Elisabeth Buecher, jeune designer de 28 ans, a mis au point des rideaux de douche qui "attaquent" leur utilisateur, dès lors qu'il passe trop de temps sous l'eau. Une manière originale de faire des économies d'eau !
Non, non, ce n'est pas un mauvais remake d'un film de série Z ! Les paresseux sous la douche n'ont plus qu'à bien se tenir... Elisabeth Buecher, jeune designer française installée à Londres, a mis au point les premiers rideaux de douche qui poussent - au sens propre du terme - à réaliser des économies d'eau. Leur principe ? Au bout de quatre minutes où l'eau s'écoule, le rideau
Trap gonfle au point d'emprisonner l'utilisateur à l'intérieur. Et pour ceux qui sont claustrophobes,
Spiky gonfle ses pics pour vous éjecter de la douche !
Pour l'instant présentées dans les salons, comme lors de la semaine du design à Milan, musées ou encore expositions, les créations d'Elisabeth commencent à faire parler d'elle. Travaillant en collaboration avec un collectif de designers baptisé
Puff and Flock, sur les tissus du futur, son idée est de
"susciter les débats, faire réfléchir les gens et aussi les faire rire et se réjouir !" Un pari plus que réussi avec ces deux dernières créations. A Milan, nombreux sont ceux à s'être fait prendre au piège de
Trap.
portrait elisabeth buecher © Elisabeth avec Skipy - ph. Sam Fisher
Entre art et design
Elisabeth explique à Maison à part :
"Je me situe entre l'art et le design, je fais des installations qui sont à la fois des sculptures, des performances et des objets de design. En Angleterre ils appellent cela 'design for impact'." Et les économies d'eau ou d'énergie ne sont pas ses seuls chevaux de bataille :
"Je m'intéresse à d'autres sujets comme la tolérance, l'obésité des enfants, les sans-papiers, les clandestins. J'aime créer des installations qui font réfléchir et qui sont aussi drôles et ludiques !" Tout part de l'idée de faire adopter à des objets du quotidien, "oubliés", des comportements mystérieux. Le tout en y ajoutant une fonction, une signification : ici, la préservation de cette ressource naturelle qu'est l'eau.
Un début de parcours prometteur, puisque nous la retrouverons en France lors du prochain Maison et Objet. Quoi qu'il arrive, l'on prend les paris, vous entendrez parler d'Elisabeth Buecher et de son collectif et, vous aussi, vous aurez un coup de cœur pour leurs créations hors du commun !
Ejecté ! - Economies d'eau : La révolte des douches est en marche
skipy elisabeth buecher © Elisabeth Buecher
Skipy gonfle se pics, dès que quatre minutes d'écoulement d'eau se sont passées : gare aux paresseux ! Découvrez la suite de l'interview d'Elisabeth. Elle y évoque notamment son parcours.
Maison à part : Justement, quel est votre parcours ? Comment en êtes-vous arrivée à travailler depuis Londres dans ce domaine ?
Elisabeth Buecher : J'ai 28 ans. Je viens de Blois où mes parents vivent toujours. Je suis arrivée à Paris à 17 ans, pour faire des études d'arts appliqués puis de textile, d'abord à Olivier de Serres puis à Duperre. Mais comme je m'ennuyais à Paris, à 24 ans je suis partie m'installer à Londres. J'avais besoin de défis, d'inconnu... J'ai commencé par faire un stage dans la mode, puis j'ai travaillé dans une mercerie et, au bout d'un an et demi, j'ai décidé de tenter le master 'Textile futures' au Central St Martins College of Art and Design. Un master terminé avec les félicitations du jury, il y a un an. Depuis, je travaille en freelance pour le studio de design Loop.ph, je crée des textiles imprimés digitalement pour la H+H gallery, je fais des ateliers pour enfants sur les 'sustainable crafts' (les papiers recyclables et durables, NDLR) et suis reporter-photographe pour un site internet spécialisé dans l'écologie Inhabitat. Avec des amies, j'ai enfin monté un collectif de designers textiles, appelé
Puff and Flock. Nous nous spécialisons dans les textiles du futur, comme les tissus aimantés, ceux qui réagissent à la lumière, à la pollution, à la météo, à la consommation d'électricité ou encore les recyclés.
Maison à part : Qu'est ce qui vous a poussé à faire du design ?
Elisabeth Buecher : J'ai toujours voulu être artiste. Depuis que je suis toute petite, je suis fascinée par les images - je les collectionnais d'ailleurs. Très tôt, j'ai été très ouverte à l'art et à des esthétiques n'étant normalement pas accessibles à une enfant si jeune. Mes parents m'emmenaient dans les musées et m'offraient des livres d'art. J'adorais ça, j'étais très demandeuse ! Mon père m'apportait plutôt le côté culturel et intellectuel et ma mère la créativité et la fantaisie...
Je compte également quelques artistes dans ma famille, un oncle comédien, un cousin designer, qui m'ont ouvert la voie : ils m'ont montré qu'étudier l'art et d'en faire son métier était possible. Le design est venu par la suite assez naturellement. J'aimais l'idée de la fonction associée à la créativité, quelque-chose que je comprenais très naturellement.
Ejecté ! - Economies d'eau : La révolte des douches est en marche
Coloré - Economies d'eau : La révolte des douches est en marche
skipy elisabeth Buecher © Elisabeth Buecher
Elisabeth a présenté une version colorée de Skipy, mais tout aussi piquante ! Découvrez la suite de son interview, elle évoque ici la création de son collectif, Puff and Flock, et ses projets.
Maison à part : Comment s'est créé le collectif Puff and flock ? Comment avez-vous rencontré vos collaboratrices ?
Elisabeth Buecher : Nous sommes huit, anglaises, françaises et américaines, qui nous sommes rencontrées durant le master à St Martins. Nous étions déjà un groupe très soude et très proactif durant le master. Nous avons décidé de continuer dans cette énergie quelques mois après le master : nous nous étions rendues compte que l'union fait la force ! La preuve : ensemble, nous avons exposés à Birmingham, Milan, New-York et avons beaucoup d'autres opportunités à Londres, comme le London design festival et puis Maison et Objet en janvier à Paris.
Maison à part : Pensez-vous qu'il soit plus facile de proposer ce genre de travaux et d'exercer depuis Londres, ou est-ce complètement par hasard que vous travaillez en Angleterre ?
Elisabeth Buecher : Pour le moment, je préfère exercer en Angleterre, car je trouve Londres beaucoup plus dynamique. Il y a par exemple de nombreuses possibilités de subventions pour les artistes. Je trouve ça plus facile et accessible d'être là-bas.
Maison à part : Quels sont vos différents projets ?
Elisabeth Buecher : J'ai des propositions d'exposition pour mes rideaux en Allemagne et à Londres et le collectif devrait exposer également dans la capitale britannique et à Paris. Parmi les autres idées que je compte développer très rapidement : un parquet interactif et sportif pour les enfants, des rideaux interactifs qui jouent avec les ombres et le rapport dehors/dedans...
Coloré - Economies d'eau : La révolte des douches est en marche
Quatre minutes, et pas une de plus !
Quatre minutes, et pas une de plus ! - skipy © Elisabeth Buecher
Quatre minutes, et pas une de plus !
Prise au piège
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Prise au piège