Avec 105 mégawatts (MW) installés en 2008, contre 35 MW en 2007, l'énergie solaire photovoltaïque continue son ascension en France, selon une étude réalisée par le Soler, groupement des professionnels du secteur. L'occasion de revenir sur ses atouts et les démarches nécessaires à son installation pour un particulier.
Multipliée par 2,5 : la puissance du parc photovoltaïque installé a plus que doublée depuis 2007 pour atteindre en 2008, 175 MW (contre 70 à la fin de l'année précédente). Le photovoltaïque a la cote, notamment auprès des particuliers. Selon le Soler, le groupement français des professionnels du solaire photovoltaïque (appartenant au SER, syndicat des énergies renouvelables), 80% des installations du parc français sont des systèmes de faible puissance, intégrées en façade ou en toiture sur les habitations domestiques. Les raisons d'un tel engouement ? Un marché soutenu par différents dispositifs incitatifs qui ont pleinement rempli leurs objectifs.
En premier lieu : le tarif d'achat et la prime d'intégration au bâti. En 2006, les pouvoirs publics ont souhaité développer la filière en établissant un tarif plus avantageux : ainsi l'électricité photovoltaïque est-elle vendue à un tarif, fixé par l'Etat (arrêté du 10 juillet 2006), de 30 centimes d'euro par kWh en métropole (40 centimes d'euro dans les DOM), auquel s'ajoute une prime de 25 centimes d'euro par kWh pour l'intégration au bâti en métropole (15 centimes d'euro par kWh en outre-mer et en Corse).
"Ce coup de pouce de l'Administration fonctionne, explique Wael Elamine, responsable du Soler,
le marché a connu un taux de croissance de près de 300% et pour les années à venir, il semblerait que cela continue de la même façon."
D'autant plus que le particulier bénéficie également d'un crédit d'impôt intéressant lors de l'installation des panneaux photovoltaïques, crédit qui est passé de 40 à 50% au 1er janvier 2006.
"Tout cela couplé, ajoute Wael Elamine,
à une sorte de Grenelle de l'environnement sociétal : la prise de conscience de l'importance de la réduction d'émission de gaz à effet de serre, des économies d'énergie et de l'indépendance énergétique."
Le recours au photovoltaïque devrait également s'accentuer en 2009, puisque l'un des derniers freins à son expansion se lève peu à peu : le ministre de l'environnement, Jean-Louis Borloo a en effet annoncé le 17 novembre dernier la mise en place de simplification des démarches administratives.
"Le ministre a diminué les contraintes administratives en ramenant à deux portes d'entrées ce qui en prenait cinq auparavant", explique le responsable du Soler. Site internet pour déclarer son installation, voire pour le raccordement de celle-ci au réseau électrique comme en région Méditerranée... Les initiatives se multiplient, également de la part des professionnels, de plus en plus nombreux à proposer des solutions "clé en main". Le
"signal fort du Gouvernement" est venu surtout, nous explique Wael Elamine, de l'exonération fiscale des bénéfices réalisés par la revente de l'électricité à EDF provenant d'installations d'une capacité inférieure à 3kWc (puissance-crête, soit au moment du taux d'ensoleillement optimal), soit environ 30m2 de panneaux (pour en savoir plus sur toutes ces mesures, cf. pages suivantes).
Toit - photovoltaïque © Info-energie
Des délais de raccordement encore trop importants
Seule ombre au tableau actuellement : des délais d'attente importants. Face à un tel engouement, le réseau électrique n'a pas suivi.
"Aujourd'hui, explique Wael Elamine,
le réseau électrique n'a pas fini sa mue. Il y a deux ans, il comptait environ 1.600 demandes de raccordements par an, désormais, il en reçoit 3.000 par mois ! Une fois l'installation posée, il faut donc attendre entre 6 à 8 mois avant qu'elle ne puisse être mise en route." Un délai qui devrait être raccourci fin 2009, grâce aux mesures annoncées.
Pour comprendre ce qu'est le solaire photovoltaïque et le coût ainsi que les démarches pour effectuer une installation, cliquez sur suivant.
Les atouts du photovoltaïque
Toit - photovoltaïque © Info-energie
Qu'est-ce que le photovoltaïque ? Quels sont ses atouts ? Autant de questions qui entrent en ligne de compte pour tout particulier désirant se lancer dans l'aventure des énergies renouvelables.
Le photovoltaïque, qu'est-ce que c'est ?
Transformer directement la lumière en énergie électrique : ce processus, appelé effet photovoltaïque, a été découvert par Antoine Becquerel à la fin du XIXe siècle. Depuis, ses applications se sont multipliées.
Il existe deux procédés de fabrication des cellules photovoltaïques : les cellules en silicium cristallin et les cellules en couches minces. Aujourd'hui, les premières emportent la quasi-totalité du marché (90%) car elles sont d'un très bon rendement, soit le rapport entre l'énergie électrique produite par rapport à l'énergie solaire captée (de 14% à 15% pour le multicristallin - le silicium est alors obtenu à partir de plusieurs cristaux de sable ou de quartz - et de 16 à 19% pour le monocristallin - silicium obtenu à partir d'un seul cristal).
