Tout savoir sur les ponts thermiques

    Publié le 19 janvier 2012 par Rouba Naaman-Beauvais
    Les ponts thermiques, ces zones de déperditions de chaleur sur la structure des bâtiments, sont dans le collimateur de la nouvelle réglementation thermique (RT 2012). Présents dans la grande majorité des constructions, ils peuvent pourtant être réduits, même en rénovation.
    La nouvelle réglementation thermique (RT 2012) lance une véritable croisade contre eux. Accusés d'entraîner des surconsommations d'énergie, ils sont aussi à l'origine de dépenses inutiles de certains ménages. Mais que sont exactement les ponts thermiques, dont on entend parler de plus en plus ? Où se trouvent-ils, et surtout comment s'en débarrasse-t-on ? Toutes les réponses à vos questions sur les ponts thermiques, en pages suivantes.
    Tout savoir sur les ponts thermiques

    Un pont thermique, c'est quoi ?

    Tout savoir sur les ponts thermiques
    Tout savoir sur les ponts thermiques © Ademe
    Une maison a beau être bien isolée, elle n'est pas hermétique pour autant ! La chaleur de l'intérieur s'échappe de plusieurs manières : par les surfaces planes (murs, vitres, toitures, ce sont des "déperditions surfaciques"), au niveau des jointures entre deux parois (murs, planchers, etc., et l'on parle alors de "déperditions linéiques"), et, enfin, par l'air renouvelé naturellement, par la fenêtre ou le conduit de la cheminée.
    L'Ademe définit le pont thermique comme "une zone ponctuelle ou linéaire qui, dans l'enveloppe d'un bâtiment, présente un défaut ou une diminution de résistance thermique". En d'autres termes, c'est une "fuite" de chaleur, située le plus souvent à l'intersection entre le mur et le plancher, ou au coin entre deux murs, etc., c'est-à-dire là où l'on observe une rupture dans l'isolation de la structure.
    Un pont thermique, c'est quoi ?

    Pourquoi parle-t-on des ponts thermiques ?

    Pourquoi parle-t-on des ponts thermiques ? - Tout savoir sur les ponts thermiques
    Pourquoi parle-t-on des ponts thermiques ? - Tout savoir sur les ponts thermiques © Ademe
    On entend parler des ponts thermiques depuis la réglementation thermique (RT) de 2005. "Avant, les maisons étaient plutôt mal isolées. Les déperditions se faisaient donc essentiellement par les murs" se souvient Emmanuel Toffolo, animateur technique chez Promotelec et expert des labels. "Mais depuis 2005, l'isolation a été fortement renforcée. Les déperditions surfaciques sont devenues anecdotiques, et la part des déperditions linéiques a donc augmenté" (voir encadré).
    Avec la RT 2012, les exigences en matière d'efficacité du bâti augmentent. Indépendamment de la consommation d'énergie du ménage, le bâtiment devra être énergétiquement performant, c'est-à-dire bien isolé, raisonnablement chauffé et correctement ventilé. La chasse aux ponts thermiques est donc officiellement lancée !

    Zoom sur... les déperditions de chaleur

    Selon l'Ademe, dans une maison non isolée, les déperditions de chaleur se font en grande majorité par le toit (25 à 30% des déperditions) et les murs (20 à 25%). Mais depuis la mise en application de la RT 2005, qui impose des isolations renforcées au niveau de la structure de la maison et des ouvertures, cette part a baissé à environ 10 et 15% respectivement.
    La RT 2012, quant à elle, s'attaque aux ouvertures et aux ponts thermiques, derniers bastions des déperditions thermiques. Chaque matériau présente un coefficient de déperdition linéique précis, et il conviendra de choisir les plus performants pour les constructions neuves.
    Pourquoi parle-t-on des ponts thermiques ?

    Où trouve-t-on les ponts thermiques ?

