Un documentaire diffusé sur France 3 ce lundi, met en cause la qualité de l'eau distribuée en France, victime, selon lui, d'une trop grande présence de pesticides ou de nitrates. Une contamination dangereuse, pourtant passée sous silence par les autorités. Le Ministère de la Santé revendique, de son côté, des contrôles sanitaires stricts, rappelant les raisons d'avoir confiance en son eau.
Danger, eau du robinet non potable ? Un documentaire diffusé ce lundi soir 19 mai sur France 3, dans le cadre de l'émission Hors série présentée par Marie Drucker, alerte l'opinion sur la qualité de l'eau en France. Selon l'enquête menée par la journaliste Sophie Le Gall, intitulée explicitement "
Du poison dans l'eau", l'eau contiendrait une présence bien trop élevée de pesticides ou de nitrates (notamment dans le Centre, en Normandie ou en Charente), serait contaminée dans de nombreux endroits par une trentaine de résidus médicamenteux et pire, serait blanchie avec la bénédiction des autorités dans des villages d'Auvergne ou encore à Saint-Etienne, au moyen de poudre d'aluminium, dans des doses dangereuses pour la santé. Une question de santé publique donc, alors même que les Français - ils seraient huit sur dix à le dire - sont confiants dans la qualité de leur eau.
La journaliste s'appuie sur des prélèvements soumis à analyses, effectués dans toute la France. Et de dénoncer une réglementation ignorante, l'absence de mises en garde, la qualité des contrôles, voire la complaisance des autorités, en entente avec les grandes compagnies de distributions de l'eau, du fait notamment d'intérêts financiers.
Un extrait (
mis en ligne sur You tube) montre, par exemple, l'embarras d'une compagnie à répondre à une question sur le traitement des eaux polluées depuis de nombreuses années en Seine et Marne par de l'atrazine, un pesticide, et pourtant, toujours reconnues propres à la consommation pour les habitants.
Le Ministère de la Santé a répondu par le biais d'un communiqué à ces accusations et défend quant à lui
"une eau du robinet de qualité et régulièrement contrôlée." "L'eau délivrée au robinet est très contrôlée, à tous les stades", précise-t-il. Un contrôle qui "
couvre chaque stade du circuit de l'eau, de la source jusqu'au robinet du consommateur, c'est à dire les captages, les stations de traitement, l'inspection des installations de production et de distribution de l'eau." Soit 310.000 prélèvements, plus de huit millions de résultats analytiques portant sur près de 800 paramètres mesurés, avance-t-il. Selon lui, il n'y a donc aucune raison de ne plus avoir confiance en la qualité de l'eau. Les autorités sanitaires locales interviennent en cas de dépassement des limites de qualité, par le biais de restrictions temporaires de consommation pour certains usages, voire d'interdiction si besoin.
Quant à la présence d'agents contaminants : "Si
aucun dépassement ne peut être toléré en matière de contamination microbiologique compte tenu des risques induits, il existe des tolérances ponctuelles, encadrées réglementairement, en matière de contamination chimique si elles sont sans danger sur la santé conformément aux réglementations issues des expertises des instances internationales et nationales", précise le Ministère.
Et de mettre en avant la transparence des autorités en ce domaine : affichages en mairie, informations sur les factures, mise en place d'un portail dédié (
www.eaupotable.sante.gouv.fr), etc. Sans oublier de rappeler les actions du Gouvernement pour la protection de la ressource en eau... et les quelque 26 milliards d'euros -
"tous acteurs confondus" est-il précisé - sur la période 2010-2015, consacrés à la politique de l'eau en général.
Une position partagée par la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), qui affirme qu'en France
"l'eau du robinet est un des produits alimentaires les plus surveillés au plan sanitaire".
Reste que de nombreuses associations, encouragées par la diffusion du documentaire, sont montées, elles-aussi au créneau. Une association de médecins revendiquant 2.500 membres, l'ASEF (Association Santé Environnement France), a ainsi annoncé son intention de lancer une étude indépendante sur dix sites, afin d'y déceler la présence éventuelle de résidus médicamenteux.
"Alors que l'Europe somme la France de moderniser ses usines de traitement, notre pays ne cesse de minimiser l'ampleur de la pollution", dénonce quant à lui, le Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF). De son côté, le WWF dénonce une "
politique de l'Autruche" de la part des autorités :
"Les rapports s'accumulent depuis 30 ans et sont unanimes pour constater la contamination généralisée des eaux, désigner l'agriculture intensive comme principale responsable, appeler à un changement des pratiques agricoles et épingler la carence de l'Etat."
Mise à jour du 20 mai : Il n'y a "aucun risque » selon Suez Environnement
"Buvez de l'eau du robinet, il n'y a aucun risque, je vous le garantis !", s'est exclamé jeudi Jean-Louis Chaussade, directeur général de Suez Environnement, spécialisé notamment dans la distribution d'eau, répondant à une intervention portant sur le documentaire diffusé sur France 3, lors de l'assemblée générale du groupe. "
L'eau potable est probablement le produit le plus contrôlé qui existe en France", a-t-il déclaré. Et d'ajouter :
"C'est un produit que vous pouvez utiliser en toute sécurité".
Le communiqué de presse conjoint du Ministère de la santé et du secrétariat à l'écologie