Un manège de voiles pour une éolienne

    Publié le 26 juin 2013 par G.N.
    VoileO
    VoileO © VoileO
    Inspirée des voiliers, l'éolienne "VoileO" imaginée et conçue par Charles Sarrazin et Sébastien Damageux, est un système léger innovant permettant de produire de l'électricité. Le premier exemplaire, qui a nécessité 5 ans de R&D, vient d'être installé au stadium du Littoral de Grande-Synthe.
    Les éoliennes ne sont pas forcément d'immenses mâts de béton et de métal portant de grandes pales en fibre de verre. VoileO développe une autre vision, inspirée des technologies de la navigation à voile qui a été conçue au sein de l'Ecole des Mines de Douai et de l'Ensait de Roubaix (Nord), en partenariat avec des écoles d'ingénieurs de la région Nord-Pas-de-Calais.
    Ses concepteurs ont souhaité apporter une réponse aux critiques soulevées contre les turbines classiques, à savoir nuisance sonore, pollution visuelle, infrastructure lourde, démarches d'installation longues et complexes... "Charles Sarrazin, spécialiste de la mécanique, a eu l'idée d'une éolienne verticale à voiles il y a 6 ans. Il a construit un démonstrateur qui faisait 8 mètres de haut et 12 mètres de diamètre. Et il a été surpris par les premiers résultats, très encourageants. Il s'est alors lancé à la recherche de partenaires pour passer à une phase d'industrialisation et de commercialisation", explique Sébastien Damageux, directeur général de VoileO.

    Plus efficace mais moins de nuisances

    Après plus de 5 ans de travaux de recherche et développement, menés avec l'aide des incubateurs du Nord-Pas-de-Calais, le concept aboutit à l'installation, à Grande-Synthe du premier exemplaire d'éolienne à voiles. "Il y sera testé pendant quelques mois afin de recueillir des informations qui seront utiles pour la future version commercialisable", poursuit le directeur général.
    Techniquement, l'éolienne se présente comme un manège de voiles, offrant 200 m² de gréement pour une puissance de 75 kWc. En tout, douze "focs" (voiles triangulaires), répartis par groupes de deux, tournent autour d'un axe de 6 mètres de haut et génèrent le courant électrique. Un principe qui présente, selon ses promoteurs, plusieurs avantages.
    "L'investissement offre une rentabilité supérieure à celle des éoliennes classiques car les douze voiles présentent une géométrie variable, contrairement aux pales rigides. Leur taille, leur tension et leur forme s'ajuste en fonction du vent grâce à un cerveau électronique qui gère leur enroulement suivant les indications d'un anémomètre. Ainsi, l'éolienne présente une grande surface et capte le moindre souffle d'air afin d'extraire l'énergie du vent, même faible", détaille Sébastien Damageux. "De plus, ce type d'éolienne bénéficie d'un montage simplifié, ne nécessitant pas de permis de construire car le mât est d'une hauteur inférieure à 12 mètres. Elle est livrée en kit, dans un gabarit qui lui permet un transport routier classique, sans convoi exceptionnel. Notre turbine n'est pas en béton mais en acier recyclable et ses voiles sont réalisées dans un matériau à base de PVC. Mais nous recherchons un nouveau matériau qui sera encore plus recyclable".
    Les voiles, qui ne sont pas exactement des voiles de bateau, généralement réalisées en Kevlar ou en Dacron, génèrent moins de bruit du fait de leur souplesse. "C'est un autre avantage de VoileO : l'installation de faible hauteur - moitié moins haute qu'une éolienne standard de puissance équivalente - n'émet aucun sifflement désagréable. Et le bruissement des voiles se propage moins loin", développe le directeur général.
    Une solution pour les pays en voie de développement ?
    Pour la stabilité de l'engin, d'un poids de 3 tonnes, les pieds enfoncés dans le sol sont recouverts de remblai. Une installation sur des bâtiments est envisageable, pour peu qu'elle soit étudiée au moment de la conception de celui-ci. Une grosse entreprise du BTP serait d'ailleurs partante pour intégrer une ou plusieurs machines sur ses réalisations.
    VoileO, qui a bénéficié d'aides de la région et de financements privés, est toujours à la recherche d'investisseurs et de partenaires pour développer son activité. "Nous souhaitons maintenant passer à la phase industrielle de ce premier modèle d'éolienne citoyenne à taille humaine, pour la commercialiser en France, puis, dès que possible à l'international", confie Sébastien Damageux. Car certains pays en voie de développement, où les réseaux électriques restent embryonnaires, mais qui bénéficient de gisements éoliens importants, se sont montrés intéressés.
    L'avenir pour la petite société, qui compte aujourd'hui trois personnes, passera également par le développement de machines de plus grande taille (environ 300 kWc) ; un plus grand diamètre favorisant la prise de vent dans les voiles.
    Cerise sur le gâteau, les éoliennes peuvent également servir de vecteur de communication, grâce à la personnalisation des toiles, ce qui pourrait accélérer la rentabilisation de l'investissement estimé à 180-200.000 € (hors raccordement au réseau). "Si la première a été implantée à l'intersection des autoroutes A25 et A16, c'est à la fois pour une question de visibilité et de production électrique", conclut le directeur général. D'ores et déjà, d'autres entreprises locales de la région dunkerquoise ont manifesté leur désir de se joindre au projet de développement de l'activité de VoileO. Le début d'une belle aventure ?
    Un manège de voiles pour une éolienne
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