La terre est la forme de matière la plus répandue et, avec la pierre et le bois, l'un des matériaux de construction les plus vieux au monde. Délaissée au début du XXème siècle, elle fait un retour remarqué dans les maisons bioclimatiques de l'Hexagone et pourrait bien devenir "Le" nouveau matériau écologique et économique en vogue. La Cité des Sciences et de l'industrie fait le point sur cette tendance au travers d'une exposition organisée jusqu'au 27 juin prochain et ponctuée de travaux pratiques: "Ma terre première, pour construire demain".

Un peu d'histoire

Les premières cités en terre crue découvertes dans l'ancienne Mésopotamie (actuelle Irak) remontent avant même l'invention de l'écriture (-4000 avant J.C.). Cette matière a été employée sur la quasi-totalité du globe, hormis les zones géographiques désertiques ou glaciaires. La construction en terre est ensuite demeurée courante dans toute l'Europe, urbaine et rurale, jusqu'au XXe siècle. En France, elle a disparu dans les années 1930, avec la généralisation des matériaux standardisés comme le béton de ciment et l'uniformisation de la formation des maçons. Mais dès les années 1970, un renouveau de la construction en terre crue s'est amorcé au Etats-Unis, de concert avec la prise de conscience du gaspillage énergétique. De nombreux pays ont alors redécouvert la construction en terre crue. La France a participé à cet essor avec une exposition sur le sujet, au Centre Georges Pompidou, en 1981, et grâce au travail du laboratoire CRAterre. Diverses réalisations ont également vu le jour à cette époque parmi lesquelles 65 logements sociaux à Villefontaine, en Isère. Aujourd'hui, les murs en terre sont utilisés comme accumulateurs d'énergie dans des bâtiments bioclimatiques. Ils réduisent les écarts de température entre la nuit et le jour et régulent également l'humidité de l'air intérieur.

Comment ça marche ?

La terre peut servir à la construction de toute une maison. Toutefois, la partie du sol utilisée pour cet usage ne doit pas être choisie au hasard. La terre doit en effet comporter de l'argile pour assurer sa cohésion mais aussi du sable, du gravier, voire des cailloux, pour limiter les risques de gonflements ou de fissuration. Lors de l'exposition, une quinzaine d'expériences physiques et interactives font ainsi découvrir, de façon ludique, le comportement des grains secs, des grains mouillés et de l'argile, pour comprendre comment tous ces matériaux tiennent ensemble. Cet espace d'expérimentation est divisé en sept îlots illustrant chacun une notion scientifique, deux expériences et une mise en pratique par le visiteur appelée "manip' totem". Un espace de 100 m² prolonge ces travaux pratiques en offrant des manipulations du sable et de la terre. Autant de mises en situation visant à convaincre, même les plus réticents, que la terre pourrait bien devenir la matière première des habitations de demain...