Passionnée par la mosaïque depuis le début des années 50, Martine Lionel-Dupont a su imposer son travail et sa simplicité dans des lieux aussi prestigieux que le célèbre restaurant parisien "la Tour d'argent", à Paris. Portrait d'une femme de talent.
Faisant fi des modes et autres courants éphémères, Martine Lionel-Dupont ne s'est jamais laissée guider que par les contraintes qui lui étaient imposées lors des commandes de ses clients. Un trait de caractère qui a fait mouche dans des lieux parisiens aussi éminents que l'hôtel Regina, celui de l'atelier Montparnasse ou encore à Peugeot 75, situé sur l'avenue de la Grande Armée, à Paris. Trois expériences qui lui ont permis d'apposer de prestigieuses références au bas de son curriculum vitae, mais qui n'ont jamais entamé sa modestie originelle, loin de là, puisqu'à l'heure où cette interview est réalisée, Martine Lionel-Dupont s'étonne encore de pouvoir éveiller quelque intérêt en évoquant son histoire.
Bien qu'aujourd'hui, Martine Lionel-Dupont ne s'imagine pas éloignée de son atelier plus de quelques jours, la mosaïque ne s'est pourtant pas imposée à elle d'emblée :
"Petite, je ramenais toujours un très mauvais carnet de notes de l'école, raconte-t-elle un sourire au coin des lèvres.
Voyant que je m'intéressais au dessin, mon père m'a inscrite à l'académie Julian où j'ai perfectionné mes techniques de peinture pendant deux ans. Mais, à seize ans, il a refusé que je poursuive ma scolarité à l'école des Beaux-arts". Rapidement mariée, la jeune femme ne renonce pourtant pas totalement à ses rêves :
"A l'époque, je n'étais certaine que de deux choses : je voulais m'émanciper en travaillant, mais pas dans n'importe quel filière. Seul le milieu artistique m'attirait".
Au même moment, Martine Lionel-Dupont fait construire, avec son mari, la maison qui est encore la sienne, près d'Orgeval (Yvelines). Mais tous deux se retrouvent très vite dépassés par les coûts de construction de l'habitation :
"Pour achever les finitions sans trop de frais, j'ai commencé à regarder ce qu'il y avait de moins cher en terme de carrelage. J'ai alors découvert de petits carrés en grès cérame et j'ai décidé de créer une sorte de parcours romain". Dès ses premières créations, Martine Lionel-Dupont fait sensation. Au départ, sa famille et ses amis proches sont ses premiers admirateurs, puis le bouche à oreille fait rapidement connaître cette spécialiste de la mosaïque fonctionnelle, qui aime à mêler le teint mat du grès cérame aux aspects brillants de la pâte de verre. Son talent est tel que sa première commande en tant que créatrice et réalisatrice d'œuvres originales en mosaïques est déjà proche d'une consécration puisqu'elle répond à une demande de la célèbre galerie du Claridge, située sur les Champs-Elysées, à Paris.
Gravures iraniennes © D. R.
En toute simplicité
Martine Lionel-Dupont ne s'encombre ni des nominations, ni des procédés trop techniques liés à son métier. Tous les motifs qu'elle réalise sont issus de dessins qu'elle exécute à la craie noire sur la table de ping-pong qui lui sert d'établi. Comme pour un tableau, elle procède par morceaux et appose peu à peu la couleur grâce à la mosaïque qu'elle découpe à l'aide de sa pince. Une fois que toutes ces pièces sont installées, l'artiste les colle sur le papier de protection préalablement disposé sur la table puis les enveloppe dans un second papier. Ainsi recouverte, la mosaïque est découpée en plusieurs fragments, tel un puzzle, avant d'être réunie sur le support final et recouverte de joint.
