Fréquemment utilisé dans des bâtiments non résidentiels, le monitoring est de plus en plus souvent utilisé dans les opérations de rénovation énergétique des maisons individuelles afin de vérifier que les performances attendues sont au rendez-vous. La preuve par l'exemple avec un pavillon des années 1960, passé du statut d'épave thermique à celui d'habitation basse consommation grâce à d'importants travaux d'isolation et l'installation de nouveaux équipements performants.
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Tout a débuté par la demande d'une thermographie infrarouge par le client", nous raconte Sylvain Jobard, de la société lyonnaise Optiréno."
L'étude de la maison, construite dans les années 1960, révélait de grosses failles thermiques : pas d'isolants dans les murs, très peu dans la toiture. De plus, les propriétaires souhaitaient faire réaliser un projet d'extension via une véranda".
L'objectif principal des occupants était d'améliorer leur confort de vie en agrandissant l'espace habitable et en optimisant l'enveloppe thermique de la maison. L'entreprise spécialisée dans la rénovation durable a donc proposé de lancer une rénovation pour atteindre un niveau de performance thermique permettant d'obtenir un éco-prêt de 30.000 € à taux 0 %.
Finalement, le label BBC-Effinergie Rénovation étant à portée de main (à 96 kWh/m²/an), le montant des travaux a été fixé à 125.000 €, assorti de l'utilisation d'un monitoring pendant une année complète après la réception.
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Nous avons dressé un état initial de l'habitation et rédigé un rapport puis, nous avons proposé des travaux d'isolation. Une centrale photovoltaïque et un chauffe-eau solaire étaient déjà existants, les menuiseries avaient été changées et la chaudière au fioul était récente. Nous nous sommes donc concentrés sur l'isolation des parois, murs et toiture, et même de la sous-face du plancher bas", expose Sylvain Jobard.
L'entreprise imagine une boîte isolante tout autour de l'existant, le chantier devant se dérouler en site occupé avec le moins de nuisances possible.
Pour améliorer la performance énergétique, l'isolation par l'extérieur a été choisie avec la pose de panneaux de polystyrène sous enduit (R= 5 m².k/W). L'ITE présentait un risque d'effet tunnel au niveau des ouvertures, avec une épaisseur de mur augmentée de 20 centimètres, qui les portait à 55 cm en tout. Mais le choix d'une couleur claire pour l'encadrement a évité cet écueil.
Pour les combles aménagés, la méthode du "
sarking" a été préconisée : les tuiles et liteaux ont été déposés et les débords de toit, découpés. Une membrane d'étanchéité à l'air a été collée, suivie de deux couches d'isolant polyuréthane de 8 cm d'épaisseur, et d'un pare-pluie. La nouvelle couverture a ensuite été posée par-dessus.
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La pavillon état initial
maison rénovation © Optiréno
Le monitoring pour la VMC et le PV
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Pour les systèmes intérieurs, seule la ventilation a été changée : la VMC simple a été remplacée par une VMC double flux hygroréglable", précise le thermicien d'Optiréno. Le monitoring s'est notamment greffé sur cet aspect, afin de suivre le rendement de l'installation dans un volume non totalement étanche à l'air.
Le constructeur met en avant un rendement théorique de 90 % :
"nous avons mesuré dans cette maison, un rendement de 80-85 %", précise-t-il.
"La VMC double flux demande de bonnes connaissances pour les réglages du système, mais cela fonctionne bien en rénovation. Le choix du caisson, en milieu-haut de gamme avec bypass automatique est primordial. Et l'implantation est importante, pour accéder au filtre lors des maintenances", poursuit le chargé de projet.
Quant à l'installation photovoltaïque de toiture, démontée puis remontée, le monitoring devait permettre de repérer d'éventuelles pertes de production ou des pannes. "
Un système Dombox a été implanté sur le compteur qui permet de suivre la consommation globale de la maison et la revente de courant électrique. Un message d'alerte électronique est envoyé à l'utilisateur en cas de soucis, ce qui a par exemple été le cas lors de chutes de neige qui masquaient les panneaux solaires", précise Sylvain Jobard.
