Hériter d'un bien a ses bons et ses mauvais côtés. Si le bien légué constitue souvent "un beau cadeau" en termes de valeur, il correspond en effet rarement aux attentes des nouveaux propriétaires, comme l'a d'ailleurs constaté l'équipe de l'agence Enzyme Architecture. Cette dernière a en effet été récemment amenée à repenser une maison dont un couple dans cette situation. Seulement voilà : en plus de ne pas leur plaire, l'habitation était en très mauvais état. "L'humidité imprégnait le bas des murs jusqu'à une hauteur de un mètre et ressortait entre les joints de tomettes, se rappelle Gérald Mahé, l'architecte responsable du projet. "Par ailleurs, poursuit-il, les réseaux techniques - plomberie, électricité, etc - étaient complètement obsolètes". Le projet ne comprenait donc pas un mais deux axes : non seulement rénover entièrement le bâtiment existant mais également lui donner un caractère contemporain sachant, qu'à la base, les propriétaires avaient dans l'idée de se faire construire une maison neuve. "Il était nécessaire d'offrir une cure de jouvence du bâtiment existant afin d'en garantir sa pérennité et dans le même temps de traiter les nouveaux besoins avec des moyens et un langage contemporain", résume l'architecte.

Des éléments existants valorisés

 Le couple n'ayant pas réussi à entrevoir par lui-même le potentiel de son bien, Gérald Mahé s'est d'abord efforcé de le mettre en évidence en réalisant un diagnostic complet de la maison. Autrement dit, une analyse des éléments existants, notamment de la charpente et de la toiture. "Cette opération nous a permis de recenser ses défauts comme, par exemple, la faible hauteur des combles et ses atouts telle qu'une grande façade étirée au sud", précise-t-il. A mieux y regarder, l'équipe d'architectes s'est ainsi rendue compte que la maison recelait une foule de petits trésors : des murs en pierre, des tomettes, des carreaux de ciment, une très belle cheminée... Convaincu qu'ils pouvaient côtoyer des éléments contemporains, Gérald Mahé a donc suggéré aux propriétaires de les conserver, de les restaurer, de les réutiliser et même de les mettre en valeur. Une proposition aussitôt acceptée.

Réorganiser, rénover et embellir

La toiture ayant été elle-aussi conservée, le problème des faibles hauteurs intérieures, notamment dans les combles, se posait. Pour le résoudre, il a été décidé de réduire les épaisseurs de plancher, une opération délicate qui a nécessité l'intervention d'un artisan qualifié. Par ailleurs, si les proportions du bâtiment ont été conservées, son organisation intérieure a quant à elle été complètement revue. "Sur une moitié de la maison, explique Gérald Mahé, la structure en succession de murs de refends a été conservée mais les circulations repensées pour plus de fonctionnalités. Sur l'autre moitié, poursuit-il, un refend et le plancher ont été supprimés afin de créer un grand volume en double hauteur, un nouvel espace permettant d'articuler l'ensemble des espaces de la maison, d'ouvrir des perspectives et de profiter d'entrée de soleil simultanée en façade et en toiture".  Dans le même temps, le bâtiment a été entièrement rénové : les problèmes d'humidité ont été traités, l'isolation thermique a été renforcée, les menuiseries extérieures remplacées, les installations électriques ont été mises aux normes... L'intervention la plus marquante du chantier reste cependant l'ajout d'une extension. Une greffe architecturale qui, comme le précise l'architecte, "supplée aux insuffisances ou défaillances de l'existant, le complète, l'enrichie et dialogue avec lui". De facture résolument contemporaine, elle vient moderniser complètement l'image de la maison et offrir aux propriétaires les pièces qui ne pouvaient pas trouver leur place dans l'existant, à savoir un salon et un bureau. Juché sur pilotis et accessible uniquement depuis le haut de la maison par une passerelle, ce dernier donne l'impression d'être suspendu dans les airs. Une prise de hauteur salvatrice. Pour découvrir la maison avant et après, cliquez sur suivant.