Les bruits qui arrivent jusque dans nos maisons peuvent être solidiens ou aériens. Christophe Cella, acousticien et dirigeant de Résonance Acoustique, nous explique la différence : "
Les bruits aériens sont les bruits émis dans l'air qui traversent les parois comme les voix, la musique, les bruits d'aspirateurs, etc. Les bruits solidiens sont ceux générés par la mise en vibrations de parois ou d'éléments de type choc au sol ou évacuation d'eau dans les canalisations. Certaines sources de bruit peuvent aussi créer des nuisances de bruits aériens et solidiens."
L'expert nous détaille les origines de ces bruits : "
Il y a quatre grandes familles de nuisances que nous pouvons recenser dans les appartements et maisons : les nuisances issues des transports terrestres et aériens ; les nuisances de la vie courante et du voisinage ; les nuisances provenant des équipements techniques de la résidence ou d'un tiers : ascenseur, pompe à chaleur, etc. Et enfin, les nuisances provoquées par les activités commerciales ou industrielles : équipements techniques, clientèle, musique, manutention, etc."
Les astuces les moins coûteuses
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De manière générale, il est possible d'améliorer l'isolation sonore dans des bâtiments anciens, mais aux prix de travaux relativement conséquents et d'une perte de volume", précise l'acousticien qui donne aussi quelques astuces pour améliorer la situation si certains bruits vous gâchent la vie. "
Les astuces suivantes permettent de limiter les investissements avec des améliorations plus ou moins importantes. On peut par exemple vérifier l'étanchéité des fenêtres et des portes et ajouter ou changer les joints. Concernant les bruits de voisinage : privilégiez le dialogue et demandez à vos voisins de mettre des patins sous le mobilier, un tapis pour l'espace jeu des enfants. Pour atténuer les bruits de TV, machine à laver ou autre, je conseille de s'assurer que les équipements ne touchent pas directement les murs en reposant sur un matelas ou tapis résilient. En revanche, une fausse bonne idée consiste à réaliser une chape en béton allégée sur des planchers anciens, source de nombreux litiges, car cela peut dégrader le confort sonore vis à vis du voisin du dessous."
Bien choisir les matériaux
Au rayon des solutions un peu plus radicales, il y a l'isolation complète de la maison, ou seulement des pièces concernées si les bruits sont très localisés. Ce peut être le cas si l'isolation en place est ancienne, ou encore si les murs sont conçus dans un matériau peu isolant phoniquement tel que le béton cellulaire.
Avec des parois pleines, qui assurent déjà l'isolation thermique, il est possible d'ajouter des contre-cloisons en plâtre qui viennent se plaquer directement sur les murs.
Dans le cas de parois creuses, si une isolation est en place alors il peut être intéressant de coupler isolation phonique et isolation thermique en choisissant un isolant qui soit performant dans les deux domaines.
On pense notamment à la fibre de bois, à la ouate de cellulose ou encore au liège qui offre un haut niveau de performance thermique et phonique et qui équipe les salles de spectacle. Les laines minérales comme la laine de roche ou la laine de verre sont très performantes en thermique, mais assez peu en phonique.
Une fois votre isolant choisi, vous pouvez l'ajouter à l'installation existante, ce qui va forcément engendrer une perte de volume dans les pièces. Sinon, vous pouvez remplacer l'isolant existant en ouvrant la cloison puis en la refermant. Cela implique des parements de type plaques de plâtre et une certaine dextérité pour réaliser les bandes de jonction.
L'isolation thermique par l'extérieur
Une autre solution consiste à recourir à l'isolation thermique par l'extérieur (ITE) qui se révèle aussi très efficace et a le bon goût d'épargner votre intérieur.
Attention, n'oubliez pas l'isolation des combles, qu'ils soient aménagés ou pas, car de nombreux bruits s'infiltrent entre les tuiles.
L'autre point essentiel reste le vitrage. Certains doubles vitrages sont conçus spécifiquement pour réduire les nuisances sonores en adoptant une lame plus épaisse entre les deux vitrages et en la comblant de gaz argon. Du triple vitrage est également disponible pour les endroits les plus bruyants.
Pour choisir le niveau d'isolation phonique de vos fenêtres, reportez-vous au coefficient Rw. Ce dernier s'exprime en dB (décibel) et indique le niveau d'affaiblissement sonore. Plus ce niveau est haut, moins les bruits viendront vous déranger dans votre foyer.