Si les chaudières au fioul sont désormais interdites dans les logements neufs, et lors du remplacement de votre chaudière, il est en revanche possible, dans le cadre d'une rénovation, de recourir à un nouveau type de combustible présenté comme plus durable, le biofioul F30.
En France,
3,5 millions de foyers se chauffent encore au fioul domestique, soit environ 10 millions de Français. Mais pas de chance,
depuis le 1er juillet 2022, il est interdit d'installer une chaudière au fioul ou au charbon dans un logement neuf. En cas de panne, un propriétaire est désormais dans l'obligation de
remplacer sa chaudière par un appareil plus écologique. Au revoir le fioul ? Pas complètement. Car depuis cette même date, l'installation d'une chaudière fonctionnant au biofioul F30 est en effet autorisé.
Un combustible présenté comme plus écologique, car composé en partie de ressources renouvelables. Mais se chauffer au biofioul est-il vraiment intéressant ? De quoi est-il composé, quelles sont ses performances, faut-il adapter sa chaudière, quel est son prix...? Eléments de réponse.
Le biofioul, qu'est-ce que c'est ?
Il s'agit d'un dérivé du fioul conventionnel. C'est leur composition qui diffère légèrement : le biofioul incorpore lui une part d'origine renouvelable, appelée
ester méthylique d'acide gras (EMAG), un composé issu du colza.
Il est identifié sous l'appellation F suivi d'un nombre. En France, on parle de F30, le chiffre 30 signifiant qu'il est
composé à 30% d'EMAG, et donc de 70% de fioul traditionnel. Le biofioul "F30" est une première étape avant de passer au F55 sans d'ici à 2028, puis au F100 en 2035.
Quel est l'intérêt du biofioul ?
Alors que la filière n'en est qu'à ses balbutiements dans le monde du bâtiment, les producteurs en vantent déjà ses vertus. Il est en effet présenté comme plus écologique.
"Le principe du F30 est d'être en-dessous de la limite de 300g de CO2 par kw/h. Limite qui s'applique aux installations neuves (dans le cadre de la réglementation environnementale RE2020 ndlr)", détaille Alexandre Witkowski, Directeur général de Cuenod SAS, spécialiste de la fabrication de brûleur de chaudière.
A noter que depuis le 1er juillet 2022, seules des chaudières pouvant fonctionner avec du F30 peuvent être installées dans des logements existants. Les chaudières déjà en service et celles installées avant le 1er juillet pourront cependant continuer à fonctionner au fioul domestique conventionnel.
Se chauffer au biofouil : à quel prix ?
L'intérêt du biofioul se situe aussi du côté de son prix. Si la RE2020 interdit l'installation de chaudière fioul neuve, les anciennes elles, peuvent toujours être réparées si besoin. Leurs propriétaires peuvent donc se tourner vers le biofioul pour les alimenter.
"Pour faire fonctionner du F30 sur une vieille installation, changer le brûleur pour environ 1.000€ suffit dans la plupart des cas", assure Alexandre Witkowski. Reste qu'il faudra évidemment faire contrôler les raccordements et la compatibilité des cuves acier et PEHD.
D'un point de vue financier donc, le biofioul apparaît comme plutôt avantageux, alors que changer la totalité d'une installation peut vite coûter plusieurs dizaines de milliers d'euros.
Cependant, le produit, lui, coûtera plus cher qu'un fioul classique. La filière estime que le prix du litre de biofioul, comparé au fioul domestique, sera
plus cher de 5 à 15 %. Mais cela pourrait changer selon Alexandre Witkowski, à condition que la part de 30% de renouvelable sur le F30 soit détaxée par l'État espère-t-il. C'est en tout cas ce que défend la filière.
Biofioul : quelles performances ?
La filière assure également que le biofioul dispose d'une bonne combustibilité, et qu'il n'occasionne pas d'odeur particulière. Alexandre Witkowski se risque même à dire que
"le colza rejette moins de polluant que le bois en termes d'émissions de particules fines. Il peut être cultivé en France et est renouvelable sur l'année, contrairement au bois de chauffage qui est souvent importé et renouvelable sur 50 ans".
A noter toutefois, que les installations les plus performantes fonctionnant au bois sont équipées de systèmes de filtres afin de limiter les émissions de particules fines.
Le biofioul, une énergie qui fait polémique
Reste qu'avant de vous lancer, il est important de préciser que le biofioul ne fait pas l'unanimité. L'association de consommateurs UFC Que Choisir explique :
"Le biofioul se compose de 30 % d'ester de colza, autrement dit d'agrocarburant. Or cette culture est déjà très sollicitée. D'abord pour l'huile alimentaire de colza, appréciée pour ses teneurs en oméga 3. Ensuite pour l'alimentation animale, afin de réduire l'importation massive de tourteaux (matière issue du broyage des graines, ndlr) de soja en les remplaçant par des tourteaux de colza. Enfin pour les carburants, avec le biodiesel".
Selon l'association, ajouter une quatrième filière créerait des tensions qui pourraient demander à importer une part non négligeable du colza nécessaire. Sans compter que les récoltes de colza peuvent varier fortement d'une année sur l'autre.
"En 2019, il a déjà fallu importer la moitié du colza destiné au biodiesel, et en 2020, la récolte a chuté de 32 % par rapport à la moyenne des années 2015 à 2019* " avance l'UFC Que Choisir.
De son côté, la filière se défend en affirmant que, si sa cultivation venait à être augmentée, elle permettrait de produire plus de tourteaux pour l'alimentation animale, et ainsi de se passer du tourteau de soja qui représente aujourd'hui 60% des besoins.
*Source, le site Agreste du ministère l'Agriculture
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