Le marché très porteur de la rénovation énergétique entraîne de la part de certains professionnels peu scrupuleux des dérives. Focus sur les points de vigilance à ne pas négliger pour éviter les mauvaises surprises.
A l'heure de la transition énergétique, et dans un contexte d'augmentation du coût des énergies, la rénovation énergétique a le vent en poupe.
"C'est dans ces moments-là que les éco-délinquants parviennent à s'immiscer", prévient André Joffre, Président de Qualit'EnR, l'association pour la qualité d'installation des systèmes à énergies renouvelables qui délivre la qualification Reconnu Garant de l'Environnement (RGE). C'est pourquoi, il convient de faire preuve d'une extrême vigilance lors de la
sélection de vos artisans dans le cadre d'un projet de rénovation.
Voici quelques points à retenir et à ne pas négliger.
Un bon artisan a du travail
Dans cette période de forte demande, l'artisanat est très sollicité. Un professionnel qui répond tout de suite favorablement à votre demande et se montre très disponible doit vous alerter.
A retenir également,
un bon installateur fera obligatoirement le tour de votre logement ou de l'installation pour réaliser une évaluation technique de votre projet. Si ce n'est pas le cas, méfiance.
Vérifier les qualifications RGE de l'artisan
Pour s'assurer de la qualité des travaux, mais également bénéficier des aides de l'Etat, l'installateur doit
avoir pignon sur rue et être qualifié RGE. C'est indispensable, et la marche à suivre, pour chaque artisan, est très précise.
"Pour être qualifié, il faut être un professionnel du secteur, en fonction des spécialités. Il est impératif de prendre un professionnel du métier confirmé, qui suit une formation spécifique. Après la formation, l'artisan passe des examens et, ensuite, reçoit une qualification RGE probatoire. Il va réaliser une première installation, qui sera vérifiée par une expertise indépendante qui jugera s'il est apte ou non. Ensuite il sera qualifié pour 2 ou 3 ans".
Des contrôles sont ensuite effectués toutes les cinq ou six installations pour s'assurer de la qualité de travail du professionnel dans les temps. Si l'artisan appartient à un réseau (CAPEB, FFB) c'est un plus ! Ces syndicats professionnels sont très vigilants sur le sérieux de leurs adhérents.
Certains artisans se font passer pour des artisans RGE en utilisant leurs logos de manière frauduleuse. D'où l'importance de toujours contrôler la certification des artisans sur les bases de données des sites officiels de
France Rénov' ou Qualit'ENR.
Attention au démarchage
De manière générale, méfiez-vous des
discours trop commerciaux donnant rapidement accès au chiffrage et à la rentabilité d'une installation. Certains arnaqueurs se cacheront derrière des structures bien organisées avec une activité commerciale bien développée. Souvent, ils s'adonnent au démarchage téléphonique/internet et mettent en avant des arguments fallacieux.
"Par exemple, les chaudières à un euro, ou les panneaux solaires donnant droit à des réductions d'impôt pour les moins de 70 ans. C'est totalement faux. Pourtant, il y a même des médias nationaux qui n'hésitent pas à leur vendre des espaces publicitaires", regrette André Joffre.
"Un bon professionnel n'est pas un commercial, car son carnet de commande est plein", ajoute de son côté Dominique Masseron, Directeur réglementaire de Teksial, une société qui fournit des solutions clef-en-main pour la maîtrise de la consommation énergétique.
A noter aussi que
le démarchage téléphonique dans le secteur de la rénovation énergétique est interdit depuis la loi du 24 juillet 2020 visant à encadrer le démarchage téléphonique et à lutter contre les appels frauduleux.
Activer le bouche-à-oreille
Pour éviter les mauvaises surprises, consultez votre entourage afin de savoir si son expérience avec tel ou tel artisan a été concluante ou non.
Demandez également des références à l'installateur. S'il est en mesure de vous en fournir, c'est déjà un bon point. S'il n'y parvient pas, ou s'il refuse, alors méfiance !
Demander plusieurs devis et comparer
Faire établir plusieurs devis pour les comparer est important, mais ces documents sont parfois difficiles à analyser.
"Il faut avoir des ordres de grandeur pour pouvoir comparer efficacement. Sur ce point, les conseillers France Rénov peuvent aider, à condition qu'ils aient une bonne connaissance du marché. Le mieux, reste encore une fois le bouche-à-oreille", conseille André Joffre.
En règle générale, méfiez-vous des devis trop élevés ou trop bas. Et si vous doutez, ne vous précipitez pas !
A noter qu'au moment du devis, l'artisan doit également vous fournir une attestation signée pour faire valoir vos droits aux aides publiques.
Eviter de signer un contrat sur un salon
Vous visitez un salon commercial ou une foire et on vous propose une offre alléchante ? Ne signez pas !
"Lors de ces événements, le principe consiste à vous appliquer une ristourne, mais qui implique généralement de renoncer à ses 14 jours de rétractation", prévient André Joffre.
Attention, n'acceptez jamais de cadeaux lors de la signature des travaux. Un artisan peu scrupuleux peut considérer dès lors que l'installation a commencé et vous ne pourrez plus vous rétracter...
Toujours demander la garantie décennale
Demander la garantie décennale est essentiel car, même si l'entreprise venait à disparaître, la police d'assurance, elle, existera toujours. C'est elle qui vous
permet de faire valoir vos droits en cas de malfaçons.
Lorsque vous signez le contrat avec l'entrepreneur, demandez donc toujours une copie du contrat d'assurance.
Bon à savoir : Pour être qualifié RGE, il faut de toute façon disposer d'une garantie décennale.
Vérifier la durée d'existence de l'entreprise
Une entreprise qui peut justifier de 10 ans d'exercice est un gage de qualité. En revanche, si son activité a démarré depuis trois mois seulement, cela doit vous mettre la puce à l'oreille. Attention, les entreprises qui débutent ne sont évidemment pas toutes des escrocs ! Assurez-vous néanmoins que l'entreprise est
au moins en probatoire concernant la qualification RGE.
Si vous constatez une anomalie, il faut saisir Qualit'ENR.
"Nous pouvons ensuite réaliser un audit et suspendre la qualification du professionnel" explique Adré Joffre. Le particulier lui, devra porter plainte pour faire valoir ses droits. Et
cet audit fera office de preuve devant un tribunal.
Contrôler le matériel et le chantier
Pensez à contrôler que l'ensemble des détails techniques correspondent aux mentions du devis, et contrôlez les finitions après travaux. Sans quoi vous risquez de voir votre dossier de demande d'aides refusé.
"Dans le cadre de l'isolation par exemple, si le devis indique 120 m2, vérifiez que le métrage réel est bien de 120 m2". Assurez-vous également qu'un contrat de maintenance de l'installation est proposé au moment de la signature.
Enfin, à réception du chantier, pensez également à
vous faire remettre une étude thermique.