La vannerie, l'art de l'osier

    Publié le 29 juin 2009 par P.P.
    Si l'on vous parle d'osier à la maison, vous imaginez paniers, corbeilles à pain, des coffres ou encore des chaises anciennes. Mais ce n'est pas tout ! Au cœur de la capitale de l'osier, la coopérative de Vannerie de Villaines, le plus grand groupement de vanniers en France, voire en Europe, nous guide à la découverte de ce matériau, pas aussi banal qu'il ne paraît.
    Le 15 novembre 1849, l'abbé Jean-Laurent Chicoisne, prêtre-laboureur, aidé du Comte de la Villarmois, crée la Société des Vanniers, à Villaines-les-Rochers, en Indre et Loire (37). La Société Coopérative agricole de vanniers de Villaines-les-Rochers, son prolongement, naît officiellement en 1937. C'est ainsi que depuis 150 ans, la tradition et le savoir-faire de l'osier se transmettent de génération en génération... De père en fils même, jusqu'en 1975 : depuis cette date, la coopérative a ouvert ses portes à plusieurs dizaines de jeunes formés au métier. Car Villaines reste la capitale française de l'osier et la coopérative, sa plus grande représentante, avec près de 60 vanniers dont cinq meilleurs ouvriers de France. Une entreprise d'ailleurs labellisée "Entreprise du patrimoine vivant." "Depuis sa création, y explique-t-on, la Société Coopérative de Vannerie a évolué avec les crises, les mutations économiques et a su s'adapter par la formation, le rajeunissement des osiériculteurs vanniers, l'ouverture de nouveaux marchés et la création de produits, alliant l'osier au bois et au métal, tout en gardant et développant un savoir-faire unique en Europe." Ainsi, même si de 40.000 au siècle passé, les vanniers ne sont plus que 150 en France aujourd'hui, la tradition reste vivante.
    L'osier, tout le monde le connaît : qui n'a pas un panier ou une corbeille à pain ? Ou encore une chaise ? Malgré tout, toutes ses possibilités créatives ne sont pas encore reconnues par le plus grand nombre. Et c'est avec la coopérative que nous partons à la découverte de ce merveilleux matériau.

    De la culture à l'objet

    Tout part d'un champ : l'osier est une variété de saule cultivée et récoltée chaque année. Parmi les plus de 200 variétés de saules poussant sur le sol français, une dizaine seront utilisées en vannerie. La quantité nécessaire à sa fabrication annuelle pour un vannier serait ainsi d'environ 50 à 60 ares d'oseraies. A la coopérative, tous sont cultivateurs, de fait, on y retrouve toute la chaîne de production, de la culture à la vente.
    Mais revenons à la matière première. Daniel Martin, directeur de la coopérative, nous explique le cheminement de l'osier : "coupé l'hiver, on le trie, le calibre par taille, puis on le plonge dans un bassin pour relancer la végétation au printemps. En mai, juin, lorsqu'il est gorgé de sève, on le décortique, c'est la pèlerie." Une étape d'ailleurs fêtée chaque année, le troisième week-end de mai à Villaines, lors des Fêtes de la Pèlerie. L'osier blanc obtenu est ensuite conservé jusqu'à son tressage. A noter qu'après la réalisation des objets, l'osier peut également se teinter ou se laquer.

