Maison à part : Les artisans, surtout ceux du secteur du bâtiment, ont longtemps été mal perçus du grand public. On leur reprochait leur manque de disponibilité, des retards dans les délais de livraison... Comment expliquez-vous cette mauvaise image ? Jean Lardin : Cela s'explique principalement par le fait que les gens avaient gardé en tête une image vieillotte de la profession sans chercher à connaître la réalité. Ces préjugés ont longtemps persisté dans les grands centres urbains, mais pas dans les villes moyennes, ni rurales, où la population a toujours gardé une image plus noble de l'artisan. MAP : Qu'en est-il aujourd'hui ? Les gens portent-ils toujours le même regard sur les artisans ? J.L : Non, et heureusement ! La situation a profondément changé. Désormais, les gens voient notre secteur sous un autre angle. Ils ont compris que l'artisanat s'était considérablement modernisé et que les artisans étaient parmi les premiers à pouvoir les aider pour introduire chez eux les nouveaux matériaux et les nouvelles technologies. Ils ont également pris conscience que c'était grâce au savoir-faire des artisans qui réparent, qui entretiennent, qui construisent, qui rénovent, que nous allions pouvoir passer de la société du jetable à la société du durable.  MAP : Sur quels éléments vous basez-vous pour affirmer cela ? J.L : Nous faisons réaliser tous les deux ans des sondages dont les résultats prouvent ce que j'avance. Depuis cinq ans, nous bénéficions d'un retour extrêmement positif de la part des Français concernant les artisans. Ils sont d'ailleurs de plus en plus nombreux à faire appel à eux et ceux qui le font disent y trouver de nombreux avantages, financiers en particulier. MAP : Alors justement, quels intérêts les particuliers ont-ils à faire appel à des artisans ? J.L : Faire appel à un artisan, c'est d'abord faire appel à une entreprise de proximité, à quelqu'un proche de chez eux et qui a souvent engagé ses capitaux propres pour monter son affaire. Faire appel à un artisan, c'est donc donner une chance à l'économie locale de se développer mais c'est aussi, et surtout, avoir la certitude d'avoir à faire à des gens compétents car tous les métiers de l'artisanat sont réglementés par des labels de qualité. MAP : Que s'est-il passé pour qu'un tel revirement de situation se produise ? J.L : Ce changement n'est pas le fruit du hasard, c'est le résultat de plusieurs années d'efforts, des efforts pour nous faire connaître et faire connaître notre savoir-faire. Il y a dix ans, nous avons pris conscience que nous étions trop discrets, alors nous avons décidé de prendre la parole. Cette décision s'est traduite par la création en 1998 d'un Fonds national de promotion et de communication de l'artisanat, le FNPCA. Grâce à lui, nous avons pu mettre en place plusieurs campagnes nationales de communication destinées à promouvoir l'artisanat auprès du grand public. Le but de la première, qui avait pour slogan "l'Artisanat première entreprise de France", était de faire prendre conscience aux gens que l'artisanat figure parmi les secteurs qui créent le plus d'emplois et de richesses en France. Avec "Pour vous, l'Artisanat invente chaque jour", notre dernière campagne, nous avons souhaité insister sur le fait que les entreprises artisanales s'adaptent en permanence aux attentes du public, utilisent les technologies innovantes et s'intéressent à de nouveaux marchés. En fait, à chaque fois, l'idée est de prouver que nous sommes les possesseurs de savoir-faire ancestraux, mais que nous sommes également résolument tournés vers l'avenir. Mais il était nécessaire d'aller au plus près de la population pour démontrer concrètement les atouts de nos entreprises, c'est pourquoi nous avons créé en 2002 la "Semaine nationale de l'artisanat". MAP : Qu'apporte de plus cet événement au grand public ? J.L : Avec la 'Semaine de l'artisanat', nous allons véritablement au-devant des particuliers. Grâce aux visites et aux rencontres que nous organisons, nous leur donnons l'occasion de découvrir notre savoir-faire et donc, par conséquent, la réalité de nos métiers. Les artisans prennent d'ailleurs beaucoup de plaisir à y participer, car ils sont fiers de ce qu'ils font. Pour en savoir plus sur la "Semaine de l'artisanat", cliquez ici.