Alors que l'argument "plantes dépolluantes" fleurit dans la plupart des jardineries depuis déjà quelques années, l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI) vient de remettre en cause cette appellation, jugeant l'argument largement prématuré.
Dépolluantes les plantes ? Pas si sûr ! A l'heure où la lutte contre la pollution est devenue un argument aussi bien éthique que publicitaire, l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur l'OQAI révèle les résultats d'études qui vont à l'encontre des idées reçues :
"en l'état actuel des connaissances, la délivrance d'un label 'capacité d'épuration de l'air' pour une plante demeure encore largement prématurée", explique l'observatoire dans son bulletin de juin dernier. En revanche, des propriétés allergènes et toxiques de certains végétaux seraient, elles, avérées.
Végétaux et polluants ont pourtant des propriétés épuratrices incontestées :
"En laboratoire, sous des conditions contrôlées, certains végétaux ont montré leur capacité à éliminer des polluants gazeux présents dans l'air intérieur", assure l'OQAI.
Mais leur impact est sujet à un grand nombre de facteurs limitant comme : la température, l'humidité ou encore la luminosité, qui en réduisent l'efficacité potentielle. Si bien que les résultats avec des plantes en pot montrent le plus souvent "un rendement très faible" en comparaison des niveaux de pollution rencontrés. Au final, leur action ne semble
"pas efficace pour une épuration des volumes d'air dans les espaces intérieurs".
Pire, les substrats sur lesquels poussent les végétaux et les plantes elles-mêmes peuvent générer des phénomènes allergiques de type asthme, eczéma, rhinoconjonctivite, dermatite, etc. Parmi les plus incriminées : les ficus, les cactus de noël, le poinsettia ainsi que certaines variétés de primevères et de cyclamens. Néanmoins,
"si ces signalements ne sont pas rares, les accidents demeurent exceptionnels", précise l'observatoire.
Inutile, donc, d'éliminer toute trace de végétaux dans votre intérieur, d'autant que d'autres arguments en faveur de la présence de plantes en espace clos restent plus que jamais d'actualité. Selon certaines études de l'OQAI, leur présence coïncidence en effet avec l'augmentation de la productivité, la diminution du stress ou encore l'amélioration du bien-être.
Quant à l'assainissement de l'air intérieur, il pourrait bien passer malgré tout par les végétaux. D'autres études de l'observatoire tendent à montrer un résultat plus prometteur, à travers un système "dynamique" de biofiltration à partir du substrat. Mais, sans doute pour éviter tout nouvel emballement médiatique, l'OQAI se garde de toute affirmation, en attendant de plus amples études sur le sujet...
L'air pollué, également chez les politiques
L'UFC-Que choisir a publié le 24 août dernier une enquête réalisée dans les appartements de 36 députés et sénateurs. Résultat ? 29 des logements visités ont une qualité de l'air mauvaise. Dans la majorité des cas, la présence de benzène, substance cancérigène, et de folmadéhyde, classé polluant prioritaire par l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur, ont été détectés. Avec cette enquête, l'association de consommateurs cherche moins à stigmatiser les dirigeants qu'à les sensibiliser pour les pousser à agir en vue de l'adoption d'une future loi pour combattre la pollution de l'air intérieur.