    Un savoir-faire reconnu

    A Villaines, tout est réalisé à la main. Le vannier s'installe sur un petit banc et armé, d'un poinçon, d'une serpette, d'une batte, d'un sécateur et d'un mètre, son travail peut commencer ! Aujourd'hui, l'osier connaît toujours sa principale activité dans le commerce : 40% de la production à la coopérative est destinée aux marchés de l'aménagement et l'agencement de magasins, pour la présentation de produits, 35% pour la boulangerie et 15% pour la vannerie de décoration et d'ameublement. Les 10% restants vont à l'exportation.
    Pour la maison, l'osier est utilisé principalement pour du petit mobilier ou pour créer des objets domestiques comme les paniers. Mais il s'affiche également à l'extérieur pour la création de haies de séparation. Et aujourd'hui, puisque que le développement durable est sur toutes les lèvres, l'osier a de beaux jours devant lui : entièrement naturel, le matériau ne détériore pas l'environnement.
    Quant aux designers et aux architectes, ils sont nombreux à faire appel à lui, pour des réalisations classiques ou... plus étonnantes ! Découvrez-en quelques-unes en cliquant sur suivant.
    Questions à Daniel Martin, directeur de la coopérative de Villaines
    Maison à part : En 150 ans d'histoire, quelles ont été les principales évolutions du métier et du savoir-faire ? A quoi l'osier peut-il servir dans les maisons ?
    Daniel Martin : La technique de tressage reste identique, c'est le type de fabrication qui a changé. Au XIXe et au XXe siècle, on utilisait l'osier principalement pour l'agriculture, l'emballage ou la manutention. Au XXe siècle, on comptait ainsi près de 40.000 vanniers en France ! Aujourd'hui, il en reste 150, dont une soixantaine à Villaines. L'essentiel de notre activité, à la coopérative, est à destination des métiers de bouche, pour les boulangeries ou les grandes surfaces. Mais nous réalisons aussi du mobilier ou des objets pour les particuliers, comme des fauteuils, des coffres et des paniers, etc. Enfin, l'osier vivant sert également à l'extérieur, pour la réalisation de haies de séparation ou encore pour la retenue de berges.
    Maison à part : Il est d'idée courante que l'osier est un matériau fragile, qu'en est-il ?
    Daniel Martin : Chez nous, l'osier est très résistant : on le cultive nous-mêmes et il présente ainsi une très bonne qualité. Qualité du travail et qualité de fabrication : c'est d'ailleurs toute la différence avec les produits d'importations, des pays asiatiques notamment. Quant aux grandes pièces, on les renforce avec du métal.
    Maison à part : Justement, la coopérative a réalisé des pièces exceptionnelles : aujourd'hui les designers et les architectes font souvent appel à la coopérative ?
    Daniel Martin : Il y a beaucoup de demandes, après il y a de tout ! Parmi les plus marquantes, il y a eu les réalisations d'un lustre, d'une mezzanine, d'un dôme pour habiller une fontaine, d'un panier géant, parti en Belgique... Pour un chantier prochain, nous produisons une façade en osier destinée à habiller un bâtiment. Pour Bercy Village, cela a été des arches et des vases en osier. Nous avons également collaboré avec Jean-Paul Gauthier pour la création d'une robe en osier... Nous travaillons à la demande.
    Maison à part : On peut acheter de la vannerie de Villaines en ligne ou à la boutique sur place, comme l'on peut visiter les ateliers...
    Daniel Martin : En effet, les ateliers se visitent. Ils existent également des stages ouverts aux particuliers qui veulent pratiquer la vannerie par eux-mêmes. Enfin, chaque troisième week-end de mai, c'est la Fête de la Pèlerie à Villaines, avec des journées découvertes, des démonstrations de tressage et des présentations exceptionnelles...
    Site de la Coopérative de Vannerie de Villaines
    La vannerie, l'art de l'osier

    Au travail - La vannerie, l'art de l'osier

    Vannier au travail
    Vannier au travail © Coopérative de Vannerie de Villaines les Rochers
    Pour travailler, le vannier s'installe sur un petit banc et armé d'un poinçon, d'une serpette, d'une batte, d'un sécateur et d'un mètre, il tresse l'osier. Ici, la fabrication d'un panier.
    Au travail - La vannerie, l'art de l'osier

    Fauteuil - La vannerie, l'art de l'osier

    Fauteuil - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Fauteuil - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers © Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Depuis plus de 150 ans, la coopérative de vannerie de Villaines s'est imposée comme une référence.
    Fauteuil - La vannerie, l'art de l'osier
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    Berceau - La vannerie, l'art de l'osier

    Berceau - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Berceau - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers © Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Le travail de l'osier est empreint de tradition et de savoir-faire. Chaque objet est ainsi tressé à la main.
    Berceau - La vannerie, l'art de l'osier

    A l'extérieur

    A l'extérieur - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    A l'extérieur - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers © Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Haies en hiver. A l'extérieur, l'osier vivant permet de réaliser des séparations.
    A l'extérieur

    Créations exceptionnelles - La vannerie, l'art de l'osier

    Créations exceptionnelles - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Créations exceptionnelles - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers © Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    La coopérative est également appelée à réaliser des créations exceptionnelles, nées de l'imagination des designers ou des architectes. Ici, un sas de nuit, pour le Zoorama de Chize.
    Concepteur : Z&CO
    Jesus Pacheco et Zette Cazalas, architectes
    Créations exceptionnelles - La vannerie, l'art de l'osier

    Lustre - La vannerie, l'art de l'osier

    Lustre - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Lustre - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers © Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Concepteur : Z&CO Jesus Pacheco et Zette Cazalas, architectes Lustre pour le Zoorama de Chize
    Lustre - La vannerie, l'art de l'osier

    Mezzanine - La vannerie, l'art de l'osier

    Mezzanine - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Mezzanine - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers © Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Un lit mezzanine signé Sylvain Rieu Piquet.
    Mezzanine - La vannerie, l'art de l'osier

    Nid à Marsupilami

    Nid à Marsupilami - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Nid à Marsupilami - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers © Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Concepteur : Jardin de Chaumont
    Une cabane réalisé pour le festival des jardins à Chaumont sur Loire
    Nid à Marsupilami

    Dôme - La vannerie, l'art de l'osier

    Dôme - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Dôme - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers © Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    L'habillage d'une fontaine à l'hôpital Charles Foix à Ivry sur Seine, une création conçue par l'artiste Jean-Bernard Métais.
    Dôme - La vannerie, l'art de l'osier

    Corne d'abondance

    Corne d'abondance - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Corne d'abondance - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers © Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Corne d'abondance

    Bienvenue à bord !

    Bienvenue à bord ! - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Bienvenue à bord ! - Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers © Coopérative de Vannerie de Villaines-les-Rochers
    Conçu par l'artiste M. Navez, ce panier géant a été réalisé pour le Parc de Topiaires à Hasselt en Belgique.
    Bienvenue à bord !
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