Afin d'aller au bout de ses idées et de ses convictions, Serge Lochu, développeur du concept BEEdomus®, a imaginé une drôle de maison passive. De forme cylindrique, la réalisation répond non seulement à une démarche environnementale mais aussi à des contraintes économiques. Explications.
De loin, la maison imaginée par Serge Lochu ressemble plus à un château d'eau qu'à une habitation traditionnelle. Il est vrai que la construction, située à proximité du bassin d'Arcachon, est loin d'être classique. Avec sa forme ronde et son bardage bois de la forêt des Landes, la structure, baptisée BEEdomus®, en clin d'œil à l'habitat de l'abeille (bee en anglais), se veut écologique à plus d'un titre.
Mais comment a germé ce projet ? "
Je suis passionné de bois et je voulais réagir aux techniques du collage utilisées régulièrement dans la construction qui ne sont pas forcément les plus écologiques". Ainsi, le créateur a choisi de privilégier le clouage des planches et le savoir-faire en la matière comme le coffrage et l'emballage.
Quant à l'idée de courbes, Serge Lochu l'a puisée dans son expérience puisque l'économiste a travaillé pendant trois ans sur la construction atypique du Tribunal de Bordeaux dessinée par l'architecte Richard Rogers. "
Le cylindre est la forme la plus banale mais aussi la plus intéressante pour diminuer la déperdition d'énergie", explique l'instigateur du projet.
Sans oublier que celle-ci permet d'optimiser les critères bioclimatiques. Une forme douce donc pour un "
home sweet home", plaisante le porteur du projet. Et selon lui, la symétrie circulaire des murs extérieurs n'est pas une problématique : "
Le rayon de courbure est grand et, à l'intérieur, il y a un grand nombre de cloisons planes qui permettent de meubler facilement". Un design original, d'accord, mais le concepteur ne voulait pas non plus négliger le coût de revient de son habitat atypique, soit autour de 1.200 euros/m2 hors finition et VRD (voiries/réseaux). Pour cela, l'ensemble s'appuie sur des technologies simples qui ne nécessitent pas d'outils industriels, du moins dans un premier temps.
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Puits landais : une fosse de 2,20 m
Côté équipements, la construction dispose d'un puits landais. Un procédé qui a nécessité le creusage "
d'une fosse sous la maison d'environ 2,20 mètres pour un diamètre de 2,40 m. Ainsi, l'air qui entre dans la maison transite par cet élément permettant de réchauffer les pièces l'hiver et de les rafraîchir l'été. Le principe est celui d'une Ventilation Mécanique par insufflation (VMI)", nous explique le constructeur. Ce système, possédant plusieurs peaux, présente une grande étanchéité.
La première enveloppe, un coffrage perdu, est composée de résine et de fibre de verre, une application similaire à celle utilisée dans les bateaux. Ensuite, à l'intérieur de cette boîte, prend place une autre boîte suspendue par le haut. Là, entre les deux parois, place au ferraillage avec le coulage du béton. Une fois cette étape achevée, s'ensuit celle de la construction de la maison elle-même. Pour commencer, le plancher en bois local, bien sûr, s'étend sur une surface dodécagone (12 côtés) via des planches clouées. De même, les murs sont formés par des planches assemblées en quinconce et les poutres, qui tiennent le tout, s'appuient sur la triangulation. Enfin, pour braver les aléas du climat, il a fallu créer un bouclier thermique via le déphasage. "
Nous avons multiplié le nombre d'épaisseurs de bardage avec trois couches de bois : le cerclage, le contreventement et le bardage, sans oublier l'intérieur qui bénéficie entre les ossatures d'une isolation en ouate de cellulose", souligne Serge Lochu. Et ce n'est pas tout : derrière le bardage, se faufile une membrane qui joue le rôle de pare-pluie et de protection anti-UV.
Bien emmitouflée, cette demeure peut aujourd'hui accueillir sur 150 m2, scindés en deux duplex, des vacanciers venus profiter d'un long week-end ou de quelques semaines de repos. Mais Serge Lochu ne compte pas en rester là puisqu'il espère bien trouver maintenant un partenaire financier afin que son concept prenne de l'ampleur et ne tourne pas... en rond !
