Le phénomène des ponts thermiques n'est pas à prendre à la légère. En effet, il peut être responsable de 40% des déperditions de chaleur dans une maison, selon l'Agence de la transition écologique (Ademe). En plus de la consommation excessive d'énergie : "
Ils peuvent occasionner de l'humidité et des dégâts associés comme la moisissure", prévient Gilles Carré-Roué, président d'Oknoplast France, société spécialisée dans la fabrication de menuiseries.
Qu'est-ce qu'un pont thermique ?
Pour faire simple, un pont thermique s'apparente à une fuite de chaleur. Une zone où le froid venant de l'extérieur s'infiltre plus facilement à l'intérieur, ou plutôt, où le chaud s'échappe plus rapidement. Car il existe un principe physique immuable : la chaleur est attirée par le froid. Et l'air chaud cherchera systématiquement à s'échapper par là où l'air froid entre. Ce qui pousse donc à augmenter le chauffage pour compenser, et donc à consommer plus.
Les ponts thermiques sont généralement présents aux endroits où l'isolation est moins efficace, comme aux jonctions entre les murs, le toit et le sol, ou encore, et c'est ce qui nous intéresse aujourd'hui, des fenêtres de mauvaise qualité ou mal posées.
Comment les détecter ?
Pour identifier les ponts thermiques, la sensation de froid ou de courant d'air est un premier signe. Ensuite, poser sa main sur les murs et fenêtres pour détecter le phénomène de paroi froide est un deuxième indice qui peut trahir la présence de ponts thermiques, tout comme des moisissures ou de la peinture qui s'écaille.
Pour les localiser clairement, il est conseillé de faire appel à un professionnel muni d'une caméra thermique. Il est également possible de faire réaliser une étude thermique pour déterminer précisément leur impact sur la performance d'un bâtiment et les moyens à mettre en œuvre pour les corriger.
Comment traiter les ponts thermiques autour des fenêtres ?
Les moyens les plus efficaces pour en venir à bout consisteront à isoler par l'intérieur ou l'extérieur sa maison par des professionnels Reconnu garant de l'environnement (RGE) compétents. Théoriquement, eux seuls sauront poser convenablement les matériaux d'isolation et traiter les points techniques, à l'aide de rupteurs de ponts thermiques par exemple, des barrières isolantes spécialement conçues, qui permettent de bloquer la fuite de chaleur aux jonctions de deux parties d'un bâtiment.
Les fenêtres, si elles ne sont pas les seules, sont souvent des sources importantes de déperditions de chaleur. "
L'idée consiste à minimiser l'espace entre la maçonnerie et la fenêtre", note Gilles Carré-Roué. Ensuite, le professionnel doit avoir convenablement réalisé les joints et posé le Compriband (une mousse polyuréthane qui assure l'étanchéité à l'eau et à l'air). "
Lorsqu'il y a des litiges, 7 fois sur 10, c'est un défaut de pose et non pas du produit. Généralement, il n'y a pas de Compriband, ou les joints ont été mal mis en œuvre." A noter qu'en France, un artisan sérieux se réfère au DTU 36.5, document technique qui régit la pose des menuiseries.
Dans le cadre d'une rénovation, il est souvent préférable de déposer les anciennes menuiseries et leurs montants pour repartir d'une page blanche. "
Nous préconisons de démarrer par la dépose totale, pour partir au plus proche de la structure de la maison et bien refaire l'isolation de la fenêtre et de la menuiserie", développe Gilles Carré-Roué.
Comment choisir sa fenêtre ?
Si la pose est déterminante, la qualité de la fenêtre a aussi son importance. Le particulier doit s'assurer que la menuiserie dispose d'un bon classement AEV, qui témoigne de l'étanchéité à l'eau, à l'air et au vent du produit. A signifie Air - Est-ce que l'air passe à travers ? - E pour l'eau - Est-ce qu'elle résiste aux infiltrations ? - et V pour vent - L'air passe-t-il en cas de fortes rafales ?
Pour lire un AEV, chacun des trois critères doit avoir le chiffre le plus élevé, 4 étant le maximum pour A. L'indice d'étanchéité à l'eau (E) est quant à lui classé de E1 à E9 et est complété de la lettre A pour les menuiseries extérieures et B pour les menuiseries intérieures. L'indice au vent (V) est classé de V1 à V5 et peut être complété des lettres A, B et C, qui désignent le potentiel de déformabilité de la fenêtre. C étant l'indicateur minimal, et A, maximal. Il faudra donc aussi choisir ses fenêtres en fonction de la localisation du logement, car les performances attendues ne seront pas les mêmes pour une façade en bord de mer, ou en montagne par exemple.
Quel matériau ?
Les menuiseries PVC et bois sont généralement plus performantes que l'aluminium, un matériau peu isolant. Toutefois, les menuiseries en aluminium ont été adaptées et embarquent des rupteurs de ponts thermiques en PVC pour améliorer leurs performances.
Le nombre de chambres d'isolation d'une fenêtre joue également. Ces espaces creux à l'intérieur des cadres de la menuiserie font office de barrières isolantes en ralentissant les échanges de température entre l'intérieur et l'extérieur. Les meilleurs modèles peuvent en compter jusqu'à 6 ou 7 !
A noter qu'un autre indicateur permet de mesurer la capacité d'une fenêtre à garder la chaleur à l'intérieur. C'est l'Uw (coefficient de transmission thermique de la fenêtre). Il prend en compte la performance thermique du verre, du cadre, et de l'intercalaire (la bande qui sépare les vitres) et s'exprime en W/m².K (watts par mètre carré par Kelvin). Trop technique ? La règle est la suivante : plus il est bas, plus il est bon !