Passionnée par la danse, Ysabel de Maisonneuve est obsédée par une chose : l'expression dans l'espace et le mouvement. C'est à l'Ecole des Beaux-Arts qu'elle découvre le textile et sa capacité à envelopper, cacher, suggérer, protéger en occupant l'espace et en étant toujours en mouvement. Fascinée par ce matériau, elle voyage à travers le monde pour trouver de nouveaux tissus. "50% de mon travail est constitué de recherche des matériaux. Chaque pays possède ses tissus à base de fibres de bananier, d'ananas, de murier... Chacun a ses qualités propres qui les rendent uniques", confit la créatrice.

Des décors pour le théâtre

Aujourd'hui, elle crée des étoffes sans destination précise. "Ce que j'aime dans mon travail, c'est de créer la matière pour que chacun puisse se l'approprier et l'adapter à son propre espace", explique l'artiste. Donc peu de produits finis mais beaucoup de tissus différents : coton, laine bouillie, organza, soie, fibre de bananier, d'ananas ou d'orties, lin, poils de chèvre... Elle travaille également pour l'univers du spectacle. Sensibilisée grâce à la danse à ce milieu, elle construit des décors et des costumes. On notera par exemple sa collaboration avec Peter Brooke pour les Bouffes du Nord et le Théâtre du Soleil à Paris pour lesquels elle a créé des rideaux, des norens qui sont des tissus qui séparent deux espaces, des tentures... Ce qui la marquera le plus au fil de ses voyages est la découverte de la méthode du Shibori au Japon. Cette technique de teinture correspond en français à la teinture à réserve. Des petites parties de la surface sont nouées de façon très serrée puis le tout est trempé dans la couleur. Une fois le tissu ressorti, les ligatures sont défaites et l'on observe que ces endroits ne sont pas coloré. "Cette technique très ancienne demande peu de moyens. Il faut juste de l'imagination et des mains. Dessiner les motifs au pinceau ne m'intéresse pas, je préfère cette notion de travail à la main", confie la coloriste. Pour donner une certaine forme aux tissus, la créatrice les noue avec des petites pièces de bambou d'une certaine forme. Ainsi des motifs apparaissent et le tissu prend toute sont ampleur avec plus de volume.

Utiliser ce qui existe

La notion d'utiliser ce qui existe est très importante pour Ysabel de Maisonneuve. En effet, habituée au monde du spectacle qui n'a pas toujours de grand moyen, elle aime trouver des astuces pour récupérer ce qui a été utilisé. Mais plus qu'un soucis d'économie, il s'agit de redonner vie à ce qui existe : "j'aime prendre un tissu simple à la base pour le rendre somptueux. Je reprends des tissus de la vie quotidienne auxquels on ne fait plus attention pour les rendre précieux. On redécouvre ainsi ce qui existe déjà", explique la créatrice. Aujourd'hui, ce qu'Ysabel de Maisonneuve veut continuer à faire, c'est expérimenter des techniques et faire de la recherche. "Créer des produits finis n'est pas ce qui m'intéresse le plus. J'aime échanger avec d'autres artisans, explorer de nouveaux savoir-faire et peut-être travailler comme coloriste en collaboration avec un architecte d'intérieur ou des créateurs", confie-t-elle. Des créations hautes en couleurs que les plus curieux pourront admirer jusqu'au 15 novembre à la Galerie de La Soie Disante aux côtés des ouvrages de Véronika Moos-Brochhagen.