Quelques années ont suffit au béton ciré pour envahir les intérieurs, qu'ils soient traditionnels ou contemporains. Mais quelle est la vraie nature de ce matériau et comment se met-il en œuvre ? Sollicitée par Anne, une lectrice, la rédaction de Maison à part a souhaité vous apporter quelques éclaircissements...
Anne a récemment contacté Maison à part parce qu'elle compte bientôt se lancer seule dans un projet de rénovation. Les travaux qu'elle envisage de faire concernent deux pièces de son habitation : la cuisine et la salle de bains. Elle pense recouvrir le revêtement de sol existant avec du béton ciré mais, n'ayant jamais manipulé ce matériau, elle s'interroge sur sa mise en œuvre. L'entreprise d'Anne est ambitieuse et soulève un certain nombre de questions : pour commencer, a-t-elle vraiment fait le bon choix en optant pour du béton ciré ? Ensuite, pourra-t-elle vraiment aboutir à un résultat concluant sans l'aide d'un professionnel ? Enfin, auprès de qui pourrait-elle obtenir de l'aide pour le réaliser elle-même ?
Dans la première partie de son mail, Anne souhaite obtenir des précisions concernant la technique du
"béton ciré". Mais, d'emblée, il semble qu'il y ait une erreur de terminologie. Au lieu de parler de
"béton ciré", Anne ne devrait-elle pas en effet plutôt employer le terme de
"mortier" ? Maison à part a posé la question à Jean-Pierre Catelin, directeur de l'Union Nationale des entrepreneurs des sols industriels (UNESI). Il lève la confusion :
Maison à part : Pour commencer, pouvez-vous rappeler brièvement quelle est la composition du "vrai" béton ciré ?
Jean-Pierre Catelin : Le béton ciré est un mélange de cailloux, de sable, d'éléments fins, de ciment et d'eau auquel vient s'ajouter des additifs. Il s'agit d'un dallage ou une dalle en béton d'une épaisseur de 8 cm minimum avec une finition spécifique qui est cirée après séchage.
MAP : Quels sont ces principaux usages dans le domaine de la construction ?
J-P. C : A l' origine, le béton ciré est un procédé industriel mis en œuvre dans les locaux commerciaux et les enseignes de la grande distribution, mais il a récemment été appliqué à l'habitat. Il est fréquemment employé dans le
tertiaire car il permet de réaliser de vastes espaces à moindre coût. Au départ, il était utilisé brut mais petit à petit, pour faciliter l'entretien, il a été ciré.
MAP : Alors justement, quels atouts présente le béton ciré dans une habitation ?
Marius Aurenti © Marius Aurenti
J-P. C : Dans un béton ciré, il y a des efflorescences, des nuances de teintes, des patines, des marbrures... Autant d'effets qui confèrent aux pièces un cachet particulier. Outre ses atouts esthétiques, il ne faut pas oublier que c'est un matériau unique dans le sens où il est obtenu sur place tandis que tous les autres sont fabriqués en usine.
MAP : Et qu'en est-il au niveau de l'entretien ?
J-P. C : Un vrai béton ciré est fragile et réclame un entretien régulier. De nature, il est rugueux et va donc avoir tendance à s'encrasser. Malheureusement, il n'existe pas encore de technique pour le vitrifier, cela résoudrait pourtant ce genre de problèmes.
MAP : Anne compte installer ce type revêtement dans sa cuisine et sa salle de bains. Est-ce vraiment possible ?
J-P. C : Anne fait visiblement une confusion car installer du béton ciré dans une salle de bains ou une cuisine, deux pièces de petites dimensions et, qui plus est, déjà existantes, n'est pas faisable, même par un professionnel. Etant donné son importante épaisseur, les portes ne fermeraient plus, par exemple. Le béton ciré n'est pas un revêtement rapporté, il fait partie intégrante de la structure de la maison et, à ce titre, il doit être envisagé dès la conception de la maison. Sans oublier que, dans une salle bains, il peut être dangereux car c'est un revêtement très glissant.
MAP : Impossible donc pour un particulier de se lancer seul dans la pose de ce type de revêtement...
J.P. C : Oui, ce procédé est absolument impossible à mettre en œuvre par un néophyte. Même les professionnels, souvent des maçons ou d'anciens ouvriers dans le domaine du dallage industriel, doivent suivre un apprentissage de deux ans, prendre des cours à l'école des ponts et chaussées, avant de maîtriser cette technique. Couler du béton est un métier et, comme tous les métiers, il ne s'apprend pas en quelques jours...
MAP : Compte tenu de la présence d'un carrelage, ne faudrait-il pas qu'Anne s'oriente plutôt vers un mortier aspect béton ciré ?
J.P. C : Cette solution semble en effet plus adaptée à sa situation. Mais là encore il faut faire très attention, notamment à la préparation du support. Elle doit s'assurer que le mortier va bien adhérer sur son carrelage. Par ailleurs, il faut bien réfléchir à la mise en œuvre qui peut se faire de différentes manières : au pinceau, au rouleau à la spatule, à la truelle...
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Le béton ciré, suite
Marius Aurenti © Marius Aurenti
Dans la deuxième partir de son mail, Anne évoque les formations proposées aux particuliers par la marque Marius Aurenti. Maison à part a donc voulu en savoir plus sur leur contenu en posant quelques questions à André Vidal, le responsable de la section.
Maison à part : Quel est le but de ces formations ?
André Vidal : L'objectif est de donner confiance aux gens, de leur faire comprendre qu'avec les bons gestes, ils sont tout à fait capables de poser eux-mêmes un enduit décoratif, une peinture, une résine de sol ou un béton ciré.
MAP : Qu'entendez-vous par « béton ciré », est-ce le procédé industriel ?
A.V : Non, en fait le terme « béton ciré » est devenu un terme générique. Dans notre cas, il serait plus juste de parler de mortier aspect béton ciré. Il s'élabore à partir des mêmes composants que béton mais pas à partir des mêmes dosages. Un mortier est moins chargé et, du coup, il se travaille dans une épaisseur beaucoup plus fine, entre 2 ou 3 millimètres.
MAP : Concrètement, comment se déroule une journée de formation chez vous ?
A.V : La première partie de la journée est consacrée à l'enseignement théorique avec des vidéos et des documents techniques à l'appui. L'idée est de leur faire découvrir la matière tout en leur donnant les clés pour la mettre en œuvre. Ensuite, on prépare le support et on y applique une première couche de matière. Après un bilan, on pose la deuxième couche et on applique les finitions. Notre politique est de traiter chaque sujet dans sa globalité, de la préparation du support jusqu'à l'entretien des matières.
MAP : Faut-il avoir des compétences particulières pour y participer ?
A.V : Non aucune, il faut simplement avoir envie de se faire plaisir.
MAP : Dans quelle mesure pouvez-vous aider Anne notre lectrice ?
A.V : La seule solution est qu'elle se déplace à Paris car nous n'avons pas de centre de formation implanté dans le nord de la France. Toutefois, elle peut quand même nous contacter et nous tâcherons dans un premier temps de l'aider par téléphone. Si elle le souhaite, nous pouvons également lui envoyer des livrets techniques.
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