Ciat - aérothermie © Ciat
Le marché de la géothermie et de l'aérothermie en France connaît actuellement un "nouvel âge d'or", selon le cabinet d'études Xerfi. Grenelle de l'environnement, recherche de réduction des coûts et de produits moins énergivores, aides substantielles à tout-va... Retour sur les composantes d'un secteur qui a le vent en poupe.
Avec le 3e choc pétrolier et le durcissement de la réglementation environnementale, la géothermie s'offre un retour en grâce. En effet, l'Europe préconise que la France porte la part des énergies renouvelables à 23% de la consommation d'énergie d'ici à 2020, contre 10.3% en 2005.
Pour atteindre cet objectif, les pouvoirs publics français vont devoir activer deux principaux leviers : la maîtrise de la consommation énergétique des bâtiments, qui passera par la construction obligatoire, dans quelques années, de bâtiment basse consommation, puis à énergie positive ; et le développement des énergies renouvelables dans la production de chaleur pour alimenter les réseaux de chaud et de froid urbains.
Face à ces enjeux, la géothermie semble pouvoir apporter des solutions, en raison de trois principales applications. La première est la production d'électricité dans les zones volcaniques. S'il n'existe, à ce jour, qu'une seule et unique centrale, implantée en Guadeloupe, les grands groupes du secteur de l'énergie travaillent d'arrache-pied pour pouvoir profiter de cette manne, dont le décollage n'interviendrait pas avant 2015. La deuxième application de la géothermie correspond à la production de chaleur pour des usages industriels ou pour le
chauffage des bâtiments via un réseau de chauffage urbain. Si le bassin parisien accueille le plus grand nombre d'équipements géothermiques au monde, une dizaine de forages pourraient voir le jour en Ile-de-France. Deux projets ont déjà été lancés début 2008 : celui d'Aéroport de Paris pour chauffer les terminaux d'Orly (11 M€) et celui de Sucy-en-Brie qui permettra d'alimenter 550 équivalents logements. Enfin, le troisième débouché concerne la production de chauffage domestique par le biais des
pompes à chaleur géothermiques (énergie venant du sol ou d'une nappe phréatique) et aérothermiques (énergie contenue dans l'air extérieur).
C'est précisément ce dernier segment qui est en plein boom. Crédit d'impôt sur l'achat à 50%, TVA à 5.5% sur les travaux d'installation, taux préférentiels octroyés par EDF ou les grandes banques françaises... tout cela contribue à l'augmentation des ventes de pompes à chaleur qui devraient doubler d'ici à 2010, passant de 69.600 unités en 2007 à plus de 142.000 dans deux ans.
Toutefois, si le marché, dans son ensemble, enregistre de belles performances, c'est surtout le secteur de l'aérothermie qui s'envole. Ainsi, Xerfi estime que les pompes à chaleur (PAC) aérothermiques progresseront sur un rythme moyen de plus de 30% par an entre 2007 et 2010, contre seulement 3% pour les PAC géothermiques. Celles-ci ont en effet connu un sérieux coup de frein dès 2007, en hausse de 0.8% à 18.600 unités, contre +45.5% pour les PAC air/eau (51.000 unités). Pourquoi de tels écarts ? La concurrence entre les deux technologies a ainsi tourné à l'avantage de l'aérothermiques, moins coûteux à l'achat et à l'installation. De plus, la géothermie souffre de la concurrence avec les autres modes de chauffage (gaz, bois, radiateurs électriques surtout). Mais surtout, l'aérothermie présente l'avantage de posséder une technologie proche des systèmes de
climatisation traditionnelle. Ce qui implique une industrialisation plus aisée, notamment par les grands noms de la climatisation, qui voient dans l'aérothermie une alternative à des produits énergivores et peu compatibles avec les objectifs environnementaux. Préoccupation ultime des nombreux fabricants qui sont et seront sur ces marchés dès demain...