Le passif à la conquête de l'Europe

    Publié le 12 juin 2008 par Céline Chahi
    Maison passive
    Maison passive © Les Lauriers de la Construction Bois 08 + Honegger
    La maison passive est un concept de construction encore mal connu en France. Pourtant, dans le reste de l'Europe, il s'est développé rapidement, au point même de se substituer à celui de maison basse consommation. Explications.
    "Maison passive". Depuis deux ans, ces deux mots reviennent souvent dans la bouche des architectes et des constructeurs français. Auprès des particuliers, ils semblent susciter de la fascination mais également beaucoup d'interrogations exprimées par le biais des forums Internet. "A qui s'adresser pour faire construire passif ?", "quel procédé constructif mettre en œuvre ?", "bénéficie-t-on d'assez de recul pour s'engager dans un tel projet ?". Des questions que les architectes scandinaves, eux, ne se posent plus. Cela fait en effet plus de vingt cinq ans qu'ils réfléchissent à la manière de baisser significativement la consommation de chauffage dans une maison !

    L'Allemagne : foyer des maisons passives

    En fait, il faut attendre les années 80 pour que le concept de "maison passive" se développe et soit théorisé. Une définition a même été élaborée, elle stipule qu'une maison passive "est un bâtiment dans lequel le bien-être thermique est réalisé uniquement par le réchauffement ou le refroidissement de l'air entrant, qui est nécessaire pour que la qualité de l'air soit respectée, sans qu'une aération supplémentaire soit nécessaire". Une méthode simple qui, selon Jugen Schnieders du Passivhaus Institut, permettrait à l'habitation de consommer "10 fois d'énergie de chauffage qu'un bâtiment ancien et quatre fois moins qu'une construction neuve conforme à la réglementation".
    La première maison passive - identifiée comme telle - est construite en Allemagne à Darmstadt Kranichstein en 1991. Il s'agit d'un bâtiment composé de quatre habitations mitoyennes. L'objectif du projet, comme l'indique Wolfgang Feist du Passivhaus Institut de Darmstadt "était principalement de vérifier dans quelle mesure la consommation d'énergie dans les bâtiments d'habitation pouvait être réduite par des mesures exclusivement passives". Après quatre années d'études, les résultats ont été concluants : la consommation moyenne de chauffage y est 10 kWh/m²/an, un record ! Considérées comme la suite logique des maisons à basse consommation, les maisons passives se sont multipliées en Allemagne, encadrées par le label Passivhaus. D'ailleurs, avec plus 7.000 habitations passives réalisées, on dit même que le pays en est devenu le "foyer européen" de la maison passive.

    La France à la traine

    Le concept s'est propagé dans le reste de l'Europe, notamment en Autriche, en Belgique, en Suisse et en Italie jusqu'à atteindre 10.000 bâtiments passifs construits. Un chiffre amené à rapidement s'accroître puisque, d'après Wolfgang Feist, "les maisons passives représenteront dans quelques années une part croissante des constructions neuves".
    Plusieurs projets européens, supportés par la commission européenne, ont d'ailleurs vu le jour comme, par exemple, le CEPHEUS (Cost Efficien Passive Houses as European Standarts) - qui a permis, entre 1999 et 2001, la construction de plusieurs bâtiments passifs certifiés en Europe. Le projet PEP a, pour sa part, contribué à la promotion de la maison passive en Europe tandis que celui baptisé "Passive_on" a mis en lumière le comportement des maisons passives dans les climats méditerranéens.
    Avec seulement une quinzaine d'habitations passives, il semble que la France accuse un certain retard par rapport à ses voisins. Pourtant, certains constructeurs se sont spécialisés dans ce domaine et les architectes, à l'instar de Jean-Yves Barrier en 2001 avec son immeuble rennais Salvatierra, multiplient les initiatives. Avec toujours une volonté de se rapprocher des principes passifs que ce soit dans le secteur individuel ou tertiaire. Un enthousiasme naissant grâce auquel le pays pourrait franchir d'ici 2008 le cap des 50 maisons passives construites.
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