    Où trouve-t-on les ponts thermiques ? - Tout savoir sur les ponts thermiques
    Où trouve-t-on les ponts thermiques ? - Tout savoir sur les ponts thermiques © Hormann
    "Il y a des ponts thermiques dans toutes les constructions, qu'elles soient neuves ou existantes, énergiquement performantes ou non" insiste Emmanuel Toffolo. Ces déperditions sont évidemment plus ou moins importantes, selon la qualité des matériaux et de la mise en œuvre de l'isolation.
    La plupart des ponts thermiques sont soit linéaires (à la jonction entre deux parois), soit ponctuels (à la jonction entre trois parois). "Les jonctions entre deux matériaux de résistance thermique ou de conductivité thermique différentes créent un pont thermique" précise l'Ademe.
    On observe donc des "déperditions linéiques" au coin et au pied des murs, autour et au niveau des appuis des fenêtres, au bas de la toiture, etc. "Quand deux parois forment un angle rentrant, le pont thermique est plus difficile à rompre, car le froid s'accumule dans le coin" explique Emmanuel Toffolo.

    Des déperditions liées... à l'isolation

    D'autres déperditions sont dites structurelles, c'est-à-dire liées à la mise en place de la paroi et de l'isolant. Certains matériaux, comme le métal, sont en effet conducteurs, ils favorisent le transfert de la chaleur et du froid de part et d'autre des parois. "Dans une maison maçonnée ou à ossature acier, par exemple, l'isolant est installé entre des rails en métal. La plaque de plâtre, fixée directement sur les rails, sera donc en contact avec le froid conduit par le métal" explique Emmanuel Toffolo.

    Zoom sur... les caméras à infrarouges

    Pour détecter les "fuites", les bureaux d'études thermiques utilisent des caméras à infrarouges. Braquées sur la façade du bâtiment, elles mesurent les ondes de chaleur émises par chaque point de la construction, et en déterminent donc la température. On voit alors nettement l'origine des déperditions thermiques, et l'emplacement précis des ponts thermiques.
    Voir aussi : Une thermographie parisienne instructive
    Où trouve-t-on les ponts thermiques ?

    Comment limiter les ponts thermiques ?

    Comment limiter les ponts thermiques ? - Tout savoir sur les ponts thermiques
    Comment limiter les ponts thermiques ? - Tout savoir sur les ponts thermiques © Weber
    "On ne peut pas vraiment éliminer les ponts thermiques, mais on travaille à les réduire" explique Emmanuel Toffolo. En construction neuve, il convient d'éviter au maximum les ruptures dans la continuité de l'isolant, en particulier au niveau de certaines zones qui sont particulièrement sujettes aux ponts thermiques, comme la jonction entre le mur extérieur et le plancher bas.

    Exemple :

    L'intérieur du mur de façade est équipé d'un isolant. Au sol, c'est la dalle qui isole du terre-plein. La chaleur peut s'échapper par l'espace structurel entre les deux, au coin situé au pied du mur.
    Pour réduire ce pont thermique, on peut poser une chape flottante sur un isolant, en contact avec l'isolant mural. "On crée ainsi une jonction entre les deux isolants" explique Emmanuel Toffolo.

    Des matériaux non conducteurs

    Pour limiter les ponts thermiques dans une construction neuve, certains matériaux sont intéressants, car ils conduisent pas ou très peu la chaleur : le béton cellulaire, la brique monomur, l'ossature bois, etc.

    Des équipements spéciaux

    Les industriels ont également développé des équipements spéciaux pour rompre au maximum les ponts thermiques liés aux matériaux conducteurs. Il s'agit de rupteurs, en polystyrène, qui s'installent, par exemple, au bout des hourdis des poutrelles, dans le cas d'un plancher intermédiaire dans une maison à étage. "Il existe également des accroches en plastique, destinées aux rails en métal des ossatures" ajoute Emmanuel Toffolo.

    Pour l'existant, l'isolation thermique par l'extérieur (ITE)

    Pour les maisons existantes, en revanche, l'élimination des ponts thermiques est plus compliquée. Difficile de boucher les ruptures d'isolation sans casser murs et planchers ! "Même le changement d'ouvertures (portes et fenêtres) n'est intéressant que si l'on rénove aussi l'isolation des murs en même temps" précise Emmanuel Toffolo.
    Reste une solution, valable aussi bien pour le neuf que l'ancien : l'isolation thermique par l'extérieur. "C'est la solution miracle dans l'existant" affirme Emmanuel Toffolo. Une épaisse couche d'isolant est installée sur la façade de l'habitation, et se prolonge le plus bas possible au niveau des fondations. La maison est comme enveloppée dans un cube d'isolant, avec un nombre très réduit de ponts thermiques.
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