Marie-Christine Blandin © Sénat
Après deux ans de travaux, un rapport sur la pollution intérieure, plus précisément sur les "risques et dangers pour la santé humaine de substances chimiques d'usage courant" a été publié le 23 janvier. Ses conclusions sont accablantes : les intérieurs, où nous passons trois quarts de notre temps, seraient encore plus pollués que nos villes.
De multiples substances chimiques dangereuses seraient présentes dans le sang de chacun. C'est ce que note Marie-Christine Blandin dans un rapport commandé par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST). On y apprend que cette pollution inhérente à nos villes modernes est aggravée dans nos intérieurs par l'utilisation de produits mis sur le marché sans étude toxicologique systématique.
"Les matières nocives existent en tous lieux mais l'analyse de l'air intérieur révèle des molécules insoupçonnées. Ce qui est surtout dangereux, c'est leur densité, due à la prolifération des sources et au manque d'aération", explique Marie-Christine Blandin.
Ces sources émettrices sont connues de tous, mais pas assez prises au sérieux. Les revêtements (type linoleums, moquettes, tapis, papiers-peints) émettent des substances nocives liées notamment à la colle qu'on utilise pour les poser. Ainsi, selon la sénatrice,
"le problème est qu'il y a un manque d'information à ce sujet. Il convient par exemple d'aérer sa pièce pendant quinze jours après l'achat d'un tapis ou la pose d'un revêtement de sol". Quelques idées fausses circulent également. Exemple : les peintures à séchage rapide qui
"ne sont pas forcément moins dangereuses. En fait, plus vite elles sèchent, plus elles libèrent de polluants".
Les revêtements ne sont pas les seuls responsables. Tout aussi néfastes : les meubles modernes en kit, qui largueraient du formol dans l'air intérieur.
"On en trouve beaucoup dans les écoles et les maternelles où les parents trouvent que 'cela sent bon'". Ou encore les multiples placards qu'on retrouve dans une maison et qui renferment produits ménagers, matériel de bricolage, boîte à pharmacie… Tous émetteurs de substances chimiques, invisibles à l'œil nu, donc dangereuses. Ainsi,
"les éthers de glycol, qui ont la faculté de se dissoudre dans l'eau et dans les graisses, sont utilisés dans de larges gammes de produits. Cependant, cette double propriété leur permet de franchir facilement la barrière cutanée et les muqueuses. Or, les éthers de glycol présentent une toxicité immédiate, qui peut être grave à long terme", note le rapport.
Les personnes sensibles sont les premières menacées par ces substances incolores. Le risque est ainsi plus important pour les asthmatiques, les femmes enceintes et les enfants. Mais si la dangerosité de ces produits ne fait aucun doute,
"il n'y a pas, à l'heure actuelle, de traçabilité exhaustive des maladies directement liées à la pollution intérieure. Cela est rendu difficile par le fait que ces polluants ne laissent pas de signature", précise Marie-Christine Blandin.
En attendant que des données chiffrées viennent conforter ses hypothèses, la sénatrice préconise le développement d'une "chimie verte de substitution". C'est-à-dire substituer aux substances reconnues dangereuses d'autres substances vertueuses et naturelles. Elle invite aussi les pouvoirs publics à retirer du marché les substances trop suspectes et les fabricants à produire des étiquetages plus clairs. Elle conseille enfin aux particuliers d'aérer leur intérieur au moins deux fois par jour pendant un quart d'heure, tant qu'aucun remède miracle n'aura été trouvé. Un moindre mal quand on sait que selon l'OMS, un quart des maladies sont causées par des expositions environnementales qui pourraient être évitées.