas directif, il se place à sa convenance, généralement à proximité d'une enceinte frontale. Sur un système 7.1, on ajoute deux enceintes latérales, que l'on place donc sur les côtés à mi-distance environ du spectateur et des frontales. La configuration 7.1 convient pour des salles dédiées de plus de 30m2. En deçà, elles ne sont pas vraiment nécessaires.
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    Sony - Home cinéma
    Sony - Home cinéma © Sony
    MAP : Est-il simple pour un particulier de maîtriser tous ces équipements ?
    F.K : Oui, car l'installation des appareils ne réclame aucune compétence technique particulière. Il suffit simplement de relier les produits entre eux, comme on relie un lecteur de DVD à son téléviseur. Mais il est possible d'aller plus loin en paramétrant ses enceintes grâce à des systèmes de calibration intégrés aux amplis ou en réglant son téléviseur, voire son projecteur, avec une sonde de calibration. Même si ces opérations gagnent en simplicité, elles sont exclusivement pratiquées par des passionnés.
    MAP : Avec les équipements d'aujourd'hui, peut-on atteindre le même rendu sonore et visuel que dans une salle de cinéma ?
    F.K : Le rendu sonore et visuel est même meilleur qu'au cinéma ! Il est en effet plus facile d'optimiser ce rendu dans une pièce de dimension réduite que dans une salle de 100m2 ou plus. Par ailleurs, le déploiement de la haute définition permet d'obtenir des résultats bien meilleurs que dans bon nombre de salles classiques. Mais pour cela, il faut bien sûr investir dans du matériel de qualité.
    MAP : Quels produits innovants ont dernièrement été introduits sur le marché ?
    F.K : L'innovation majeure reste de loin la haute définition dans sa pleine définition, c'est-à-dire 1920 x 1080 pixels. C'est le fameux "1080p". Les téléviseurs et les projecteurs progressent beaucoup sur le contraste. Un bon contraste, c'est une image équilibrée, dynamique et détaillée. Cela paraît abstrait pour le novice, mais cela change considérablement son confort de visionnage.
    D'autres améliorations majeures sont à venir, avec des écrans plats qui ne feront bientôt pas plus d'1 cm d'épaisseur alors que ceux d'aujourd'hui en font 12 environ. L'autre innovation encore en cours, c'est l'utilisation du téléviseur au centre du salon, comme le centre de loisirs numériques pour regarder ses films, mais aussi ses photos et ses vidéos. Enfin, le "média center" est un concept informatique de gestion des loisirs numériques depuis un PC de salon, qui tend à être approprié par des fabricants d'électronique, avec des produits à venir, encore plus simples d'emploi qu'un PC !
    Le choix des équipements

    Intégration au salon ou salle dédiée ?

    B&W Group - Home Cinéma
    B&W Group - Home Cinéma © B&W Group
    MAP : Est-ce que la tendance est plus aux pièces dédiées ou à l'intégration dans un salon ?
    F.K : Les pièces dédiées restent un rêve qui semble inaccessible à beaucoup de gens pour des questions de coûts. On croit qu'il faut absolument dépenser des sommes astronomiques pour se faire plaisir. Or, le coût d'une salle dédiée est en chute libre. D'ailleurs, au passage, il faut savoir que n'importe quelle pièce peut servir de salle dédiée. On peut très bien faire une salle dédiée de 15m2 comme une salle de 100m2, il n'y a pas de règle. Il faut simplement adapter l'équipement matériel aux dimensions de la pièce.
    L'intégration dans un salon est plus simple puisqu'elle ne suppose pas de faire des travaux spécifiques. Les systèmes audio 2.1 sont très à la mode car ils permettent de profiter d'un son multicanal sans l'encombrement des cinq enceintes qui dénaturent nos intérieurs. L'option est valable, à condition de bien comprendre que le 2.1 n'équivaut pas au 5.1 : on ne peut pas obtenir d'effets arrières avec du 2.1, tout juste obtient-on un son enveloppant frontal et latéral mais cela suffit à beaucoup de gens.
    MAP : Si l'intégration se fait dans le salon, ne faut-il pas craindre une gêne esthétique ?
    F.K : Non, car il existe toutes sortes de solutions aujourd'hui permettant de dissimuler les équipements. Cela va des enceintes que l'on place sous son téléviseur et qui reproduisent un son ample à des systèmes 2.1 ou des systèmes 5.1 avec des enceintes extrêmement compactes et discrètes.
    MAP : Pour une salle dédiée, faut-il prévoir de gros travaux ?
    F.K : Tout dépend de l'état de la pièce au départ ! La réalisation d'une salle de cinéma dédiée passe toutefois par des étapes obligées : rénovation des murs, isolation acoustique pour ne pas partager votre plaisir avec votre voisin ou tout le quartier, traitement acoustique pour maîtriser les réflexions sonores, aménagement (moquette au sol, éclairage, fauteuils...) et décoration. Les travaux prennent souvent en compte la dissimulation de l'équipement. Il est surtout important de penser sa salle avant d'acheter son matériel et d'équilibrer les dépenses : ce n'est pas parce qu'on dépense des milliers d'euros dans du matériel haut de gamme que le résultat sera bon. Tout est question de cohérence et d'équilibre.
    MAP : Sur le plan phonique, quels sont les moyens pour isoler correctement une pièce ?
    B&W Group - Home Cinema
    B&W Group - Home Cinema © B&W Group
     
