Maison à part : Pourquoi avoir écrit un livre sur la rénovation écologique ?

Pierre Lévy : Les premiers livres sur l'habitat écologique ont porté majoritairement sur la construction neuve. Malheureusement, cette dernière ne représente chaque année que 1 à 2% des constructions, soit 355.000 logements sur un parc de 31,5 millions d'habitats existants. Si cette réalité est désormais admise par les pouvoirs publics, une évolution des logements vers davantage d'écologie ne peut se faire qu'en informant l'ensemble des particuliers que sont les propriétaires, les copropriétaires et même les locataires. MAP : Quel est l'état des lieux actuel, en France ?

P. L. : La situation est complexe. Dans les copropriétés, cette démarche s'apparente à un véritable casse-tête. Et pour cause, il faut motiver l'ensemble des bailleurs et des locataires. La démarche est plus facile pour les maisons individuelles qui représentent près d'un logement sur deux mais, dans ce cas, il faut savoir que l'impact sur l'environnement reste limité. Car, à l'origine, ce type de logement est déjà 'morphologiquement incorrect'. Dans ce type d'habitat, les pertes d'énergie sont partout, filant par le plancher bas, la toiture et les quatre façades. Des lacunes de départ difficiles à compenser sauf, bien sûr, lorsqu'il s'agit de maisons en ville ou au coeur des bourgs, avec des murs mitoyens (chauffée d'un côté, ce type de construction entraîne moins de dépense énergétique). MAP : Si un propriétaire veut engager des travaux de rénovation, par où doit-il commencer ?

P. L. : Plus encore que les propriétaires, je commencerai par conseiller les copropriétaires dont la situation est d'emblée plus compliquée. Ils doivent d'abord se rapprocher du syndic qui s'occupe de la gestion de l'ensemble du bien et le convaincre de faire un diagnostic énergétique pris en charge à 70% par l'ADEME, la partie restante étant à la charge de la copropriété. Il y a également des moments clés à ne pas laisser passer : la réfection de la façade ou le changement de la chaudière sont deux occasions propices pour proposer une meilleure isolation de la façade et de la toiture. Dans le deuxième cas, ces travaux permettront de prétendre à une nouvelle chaudière moins puissante et donc moins chère à l'achat. Pour les propriétaires qui ne savent pas par où commencer, il reste les points info énergie et les associations locales, deux incontournables qui les orienteront vers les architectes, les bureaux d'études et les artisans les plus à-mêmes de porter leur projet. MAP : La rénovation écologique va-t-elle toujours de paire avec le respect de l'architecture d'origine ?

P. L. : Certains de mes chantiers ont porté sur des bâtiments historiques. Dans ce cas, l'analyse du bâtiment doit être très fine, notamment pour savoir où mettre l'isolation. A Lyon, la réhabilitation d'un appartement du centre ville, en images dans le livre, n'a pas permis de conserver les belles menuiseries historiques qui étaient trop abîmées. A leur place, de nouvelles menuiseries du même style ont été posées. Une deuxième option consiste à doubler les menuiseries pour éviter d'avoir à supprimer celles d'origine, une solution que nous avons pu appliquer lors de la rénovation d'une maison mitoyenne, à Bourg-en-Bresse. MAP : Dans certains cas, la démolition n'est-elle pas la meilleure solution ?

P. L. : Je m'occupe actuellement de la réfection d'une copropriété de 250 logements à Saint-Etienne. La moitié de ces habitats sont orientés au nord-est, une position qui n'offre pas plus d'une heure d'ensoleillement par jour dans les pièces à vivre, pour certains logements. Face à ce type de configuration, la question de la démolition peut se poser. Mais ce choix implique le brassement de nombreux matériaux pour la reconstruction et un grand nombre de déchets dus au chantier. Dans la majorité des cas, la rénovation reste donc 'La' solution la plus écologique. Pour avoir un aperçu de la reconversion d'une grange en maison d'habitation, cliquez sur suivant.