L'aventure Sunpartner, société française qui développe des solutions de vitrages photovoltaïques transparents, s'accélère. L'entreprise, née en 2008, change de modèle économique pour industrialiser des solutions de façades pour le bâtiment. L'occasion de faire le point sur cette technologie : son principe de fonctionnement, ses usages, ses nouvelles applications...
C'est un marché naissant mais promis à un brillant avenir : le marché mondial du verre photovoltaïque intégré ("built in photovoltaïc glass") pourrait dépasser les 3 milliards d'euros dès 2020, selon N-Tech Research. Une tendance sur laquelle compte bien surfer SunPartner, hyperactive société française, fondée par Ludovic Deblois en 2008, qui travaille pour rendre "
intelligentes et connectées" les surfaces qui nous entourent, et plus particulièrement sur l'intégration de capteurs photovoltaïques quasiment imperceptibles. L'entreprise, née comme une startup, évolue régulièrement,
lève des fonds, et séduit les investisseurs qui se montrent convaincus par l'ingéniosité déployée : "
Nous en sommes à 45 M€ de financements levés jusqu'à présent. Et nous recevons des marques d'intérêt de nombreux partenaires. Nous avons huit principaux investisseurs, dont des business angels et des fonds d'investissement". Et si, pour l'instant, le chiffre d'affaires est encore modeste, à 2,4 M€ (en 2015), il est prévu qu'il s'envole rapidement. L'année 2016 est une année de transition, avec un déménagement dans des locaux plus grands, qui appartenait à Nexis (EDF), mais 2017 sera celle de la production en (pré-)série.
Le jeune dirigeant explique : "
Le modèle économique était celui d'une société de technologie, reposant sur du 'licensing'. Mais nous avons décidé de passer au stade industriel, pour nous adresser aux marchés du bâtiment et du transport, notamment en créant des joint-ventures avec des partenaires en dehors de l'Europe, principalement au Moyen-Orient, au Japon, aux Etats-Unis et en Chine". La stratégie de SunPartner sera donc de s'appuyer sur des partenaires bien établis du secteur pour s'adresser aux prescripteurs (maîtres d'œuvre, maîtres d'ouvrage, promoteurs, énergéticiens) et proposer à la vente des verres photovoltaïques transparents aux façadiers et aux fabricants de doubles vitrages. La petite entité française apportera son savoir-faire dans les procédés, et conservera la propriété de la technologie, protégée par 130 brevets. Les capacités de production sont, pour l'heure, limitées : dans l'unité aixoise de 1.200 m², encore peu automatisée, un investissement de 6 M€ permettra de parvenir à 30.000 m² de panneaux photovoltaïques translucides par an à partir de septembre 2017. "
Avec 2 M€ supplémentaires, nous porterons cette capacité à 150.000 m² par an d'ici à 2020 pour répondre aux besoins européens en priorité", poursuit Ludovic Deblois. La ligne de production a été conçue pour être "flexible" en termes de formats et d'épaisseurs de vitrages, de types de verre ou de motifs à imprimer.
Car la gamme de solutions est étendue : pas moins de six références coexistent, dont certaines ont déjà
des applications dans des produits de grande consommation (vitre tactile photovoltaïque pour téléphone portable "durci" Kyocera, verre de montre connectée outdoor Vector...).
Pour le bâtiment, trois solutions seront mises en avant : Wysips
Caméléon, une méthode de camouflage par la texturation de panneaux photovoltaïques classiques sans perte de rendement, Wysips
Design-Glass, un vitrage semi-transparent à capteurs solaires "sérigraphiés", et surtout Wysips
Vision-Glass, un vitrage quasi-translucide, lui aussi producteur de courant électrique. Ces deux dernières options, qui promettent des puissances comprises entre 50 et 110 Wc/m² selon le degré de transparence recherché (compris entre 10 et 70 %), seront réservées à des applications locales, sans réinjection de l'électricité produite sur le réseau. "
Nous ne sommes pas en concurrence avec des panneaux photovoltaïques cristallins classiques, dont les rendements sont plus élevés. En revanche, en nous adressant au marché des façades verticales, nous sommes une alternative aux systèmes de protection solaire comme les stores et brise-soleil", précise le fondateur.
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Vitrages photovoltaïques transparents : quelles applications pour quels bâtiments ?
Les secrets de la technologie "What you see is photovoltaïc surface"
Les secrets de la technologie "What you see is photovoltaïc surface" - SunPartner
La technologie Wysips repose en fait sur un capteur photovoltaïque couche mince et hautes performances CIGS (pour "cuivre, indium, gallium, sélénium") auquel SunPartner vient enlever de la matière, de façon à le rendre le plus fin et le plus discret possible. En tout, huit étapes successives sont nécessaires, dont des inspections visuelles, des lavages, du "scribing" (sorte de sérigraphie) par différents lasers, du "bussing" (interconnexion automatique) et le passage dans un laminateur qui encapsule le discret capteur restant dans un double vitrage. "
D'où des solutions esthétiques et transparentes", fait valoir Ludovic Deblois, qui poursuit : "
Le but est de créer des vitrages actifs intelligents qui intègrent différentes technologies (électrochrome, cristaux liquides, tactile, chauffant...) en apportant en plus la production d'électricité locale. Le résultat est de pouvoir créer un vitrage autonome énergétiquement, ne nécessitant pas de câblages". Les architectes pourront donc créer des façades photovoltaïques dynamiques, qui s'obscurcissent lorsque le soleil tape dessus, afin d'éviter une élévation des températures dans les espaces de travail, et qui redeviennent plus claires lorsque la luminosité extérieure baisse. Les vitrages photovoltaïques pourront alimenter, si nécessaire un éclairage LED ou des capteurs spécifiques. Ils pourront même se transformer en récepteurs Li-Fi pour communiquer ou relayer des flux d'informations.
La société aixoise a, d'ores et déjà, noué de multiples partenariats avec des industriels, dont l'Allemand Avancis, qui lui fournit les capteurs solaires couches minces, le Japonais Toppan, spécialiste des films opacifiants, ou le Français Idosens, avec qui SunPartner cherche à développer une plateforme numérique de communication pour les vitrages intelligents (via le protocole basse consommation LoRa). Et la société est également alliée de Vinci Construction, depuis le mois d'avril 2016, pour développer une menuiserie complète, avec vitrage photovoltaïque, qui sera dévoilée en décembre prochain, avant d'être déployée commercialement dans la deuxième moitié de 2017. Quant au coût de ces vitrages photovoltaïques translucides, la société estime être compétitive lorsqu'il est comparé à celui d'un ensemble "fenêtre classique + brise-soleil + store", ces derniers nécessitant un certain entretien.
Dans un avenir proche, afin d'assurer l'industrialisation de ses produits, la société prévoit une dizaine de recrutements, techniciens, opérateurs, ingénieurs et commerciaux. Ses produits, en cours de certification au CSTB et au niveau européen, devraient faire leur apparition sur le marché en 2017. La direction de SunPartner se penche déjà sur l'obtention d'une certification Iso 9001 pour son usine du Rousset qu'elle envisage d'agrandir, puisque le terrain dispose encore de 7.000 m² de réserve foncière. Nul doute que les vitrages photovoltaïques se feront rapidement... une place au soleil.
Les secrets de la technologie "What you see is photovoltaïc surface"