Etude pesticides - air intérieur © MAP
Dans une étude menée sur l'exposition des enfants aux polluants environnementaux, l'INERIS (Institut National de l'Environnement et des Risques) a détecté la présence de pesticides dans 94% des cas. Si l'impact sur la santé n'a pas été prouvé, la toxicité de ces produits est, quant-à-elle, avérée.
Le projet a pour nom de code : Expope. Lancé en 2006 par l'Institut National de l'Environnement et des Risques, avec le soutien de la Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques de l'Université de Paris V, il vise à démontrer la présence de polluants - essentiellement des pesticides - à l'intérieur du domicile de 130 enfants habitants en Ile-de-France et à évaluer leurs impacts sur la santé.
"Encore insuffisamment étudiés, les pesticides pourraient être présents dans l'air des environnements intérieurs et potentiellement présenter des risques pour la santé humaine", informe l'INERIS.
Les craintes de l'Institut National de l'Environnement et des Risques étaient visiblement fondées puisque les premiers résultats de l'étude*, communiqués le 7 mai dernier, font apparaître la présence de ce type de polluants à l'intérieur même du logement des enfants.
"Un produit de type pesticide a été trouvé au domicile dans 94% des cas : insecticide dans 93% des cas, fongicide pour plantes dans 30% des cas et herbicide dans 32% des cas", apprend-on dans le compte rendu de l'étude.
Plus inquiétant encore, il semblerait que, parmi les pesticides les plus fréquemment détectés, l'un d'entre eux - le lindane, soit interdit en France.
"Le lindane peut être neurotoxine, cancérigène ou perturbateur endocrinien" Les chercheurs auraient, par ailleurs, trouvé au sein de l'organisme des enfants des traces de propoxur, un insecticide utilisé pour lutter contre les insectes à la maison.
Même si les impacts néfastes sur la santé de ces polluants n'ont, pour l'heure, pas été établis, l'INERIS recommande la plus grande prudence et préconise
"une étude scientifique plus approfondie des expositions au lindane, au propoxur, au diazinon et au dichlorvos en poupulation générale". L'institut évoque par ailleurs la possibilité de mettre en place, comme aux Etats-Unis, des programmes de Biomonitoring Humain, permettant de mesurer l'exposition
"multisource et multivoie" à certains pesticides.
*L'étude a porté sur 130 enfants résidants en Ile-de-France : 73 d'entre eux vivant en pavillon et 57 en appartement. Tous étaient scolarisés dans Paris intra-muros, dans la petite couronne, en Essonne et dans le Val d'Oise et avaient entre 6 et 7 ans. Dans 54% des cas, la date de construction du logement était postérieure à 1969. L'exposition a été évaluée avec des questionnaires, des prélèvements d'air, de poussières déposées sur les sols au domicile, de résidus cutanés et des recueils d'urines.