Une étude de l'Ademe, non encore publiée à ce jour, fait part d'un retour d'expérience sur une centaine de réalisations à énergie positive en France. Usages, consommations, situation géographique, systèmes constructifs, type d'habitat : voici les premiers résultats analysés par Daniela Sanna, ingénieur du service Bâtiment de l'Ademe.
L'habitat post-2020 est déjà dans nombre d'esprits. A peine la RT2012 publiée, les maîtres d'ouvrage se sont mis en quête de la construction de demain : le bâtiment à énergie positive, ou Bepos. Si leur volume est encore faible sur le territoire, une bonne centaine a été répertoriée et fait l'objet d'une cartographie par le service Bâtiment de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).
La répartition se fait comme suit : 65% en
tertiaire ; 29% en maisons individuelles ; 6% en logements collectifs. De plus, cette cartographie montre que la plupart des réalisations (55%) se situent en zone géographique H1 (partie nord du pays),
"ce qui vient contredire l'idée reçue que l'on fait du Bepos dans les régions du Sud", intervient Daniela Sanna, de l'Ademe.
A partir de là, l'organisme a dressé un
état des lieux et une analyse approfondie sur 25 bâtiments Bepos en France (tous déjà livrés et tous BBC avant le calcul de la production de photovoltaïque), au vu de leurs caractéristiques et de leur impact en termes de construction. Si l'étude n'a pas été publiée à ce jour, c'est que l'Ademe a voulu jouer la prudence quant aux résultats qui en découleraient : en effet, critiqués pour leur nature "passoire thermique", les bâtiments Bepos sont encore souvent dénigrés pour n'être que des vitrines technologiques aux performances thermiques faibles que compensent l'apport solaire photovoltaïque des toitures.
Toutefois, le bilan apparaît plutôt flatteur aujourd'hui, révélant des données qui soulignent la performance de ces bâtiments. Puis ont été passés au crible l'usage, la situation géographique et la consommation d'énergie conventionnelle (
chauffage, éclairage,
eau chaude sanitaire, ventilation et refroidissement). Or, la réglementation est plus que floue et il n'existe pas de définition précise du Bepos. Du coup, est apparue une réflexion, au cours de l'étude, sur des consommations "hors RT2012" : faut-il prendre en compte ou non la consommation électrique des équipements électroménagers et informatiques, l'énergie grise et la mobilité ?
Ainsi, pour vérifier la performance de ces bâtiments, l'Ademe a pris contact avec les maîtres d'œuvre et maîtres d'ouvrage qui leur ont fourni les diverses études thermiques. Du côté du système constructif, on notera le fort recours au béton + isolation thermique par l'extérieur ou encore ossature bois + ITE, ainsi que la surisolation en toiture, la pénétration de la toiture terrasse végétalisée ou encore la forte présence de triple vitrage sur les façades nord.
Côté consommations,
"on retrouve des consommations autour de 50 kWh/m2/an, soit un niveau équivalent à celui des bâtiments basse consommation classiques", note Daniela Sanna. Ainsi, la production d'énergie vient en très grande partie (90%) des énergies renouvelables. Pour le chauffage, l'étude révèle un très fort recours à la PAC géothermale ; pour l'eau chaude sanitaire, le solaire thermique est quasi-systématique (notamment dans le résidentiel) ; tandis qu'une
VMC double flux sert dans presque tous les cas à la ventilation et que les
Leds et les détecteurs de présence font de plus en plus leur apparition dans ces bâtiments.
Si les écarts sont toutefois contrastés, du fait du taux d'occupation variable des locaux ou de certains mauvais réglages des équipements de chauffage,
"il n'en demeure pas moins que le niveau Bepos de manière conventionnelle est atteint. Sur la base du périmètre actuel et des retours d'expérience que l'on constate, le Bepos est possible en 2020", remarque Daniela Sanna.
Actuellement, un label Bepos en anticipation de la norme RT2020 est en préparation au sein de l'association Effinergie. D'autres groupes de travail planchent également sur le Bepos, tant au Plan Bâtiment Grenelle, qu'à l'Ademe ou le CSTB...
"L'idée est de caler un niveau Bepos performant mais atteignable dans la RT2012", ajoute l'ingénieur de l'Ademe. Cela devrait voir le jour courant 2013...