Concevoir un îlot de logements entre une gare Sncf et l'autoroute A 13 ? Voilà le pari relevé par l'agence d'architecture LEM+, qui vient de livrer 44 logements sociaux à Marnes-la-Coquette, une des communes les plus riches de France, située à quelques encablures de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), en lisière du domaine national de Saint-Cloud. On l'aura compris, la principale contrainte fut celle des nuisances sonores. Pour pallier ce problème, les architectes ont imaginé différentes solutions, de la palissade anti-bruit aux loggias acoustiques. Mais avant tout, ils ont conçu l'opération de ces 44 logements en forme de "U" étiré. "Nous avons modélisé ce procédé dès le stade du concours", explique Bertrand Meurice, co-architecte du projet avec Pierre Lépinay, de l'agence LEM+. En outre, une clôture en bois a été plantée tout le long de l'îlot côté autoroute, formant un écran acoustique non négligeable. La ligne de faîtage continue de 9 mètres de haut a été étudiée pour limiter au mieux le bruit, tandis que la ventilation double flux a été adoptée systématiquement dans tous les logements pour éviter la création de pont acoustique, traiter la qualité de l'air intérieur et assurer le chauffage.

La loggia, élément architectural fort

Point d'orgue de cette lutte anti-bruit : l'installation d'une loggia acoustique dans chacun des logements situés le long de l'autoroute, qui forme un prolongement visuel végétalisé puisqu'elle est ouverte vers le sud avec de larges baies vitrées donnant sur le parc de Saint-Cloud. Cet écran acoustique composé de parois de verre est en outre renforcé par un agencement spécifique des logements au sein de l'îlot. Ces avancées transparentes offrent ici une signature architecturale originale à l'ensemble des logements. Outre les nuisances sonores, les maîtres d'œuvre ont dû surmonter une autre contrainte de taille. "En effet, il a fallu appréhender le franchissement sous la voie ferrée, d'autant que comme il s'agit d'anciens terrains et ateliers appartenant à la Sncf, le terrain n'était pas viabilisé", nous confie Bertrand Meurice. C'est aussi pour cette raison que les travaux ont été plus longs que prévu, et se sont achevés au final au bout de deux ans environ.

Ecrin protégé et préservé

Côté système constructif, le béton a été le matériau de prédilection, adopté façon coulé sur place pour les logements situés côté autoroute. Il s'agit même d'un béton lasuré qui offre une jolie teinte rappelant celle du bois de la palissade. Pour les constructions côté gare Sncf, une architecture plus classique a été privilégiée, les murs étant juste recouverts d'un enduit minéral. Si l'opération répond au label THPE, les architectes ont été soucieux d'y adopter des solutions énergétiques économes. Ainsi, chaque logement profite de 2 m2 de panneaux solaires thermiques, associés à un ballon solaire individuel, pour couvrir les besoins en eau chaude sanitaire. Enfin, le végétal n'a pas été oublié puisque des plantes grimpantes parcourent la clôture côté voie ferrée ainsi que côté autoroute sur le mur de soutènement, formant finalement comme un écrin de verdure plutôt coquet... Découvrez plus d'images en pages suivantes.