    F.K : Tout d'abord, il convient de distinguer l'isolation phonique du traitement. L'isolation permet de mettre le volume sans perturber le voisinage ou le reste de la famille. Le traitement permet de maîtriser les ondes sonores et leurs réflexions dans la pièce. L'isolation est assez simple, il existe une grande panoplie de matériaux isolants dans les magasins de bricolage.
    Le traitement est, quant à lui, beaucoup plus complexe : c'est la partie la plus sensible et la plus difficile à maîtriser quand on crée une salle dédiée et on ne peut pas se contenter de traiter seulement une partie de la pièce. Il existe de nombreux panneaux acoustiques qui permettent de traiter sa salle. Ce n'est pas l'efficacité de ces panneaux qui est en cause, mais la façon de les utiliser. Le risque est simple : si la salle est mal traitée acoustiquement, elle n'aura aucune dynamique sonore. Le son sera plat, sans relief, sourd. A l'inverse, sans aucun traitement, la pièce peut être trop dynamique et le son mal équilibré. Il est préférable de confier cette partie à un professionnel.
    MAP : Quel budget prévoir pour se construire une salle de cinéma privée ?
    F.K : Le budget dépend avant tout des dimensions de la pièce et du degré d'exigence de l'utilisateur. Si la pièce fait moins de 20m2, on peut parfaitement s'offrir une salle dédiée avec un budget de 5 à 6.000 euros. Pour une pièce qui serait l'exacte réplique d'une salle de cinéma (moquette, siège cinéma, éclairage...), et surtout traitée, il faut plutôt prévoir un budget à partir de 10.000 euros environ.
    Franck Kantor estime à 4.500 euros le montant global pour un home cinéma, en résolution Full HD hors travaux. Il donne le détail :
    Vidéoprojecteur HD Ready : 1.000 euros
    Vidéoprojecteur Full HD : 2.000 euros
    Ecran de projection : de 250 à 800 euros
    Potence : 100 euros
    Lecteur blu-ray : 450 euros
    Amplificateur : à partir de 300 euros et jusqu'à 2 000 euros (et plus). Milieu de gamme : 700 euros
    Enceintes milieu de gamme : 800 euros (barre d'enceinte, 2.1 ou 5.1)
    Caisson de grave milieu de gamme : 600 euros
    Il faut ajouter à ce budget d'éventuels produits d'aménagement (télécommande universel, câblage), les travaux et la décoration.
    *Franck Kantor est directeur de la rédaction du titre Cinéma Chez soi, édité par la société TS Publications. Au sommaire du magazine : sorties DVD et cinéma, techniques et technologies, reportages, bancs d'essais, présentations de matériels audio et vidéo... Il est disponible chaque mois en kiosques et sur abonnement.
    En savoir plus sur le : www.cinemachezsoi.com
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