Dans un contexte d'explosion des coûts de l'énergie, si vous pensiez autonomie pour faire baisser votre facture ? Maison à part vous explique comment rendre votre habitation autonome, ou presque.
Une maison autonome
ne dépend d'aucun réseau et produit l'énergie dont elle a besoin pour fonctionner, que ce soit pour l'eau, l'électricité et le
chauffage. Ce qui permet de réduire considérablement votre empreinte sur l'environnement, ainsi que votre
facture énergétique en n'utilisant que des énergies renouvelables (EnR).
Mais qu'est-ce qu'une maison autonome ? Cette équation est une façon simple de présenter les choses :
autonomie = sobriété + efficacité + production
Mais bien loin de se limiter à l'installation de panneaux photovoltaïques en toiture, la maison autonome implique une approche toute particulière. Explications.
Qu'est-ce qu'une maison autonome en énergie ?
"L'autonomie en énergie consiste d'abord à diminuer ses consommations d'énergie", assure David Lebannier, responsable de l'activité conseil du bureau d'études Pouget Consultants. Un avis partagé par François Turland, président du bureau d'études Bastide Bondoux :
"Il faut réduire drastiquement les consommations de la maison. Le projet doit être sobre en énergie, les besoins en chauffage doivent être réduits le plus possible, et il faut miser sur des solutions et des équipements performants et peu déperditifs".
Au moment de la
construction d'une maison, il faut donc
prioriser le traitement des aspects les plus irréversibles : la forme du bâtiment, l'orientation et la taille des baies, les protections solaires, le niveau d'
isolation, sont autant d'aspects qu'il sera difficile de traiter ou de modifier par la suite.
Une maison autonome, c'est aussi
une maison qui n'a pas besoin de climatisation pour rester confortable, aujourd'hui, mais aussi demain lorsque le climat va se réchauffer. Pour obtenir une enveloppe thermique performante, il faut être ambitieux sur les
épaisseurs d'isolant de toutes les parois - la résistance thermique de l'isolant s'exprime en R (m2.K/W), optez pour un R = 7 à 10m².K/W) - mais également prévoir une enveloppe très étanche à l'air, associée à
une ventilation performante, pour traiter les ponts thermiques (les jonctions baie/parois, ou entre les parois, engendrent souvent une discontinuité d'isolation nommée "pont thermique"). Pour savoir comment bien isoler son logement, vous pouvez
retrouver notre article dédié ici.
Quant aux équipements, ceux-ci devront être performants et bien sûr, encore et toujours, économes. Solaire thermique, bois énergie (poêle à accumulation, chaudière à pellets, etc.),
pompe à chaleur, les solutions sont nombreuses pour réduire ses dépenses énergétiques.
Installer des panneaux solaires... et des batteries de stockage ?
Concernant les panneaux photovoltaïques, si vous souhaitez être en autonomie totale, vous devrez installer des batteries de stockage. Une technologie qui est, pour l'heure, encore onéreuse.
"Vouloir être autonome en électricité et indépendant du réseau implique de prévoir des solutions de stockage. A l'heure actuelle, cet investissement ne nous ne semble pas prioritaire puisque le surplus de production sera injecté sur le réseau et trouvera toujours un usager. Le réseau électrique national est une super 'batterie communautaire' ", souligne David Lebannier.
L'injection du surplus se fait ici
contre rémunération. Au 1er janvier 2022, le tarif de vente s'élevait à 0,10 €/kWh. A quoi s'ajoute une prime de 76 €/kWc/an sur cinq ans pour les installations de 3 kWc ou moins, et de 56 €/kWc/an sur cinq ans pour celles de 3 à 9 kWc.
"Les batteries pourront être ajoutées plus tard facilement, lorsque les productions renouvelables seront nombreuses. Il est préférable aujourd'hui d'investir cet argent dans la sobriété et les matériaux bas carbone" conseille le spécialiste. D'autant que les installations qui ne sont pas raccordées au réseau ne bénéficient d'aucune subvention.
Au cas où vous seriez déconnectés du réseau, ou que votre projet ne serait pas équipé de batteries de stockage, la déconnection du réseau à au moins un bénéfice, celui
"de nous sensibiliser à la réalité physique de l'énergie, à sa faible disponibilité puisque une fois déconnecté il est indispensable d'être très sobre et attentif à toutes les consommations du quotidien", prévient David Lebannier.
A noter : pour chauffer votre
eau chaude sanitaire avec des panneaux photovoltaïques, il conviendra de miser sur
une solution de chauffe en pic de journée lorsque les niveaux de production photovoltaïques sont élevés. Contrairement aux solutions classiques, pour lesquelles l'eau chauffe généralement pendant la nuit.
Chauffage : prévoir des solutions complémentaires
En hiver, lorsque l'ensoleillement est moindre, vous devrez compléter votre installation des panneaux photovoltaïques avec d'autres systèmes. Pour votre chauffage, un
poêle hydro, ou
poêle bouilleur, convient parfaitement aux maisons individuelles équipées de leur propre circuit de chauffage. Ces solutions peuvent être raccordées au circuit d'eau, afin de chauffer votre logement et produire de l'eau chaude sanitaire.
A noter : si votre logement est situé à proximité d'un cours d'eau avec un bon débit, vous pouvez l'équiper d'une petite centrale hydroélectrique. Cette installation pourra couvrir, au moins en partie, vos besoins en électricité. Mais attention, l'usage des cours d'eau est très réglementé et n'a de chance d'aboutir que si le cours d'eau est déjà équipé d'un barrage.
Les éoliennes s'avèrent également un bon renfort pour une installation photovoltaïque. Vous pourrez ainsi compenser les intermittences de chaque moyen de production.
Eau potable : halte au gaspillage
Une maison autonome doit aussi produire sa propre eau chaude sanitaire. Pour les plus motivés, il vous est possible, par exemple, de
réutiliser et de stocker votre eau de pluie pour certains usages.
Vous pouvez ainsi installer un réseau indépendant alimenté par de l'eau de pluie récupérée qui sera ensuite utilisée pour votre jardin, les toilettes, le lavage des sols et du linge, après traitement mécanique et chimique bien évidemment.
A noter que
la réglementation interdit d'utiliser cette eau pour la consommation humaine ou la douche. Tous les ans, ce dispositif doit être nettoyé et les cuves de stockage vidangées.