éolien domestique © Photomontage
Les éoliennes domestiques commencent à faire leur apparition en France. Comment fonctionne ce type d'équipement ? Est-il rentable ? D'un point de vue légal, quelles sont les règles qui régissent son implantation ? Réponses…
Installer une éolienne dans son jardin est un acte éco-citoyen de moins en moins anecdotique. Jusque-là réservé à une utilisation industrielle, ce type d'équipement est désormais proposé aux particuliers. Il leur permet de récupérer l'énergie cinétique du vent pour produire de l'électricité qui servira à alimenter leur foyer en électricité. Le surplus pourra, selon les cas, être revendu, en partie ou en totalité, à un réseau de distribution. Pour s'adapter à ce nouvel usage, la taille des éoliennes a dû être revue à la baisse. Elle oscille désormais entre 3 et 11 mètres, contre 50 mètres pour les modèles traditionnels. Selon les estimations d'un professionnel, entre 300 et 400 éoliennes de ce type auraient déjà été installées en France.
Si la hauteur de mât est inférieure ou égale à 12 mètres, aucune autorisation n'est requise. D'un point de vue légal, une éolienne domestique peut donc être installée n'importe où. Résultat : distributeurs et installateurs se multiplient dans l'hexagone.
"Pour les habitations isolées, c'est la possibilité d'avoir de l'électricité sans avoir à être raccordée à un réseau de distribution" indique Patrick Badin qui commercialise du petit éolien depuis le mois de septembre. Il poursuit, exemple à l'appui :
"un modèle d'une puissance de 20 kilowatts suffit à éclairer une maison de 200m2".
Face à cette absence de contrôle, Olivier Krug, gérant d'une société spécialisée dans la vente d'éoliennes de petites puissances, tire la sonnette d'alarme :
"Pour le moment, les législateurs ne s'intéressent pas au petit éolien. Si aucun critère de qualité n'est mis en place, on court à la catastrophe ! Il ne faut pas perdre de vue que, pour bien fonctionner, une éolienne doit être suffisamment puissante et haute. Elle doit par ailleurs obligatoirement être placée sur le point culminant d'un site très venteux". Pour être sûr d'atteindre un bon rendement, ce dernier a pris le parti de ne vendre que des éoliennes mesurant plus de 12 mètres. Cela l'oblige par contre à déposer, pour chaque projet, une demande de
permis de construire auprès de la commune concernée ou de la préfecture du département.
Autre problème du petit éolien : sa rentabilité. Rares sont en effet les endroits où l'électricité est rachetée.
"Trop de gens pensent qu'ils vont faire fortune en installant une éolienne dans leur jardin, or ce n'est pas du tout le cas" prévient Olivier Krug. Depuis le 14 juillet, la Direction Régionale de l'
Industrie, de la Recherche et de l'Environnement (DRIRE) ne délivre en effet plus de certificat ouvrant droit à une obligation d'achat hors des ZDE (zones de développement de l'éolien). Alors même que très peu de maisons individuelles sont implantées à proximité de parcs éoliens. Seul recours possible pour la personne intéressée par le rachat de son énergie éolienne : demander à la commune concernée d'engager les démarches pour devenir une ZDE. Un long parcours administratif en perspective !
D'ailleurs, aux yeux des professionnels, le tarif de rachat n'est pas jugé attractif. Olivier Krug ironise :
"sachant qu'EDF rachète le kilowatt, 8,35 centimes d'euro, il faut compter plus de 30 ans pour rentabiliser une éolienne ayant coûté 15.000 euros ! Le seul hic c'est que sa durée de vie moyenne est de seulement 15 ans !"La seule aide financière à laquelle les particuliers peuvent prétendre est un crédit d'impôt de 50% à valoir sur l'achat de leur matériel, à condition toutefois que l'éolienne soit destinée à une résidence principale. Seules les régions Languedoc Roussillon et Rhône Alpes encouragent l'achat de petites éoliennes en subventionnant également l'investissement, à hauteur de 25% et 30% respectivement.
En résumé, il est facile de se procurer et d'installer chez soi une éolienne mais il est difficile de la rentabiliser. A l'heure où la France cherche à développer l'utilisation des énergies renouvelables, peut-être faudrait-il reconsidérer la question du petit éolien…