Ce procédé est récurrent pour l'ensemble des réalisations de Martine Lionel-Dupont qui reconnaît qu'il faut aussi
"savoir regarder et dessiner, deux cordes que j'avais déjà à mon arc enfant et qui ont été consolidées par les cours de l'académie Julian". Si le talent est bien là, Martine Lionel-Dupont ne cherche pas pour autant à imposer un style qui lui soit propre. Son ambition est ailleurs. Elle vise plutôt à se renouveler dans chaque œuvre :
"Je n'ai pas de motifs ni de couleurs de prédilection, si ce n'est une légère préférence pour les portraits. Chaque teinte s'apprécie aux côtés des autres coloris. C'est un peu comme une note de musique : seule, elle n'est qu'un son, mais combinée à d'autres, elle créé une véritable mélodie". Et cette musique ne semble pas prête de s'arrêter. A presque 70 ans, Martine Lionel-Dupont n'a rien perdu de l'entrain de ses débuts et continue de parler de l'art qu'elle exerce moins comme une tâche astreignante que comme un exercice de style qui reste, à chaque instant, délicieux...
Pour avoir un aperçu des réalisations de Martine Lionel-Dupont, cliquez sur suivant.
Tableau de Gauguin
L'hôtel "L'Atelier Montparnasse", à Paris, a commandé à Martine Lionel-Dupont la copie d'un tableau de maître pour chacune de ses chambres.
Tableau de Gauguin
Tableau de Picasso
Outre Gauguin ou Chagall, des mosaïques figurant des tableaux de Picasso ont été réalisés.
Tableau de Picasso
Tableau de Picasso
Ces mosaïques représentant des tableaux de maîtres sont présentes dans les douze salles de bains de l'hôtel "L'Atelier Montparnasse".
Tableau de Picasso
Mosaïque du voyeur
Sorte de fou de roi, ce personnage adopte des allures de voyeur dans la salle de bains.
Mosaïque du voyeur
Tigre - Martine Lionel-Dupont : la mosaïque depuis 60 ans
Ce dessin qui présente un tigre rugissant entouré de végétaux a été réalisée pour la salle de bains de l'une des petites filles de Martine Lionel-Dupont.
Tigre - Martine Lionel-Dupont : la mosaïque depuis 60 ans
Canards - Martine Lionel-Dupont : la mosaïque depuis 60 ans
Cette mosaïque de canards trône dans le célèbre restaurant "la Tour d'argent", à Paris.
Canards - Martine Lionel-Dupont : la mosaïque depuis 60 ans
Nus - Martine Lionel-Dupont : la mosaïque depuis 60 ans
Les nus sont un sujet récurrent de Martine Lionel-Dupont qui préfère les portraits aux paysages.
Nus - Martine Lionel-Dupont : la mosaïque depuis 60 ans
Giverny - Martine Lionel-Dupont : la mosaïque depuis 60 ans
Les nénuphars de Giverny ne sont pas ici sur l'eau mais au fond d'une piscine. Cette mosaïque a été réalisée pour un particulier.
Giverny - Martine Lionel-Dupont : la mosaïque depuis 60 ans
L'évolution du monde
Mosaïque évolution © D. R.
Cette commande un peu spécifique répond à la volonté d'un architecte américain qui souhaite illustrer l'évolution du monde, à l'entrée d'un building. Les charrettes et les chaumières figurent le passé tandis que le gratte-ciel renvoie au présent.
L'évolution du monde
Bateaux - Martine Lionel-Dupont : la mosaïque depuis 60 ans
Ces bateaux marquent la continuité du thème de l'eau au sein de la salle de bains d'un particulier.
Bateaux - Martine Lionel-Dupont : la mosaïque depuis 60 ans
Gravures iraniennes - Martine Lionel-Dupont : la mosaïque depuis 60 ans
Gravures iraniennes © D. R.
Cette scène de 4,50 mètres sur trois mètres de haut s'inspire, quant à elle, de gravures iraniennes.
Gravures iraniennes - Martine Lionel-Dupont : la mosaïque depuis 60 ans