L'OCDE a fait paraître une étude concernant les habitudes des citoyens de dix pays, en matière de consommation d'eau et d'énergie, de recyclage et de transports. L'enquête démontre l'impact considérable des tarifications incitatives, qui encouragent à adopter des habitudes plus écologiques.
L'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) s'est demandé comment
"écologiser le comportement des ménages", en sondant en 2008 près de 10.000 personnes dans dix* de ses pays membres. Les résultats, publiés lundi 7 mars sous le titre "Politique d'environnement et comportement des ménages", dressent la liste des dispositions susceptibles d'encourager les citoyens à adopter des gestes écologiques.
L'OCDE a questionné des familles des quatre coins du monde sur leurs habitudes de recyclage, de consommation d'eau et d'énergie, de transports, et d'achat d'aliments biologiques. Il semblerait ainsi que les Mexicains et les Coréens soient plus soucieux de l'environnement que les Hollandais, et qu'en Australie et en Norvège, les citoyens se sentent capables d'améliorer la situation environnementale en adoptant de nouveaux gestes.
L'étude fait transparaître de grandes disparités en matière de consommation d'eau et d'utilisation d'appareils électroménagers économes en eau. Canadiens et Mexicains seraient ainsi deux fois plus gourmands en eau que les Français et les Tchèques. En Australie, il se vend deux fois plus d'appareils économes en eau qu'en Corée.
*Australie, Canada, Corée, France, Italie, Mexique, Norvège, Pays-Bas, République tchèque et Suède.
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L'importance du prix incitatif
En revanche, le sondage prouve que, partout dans le monde, le signal-prix est un bon argument pour encourager les gestes écologiques.
"Là où la redevance varie selon le volume consommé, on consomme 20% de moins d'eau". Or les ménages représentent pas moins de 20% de la consommation d'eau de la planète... Autant dire que la démarche est intéressante.
Même chose pour l'énergie :
"le comptage et la tarification de l'électricité encouragent à économiser, à acheter des appareils consommant moins d'énergie et à les éteindre après usage". Un geste qui peut avoir un réel poids pour la planète, lorsque l'on sait que les familles australiennes, norvégiennes et canadiennes possèdent en moyenne plus de onze appareils électriques.
Les plus économes en énergie sont les Mexicains, suivis par les Hollandais, Français et Italiens. Le succès de l'électroménager peu énergivore est spectaculaire en République tchèque : près de 80% des ménages en sont équipés. Enfin, sans surprise, les propriétaires investissent plus que les locataires pour l'isolation et l'amélioration thermique de leur habitation.
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L'importance du prix incitatif
Moins ramasser les déchets... pour les réduire !
Poubelles - tri sélectif - ordures - déchets © C.Chahi
En ce qui concerne les déchets et le recyclage, un phénomène très particulier a été observé lors de cette enquête :
"lorsque les déchets sont ramassés une fois par semaine, les ménages en produisent près de 20 % de plus que si la collecte a lieu moins souvent". Incroyable mais vrai, nous serions incités à jeter plus lorsque le bac est vide ! Les jeunes ne semblent pas donner le bon exemple, comme on le pense souvent, puisqu'ils produisent en moyenne 10% de déchets en plus par rapport à leurs parents...
Les champions du recyclage sont les Canadiens, les Australiens et les Suédois. L'étude démontre que l'enlèvement porte à porte des déchets recyclables est un encouragement supplémentaire à trier. En ce qui concerne les déchets, comme pour l'eau et l'énergie, la tarification incitative fait ses preuves, et l'OCDE précise que
"faire payer le ramassage des ordures en fonction du volume encourage à produire moins de déchets que la perception d'une redevance fondée sur le poids".
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Moins ramasser les déchets... pour les réduire !
Transports : un choix en fonction du prix
Eco-emballages © RN / MAP
Les transports sont un autre secteur important de dépenses énergétiques et d'émission de gaz à effet de serre. Triste constat : une majorité des habitants des pays interrogés (hormis la Corée et la République tchèque) choisissent de circuler en voiture. Ils affirment qu'ils utiliseraient les transports en commun s'ils étaient plus rapides... ou encore s'ils se trouvaient à moins de quinze minutes de leur domicile ou de leur bureau.
Encore une fois, le coût a un poids dans la décision, puisque les automobilistes
"réduiraient de 8% leurs déplacements si le prix de l'essence augmentait de 20%", et les autres avouent choisir leur mode de déplacement
"en fonction du coût et non de l'environnement".
"Cette enquête montre que des politiques publiques éclairées aideront les individus à choisir la bonne voie, la voie de l'écologie" estime Angel Gurría, le secrétaire général de l'OCDE. Si l'étude prouve que le porte-monnaie parle souvent à la place de son propriétaire, elle souligne également l'importance de l'information. Le fait même de réaliser le volume de déchets produits ou la quantité d'eau consommée suffit à encourager les citoyens à modifier leurs habitudes.
Transports : un choix en fonction du prix