Les cellules en couche mince sont fabriquées quant à elles par le dépôt d'une ou plusieurs couches semi-conductrices et photosensibles sur un support de verre, de plastique ou encore d'acier. Cette technologie permet de diminuer le coût de fabrication, mais son rendement n'est que de l'ordre de 5 à 13%. Le Soler remarque néanmoins que
"la technologie des cellules en couches minces connaît actuellement un fort développement", avec une part de marché passée de 2% à plus de 10% aujourd'hui. Les recherches actuelles se penchent sur de nouvelles formes de technologies, comme par exemple sur des cellules organiques.
Le premier et non des moindres, nous explique Wael Elamine :
"produire une énergie électrique que l'on consomme." Selon le Soler,
"une maison individuelle en France métropolitaine disposant d'une installation photovoltaïque de 3kW sur son toit produira en moyenne 3.000 kWh par an, ce qui représente à peu près la consommation d'électricité (hors chauffage et eau chaude sanitaire) d'une famille de quatre personnes." Le tout sans émission de gaz à effet de serre.
Ce dispositif permet de toujours produire de l'électricité, même en cas de panne du réseau général. Il peut ainsi soutenir ce dernier dans des régions sensibles, plus faibles en raccordement, comme la Bretagne.
Les principaux reproches concernant le photovoltaïque concernaient notamment le problème de son coût important en énergie grise, c'est-à-dire produite lors de sa fabrication, ainsi que celui du recyclage des panneaux. Selon une
enquête réalisée en 2006 par l'Agence internationale de l'énergie, citée par le Soler, une installation photovoltaïque raccordée au réseau rembourse l'énergie nécessaire à sa fabrication dans un délai de un à trois ans, selon l'ensoleillement du site : 1 kW permettraient ainsi d'économiser entre 1,4 et 3,4 tonnes de CO2 sur sa durée de vie.
Quant au recyclage, Wael Elamine précise que
"un panneau photovoltaïque est composé en grande partie de Silicium et de verre (pour plus de 90 % du marché) et ces produit sont recyclables." D'autre part, effort a été fait dans la mise en place d'une filière de recyclage efficace :
"La filière européenne a mis en place l'association PV Cycle qui a pour mission de mettre en place la chaîne de recyclage des panneaux (récupération en fin de vie, recyclage, réinjection dans l'industrie photovoltaïque)." L'objectif est ainsi de récupérer 65 % des panneaux installés en Europe depuis 1990 et d'en recycler 80 %.
Pour en savoir plus :
Le SER (syndicat des énergies renouvelables) a édité un certain nombre de brochures disponibles en pdf sur
son site.
Les atouts du photovoltaïque
Coût et démarches
panneau photovoltaïque © MAP
Aujourd'hui, les particuliers sont à l'origine de la plupart des installations. Fort de ce constat et pour développer encore la filière, les pouvoirs publics ont récemment allégé les démarches pour installer des panneaux photovoltaïques sur sa toiture. Mode d'emploi.
Le coût
Combien faut-il prévoir lorsque l'on veut installer des panneaux photovoltaïques sur son toit ? Selon le Soler, le coût pour une installation de 3 kWc (kilowatts crête, soit en termes d'ensoleillement optimal), oscille en France entre 21.000 et 25.000 €, suivant les installateurs, les produits, les services associés (installation clé en main, suivi de la production, etc.). A cela viennent se déduire un crédit d'impôt de 50% sur l'installation, puis le prix d'achat d'électricité par le réseau national, couplé à la prime d'intégration au bâti (cf. première page). Seul le surplus par rapport à la consommation est revendu au réseau. Aujourd'hui, le prix de vente d'électricité au réseau national étant supérieur au prix d'achat, certains choisissent de revendre entièrement leur production, une position mercantile qui entraîne qu'ils ne produisent plus pour leur consommation personnelle.
A noter que le 17 novembre dernier, les pouvoirs publics ont annoncé dans leur plan de développement des énergies renouvelables, que
"les tarifs seront revalorisés chaque année, selon une formule d'indexation."
D'un point de vue fiscal, les pouvoirs publics ont décidé de d'exonérer les particuliers (installation d'une capacité inférieure à 3kWc) des bénéfices réalisés par la revente de l'électricité.
Il y a deux systèmes d'installation soit la pose sur la toiture, soit l'intégration à la toiture. Donc la pose sur bâti ancien est possible. S'il faut rénover sa toiture, l'investissement devient d'autant plus intéressant.
Un label de qualité a été mis en place par les professionnels et les industriels du photovoltaïque, sous l'égide de QualiENR (pour énergies renouvelables). Le
QualiPV permet de reconnaître un professionnel installateur de confiance, qui produit références et compétences.
Après avoir étudié la faisabilité et la rentabilité de l'opération, choisi un équipement et un installateur, obtenu un financement, le particulier doit remplir cinq démarches administratives pour lancer l'installation :
Le 17 novembre dernier, le ministre du développement durable, Jean-Louis Borloo, a annoncé la simplification de ces démarches, avec l'objectif de les réduire à deux : une autorisation au titre du droit de l'urbanisme, délivrée par l'autorité administrative compétente et une démarche auprès du distributeur d'électricité. Dans cette optique et dès août 2008, le ministère a mis en place un site internet, baptisé Ampère, permettant d'effectuer en ligne la déclaration d'exploitation de panneaux solaires. Le gouvernement entend également encourager le développement d'"offres intégrées", qui permettent de réunir les prestations de conseils, de financement, d'installation et de garantie.
Coût et démarches