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Le monitoring se développe et nous l'intégrons, de base, dans nos projets", poursuit-il. L'implantation en région Rhône-Alpes faciliterait encore les choses : "
Il existe de nombreuses aides qui ont un effet fortement incitatif : 3.000 € pour l'instrumentation de l'habitat, plus 1.000 € de bonus en cas d'utilisation d'éco-matériaux, 1.000 € pour le recours aux EnR et 1.000 € pour une labélisation BBC-Effinergie. On peut donc aller chercher 15 à 20 % de subventions sur le montant total de la rénovation, ce qui comble la différence entre une rénovation classique et le passage au BBC !", explique le thermicien.
Une nouvelle thermographie, réalisée après les travaux, a confirmé le sentiment d'homogénéité et de confort de l'habitation. Les ponts thermiques ont été supprimés et la maison s'avère très efficace énergétiquement : sa consommation a été divisée par quatre.
Les propriétaires, satisfaits, envisagent d'autres évolutions pour l'avenir, notamment d'étendre le système de plancher chauffant à l'ensemble des pièces et de relier le tout à une installation solaire thermique. De quoi assurer du travail aux thermiciens et entreprises spécialisées.
Découvrez en images la réalisation étape par étape du projet dans les pages suivantes.
La pavillon état initial
Le pavillon réhabilité
maison rénovation BBC © Optiréno
La maison, qui date des années 1960, présentait une surface au sol de 98 m² et une consommation énergétique annuelle (chauffage fioul et eau chaude sanitaire) de plus de 300 kWh/m², qui entraînait une facture de 3.660 €/an. Les propriétaires ont donc souhaité améliorer leur habitat, en l'agrandissant et en l'isolant.
L'extension gagnée sur le patio abrite la nouvelle cuisine. L'ensemble des façades et de la toiture a été isolé. La maison s'étend désormais sur 134 m² (+37 %) mais ne consomme plus que 96 kWh/m²/an. La facture a diminué drastiquement, s'établissant désormais à 1.400 €/an (-62 %).
Le pavillon réhabilité
Thermographie de l'état initial
rénovation thermique maison © Optiréno
La thermographie permet d'identifier les ponts thermiques et les déperditions de chaleur par la toiture, qui apparaît plus chaude que l'air ambiant.
Thermographie de l'état initial
Thermographie de l'état final
rénovation énergétique maison © Optiréno
L'imagerie thermique après la pose des isolants révèle une température des surfaces extérieures plus basse et plus homogène.
Thermographie de l'état final
Pose de l'ITE
maison rénovation thermique © Optiréno
L'isolation par l'extérieur avec des panneaux de polystyrène qui seront recouverts d'enduit.
Pose de l'ITE
Extension - Un pavillon des années 60 se refait une santé énergétique
maison rénovation énergétique © Optiréno
L'extension, déjà dans sa couleur définitive, a été réalisé en structure bois au standard BBC Effinergie Neuf. Elle mesure 25 m² et possède une isolation en laine de bois et PSE à l'extérieur, et une isolation des combles perdus par de la ouate de cellulose.
Extension - Un pavillon des années 60 se refait une santé énergétique
Plancher chauffant - Un pavillon des années 60 se refait une santé énergétique
Plancher chauffant - maison rénovation énergétique © Optiréno
L'extension bénéficie d'un plancher chauffant. L'installation pourrait ensuite être étendue aux autres pièces de l'habitation dont l'installation solaire thermique devra alors être redimensionnée pour assurer le chauffage en plus de l'eau chaude sanitaire.
Plancher chauffant - Un pavillon des années 60 se refait une santé énergétique
Toiture - Un pavillon des années 60 se refait une santé énergétique
Toiture - maison rénovation thermique © Optiréno
Les installations solaires de la toiture rénovée : les panneaux photovoltaïques et les capteurs thermiques qui fournissent l'ECS. Ces deux systèmes étaient déjà en place avant les travaux. Ils ont donc été déposés et remontés après la réalisation de l'isolation de la toiture, elle-même rehaussée de 16 cm.
Toiture - Un pavillon des années 60 se refait une santé énergétique
VMC double flux
VMC double flux - maison rénovation thermique © Optiréno
L'ancien système de VMC simple flux a été remplacé par une double flux hygroréglable. Le monitoring a permis de constater que l'efficacité du système était de 80-85 %, proche des données constructeur (90 %).
VMC double flux