Puits landais : une fosse de 2,20 m
Une maison passive : construction du puits landais
Le puits landais qui prend place sous la maison est creusé à 2,20 mètres. Ici, l'étape du coffrage.
Une maison passive : construction du puits landais
Un boîte dans une boîte
Boite dans la boite © Beedomus
On peut voir la suspension du coffrage intérieur. L'idée est de superposer des enveloppes pour l'étanchéité du puits landais.
Un boîte dans une boîte
Etape du ferraillage
Après avoir réalisé le coffrage intérieur, place au ferraillage.
Etape du ferraillage
Puits landais achevé
Puits landais achevé © Beedomus
le système du puits landais repose sur de l'air qui entre dans la maison, transite par cet élément afin de réchauffer les pièces l'hiver et de les rafraîchir l'été. Le principe est celui d'une Ventilation Mécanique par Insufflation (VMI).
Puits landais achevé
Plancher - Une maison passive en bois de forme cylindrique
Poutres en étoile du plancher bas. Le plancher en bois est plot. L'assemblage a été vérifié et testé à la plateforme écologique landaise.
Plancher - Une maison passive en bois de forme cylindrique
Sur les poutres, les solives
Ici, l'ensemble des planches est cloué les unes aux autres et non pas collé.
Sur les poutres, les solives
Montage de la structure de la maison
Étape : mise en place des échafaudages et des bâches.
Montage de la structure de la maison
Cerclage des murs en rez-de-chaussée
"Nous avons multiplié le nombre d'épaisseur de bardage avec trois couches de bois : le cerclage, le contreventement et le bardage, sans oublier l'intérieur qui bénéficie entre les ossatures d'une isolation en ouate de cellulose", souligne Serge Lochu, le concepteur du projet.
Cerclage des murs en rez-de-chaussée
Contreventement - Une maison passive en bois de forme cylindrique
contreventement © Beedomus
L'idée de cumuler des épaisseurs de bardages vise à contrer les aléas climatiques.
Contreventement - Une maison passive en bois de forme cylindrique
Contreventement des murs à l'étage
Contreventement des murs à l'étage - contreventement © Beedomus
Contreventement des murs à l'étage
Pare-pluie - Une maison passive en bois de forme cylindrique
détail membrane © Beedomus
Derrière le bardage, la membrane DuPont Tyvek® UV Façade est utilisée comme pare pluie et protection anti UV, pour assurer et optimiser une protection efficace et durable contre les effets nuisibles d'une météo capricieuse.
Pare-pluie - Une maison passive en bois de forme cylindrique
Pose du bardage final
pose du bardage © Beedomus
La façade circulaire de la maison BEEdomus® est recouverte d'un bardage à claire-voie en pin maritime
Pose du bardage final
Villa BEEdomus® - Une maison passive en bois de forme cylindrique
La façade circulaire de la maison BEEdomus® est re © Richard Nourry
Le prototype BEEdomus® a été construit pour être mis en location. La maison est d'ailleurs scindée en deux duplex.
Villa BEEdomus® - Une maison passive en bois de forme cylindrique
Une maison en pleine nature
Ici, on peut voir les espaces extérieurs, organisés autour d'une piscine ronde sécurisée et d'un salon de jardin.
Une maison en pleine nature
Maison à l'ombre d'un chêne
a l'ombre d'un chêne © Richard Nourry
Maison à l'ombre d'un chêne
Cuisine - Une maison passive en bois de forme cylindrique
La symétrie circulaire des murs extérieurs n'est pas une problématique : "Le rayon de courbure est grand et à l'intérieur, il y a un grand nombre de cloisons planes qui permettent de meubler facilement".
Cuisine - Une maison passive en bois de forme cylindrique
Salon - Une maison passive en bois de forme cylindrique
Salon - Une maison passive en bois de forme cylindrique
Chambre - Une maison passive en bois de forme cylindrique
Chambre - Une maison passive en bois de forme cylindrique
Fiche technique :
Matériau : pin maritime Surface : 150 m2 Prix de revient : 1.200 €/m2