"Normalement, le règlement d'urbanisme nous imposait de créer deux escaliers distincts afin de scinder les accès vers les espaces de bureaux et la partie résidentielle", explique, dans un communiqué, l'architecte en charge du projet, Alberto Miceli Farrugia. En effet, la société d'investissement, à l'initiative de cette reconversion de patrimoine, souhaitait créer dans le même immeuble deux espaces distincts, un comprenant des bureaux, l'autre un appartement haut de gamme. Le tout, avec des accès distincts également pour être conforme aux règlements d'urbanisme.

Un bloc, deux escaliers

La solution ? "Croiser les deux montées d'escaliers dans un seul volume", confie l'architecte, afin de gagner de l'espace et assurer des accès indépendants à la fois aux étages de bureaux et à la partie résidentielle. En outre, des cloisons pleines habillées en placage de noyer de chaque côté des deux escaliers permettent de bien distinguer chaque accès. Le choix du noyer d'Amérique a été comme une évidence. "Nous l'apprécions pour ses couleurs sombres, souligne Alberto Miceli Farrugia, qui contrastent bien avec la lumière un peu crue de Malte". Et d'ajouter : "Grâce à sa résistance à l'usure, c'est également une essence très polyvalente que nous avons prescrite à la fois pour la réalisation de l'escalier, mais aussi dans le mobilier d'agencement ainsi que pour le parquet, notamment sur le palier de l'étage supérieur". Cerise sur le gâteau : le noyer d'Amérique est une essence gérée durablement et facilement disponible.

Un montage délicat

Pour installer cette gigantesque pièce de bois au cœur de l'immeuble, situé dans le centre historique de La Valette, face au vieux port, il a fallu procéder par étape. Ainsi, c'est une entreprise qui travaille à la fois le bois et le métal qui a pris en charge sa construction. La structure porteuse de l'escalier est donc métallique, et ses différentes sections ont été réalisées en atelier puis montées sur site. Pour les pièces en bois, ce ne fut pas une mince affaire non plus, car la toiture et l'étage supérieur de l'immeuble venaient d'être rénovés, donc pas question de tout casser et de faire passer l'ensemble par le haut. C'est donc par les ouvertures à l'étage supérieur que les sections ont été acheminées afin d'assembler l'escalier de haut en bas. Des tirants sont venus fixer la structure porteuse aux murs de l'immeuble, tandis que des marches en noyer massif ont été fixées à cette même structure. Enfin, les balustrades ont été habillées de panneaux en placage de noyer. Si cette masse sculpturale a un prix - 60.000 € - elle répond cependant aux désirs du maître d'ouvrage et client qui était de trouver un geste fort dans le projet. "Le fait que le client ait tout de suite compris l'intérêt de faire de l'escalier un élément fort dans le projet de conception a été capital pour nous", estime l'architecte. Pari gagné, puisque cet élément structurel fort a contribué à la réussite de cette reconversion d'un bâtiment historique. Il a d'ailleurs été primé en novembre 2011 aux Inside Awards à Barcelone dans la catégorie "Reconversion créative".