Tarif électricité : vers une nouvelle hausse d'au moins 3% début 2011

    Publié le 25 octobre 2010 par Pauline Polgar
    Après la hausse des tarifs réglementés le 15 août dernier, la facture pourrait de nouveau augmenter du fait du relèvement de la "Contribution au service public de l'électricité" qui sert à financer le développement des énergies renouvelables. Un amendement au projet de loi de finances 2011 a en effet été adopté dans ce sens, le 21 octobre dernier. Une augmentation maintes fois repoussée mais désormais inévitable. Détails.
    Inévitable. D'un côté, une explosion des investissements en énergies renouvelables - notamment photovoltaïque - soit une source de dépenses accrue pour EDF qui a dans ses missions de service public - outre la péréquation tarifaire géographique et le tarif social de l'électricité -le rachat de l'électricité d'origine renouvelable. De l'autre, une "contribution au service public de l'électricité" (CSPE), présente sur toutes les factures, "gelée" depuis 2009 à cause de la crise économique. Le résultat ? Un déséquilibre financier important auquel un amendement, adopté le 21 octobre dernier à l'Assemblée nationale lors de l'examen du projet de la loi de finances 2011, entend bien mettre fin. Ce dernier prévoit en effet une revalorisation de la CSPE de 0,003 euros par kilowattheure, à défaut d'un arrêté fixant un autre montant d'ici le 31 décembre.
    Actuellement à 4,50€, elle passerait ainsi à 7,50€ par mégawattheure dès janvier, ont ainsi calculé nos confrères des Echos, qui ont suivi attentivement les débats et sorti l'information ce lundi. Soit pour les consommateurs, une nouvelle hausse de 3 à 4% sur leur facture, après celle du 15 août dernier.

    Une revalorisation de la taxe inévitable

    Cette augmentation semble néanmoins quasi-acquise puisque le Gouvernement a finalement accepté les termes de cet amendement. Le ministre du bduget François Baroin, l'a d'ailleurs confirmé ce lundi sur LCI. Comme la ministre Christine Lagarde un peu plus tard chez Europe 1. Mais en aurait-il pu être autrement ?
    Par deux fois, expliquent ainsi les auteurs de l'amendement - le député Carrez, rapporteur général au nom de la commission des finances et le député Dienfenbacher - la Commission de régulation de l'Energie (CRE) avait proposé pour 2009 et 2010, une revalorisation du montant de la CSPE. Mais, crise économique et financière oblige, le Ministre chargé de l'Energie - Jean-Louis Borloo - s'y était refusé, pour ne pas faire peser une nouvelle charge aux contribuables déjà durement éprouvés - et prendre une mesure bien impopulaire en période de crise. Il avait donc de fait geler "ce montant à un niveau très inférieur à la compensation intégrale prévue par la loi."
    De son côté, la Commission des finances de l'Assemblée nationale, alertée au début de l'été, avait mandaté ses deux députés experts en fiscalité écologique Michel Diefenbacher et Jean Launay qui, rapidement, sont arrivés à la même conclusion : la revalorisation est inévitable. C'est d'ailleurs entre autres, sur la base de leur rapport, que la Commission a dès lors, déposé cet amendement adopté le 21 octobre.
    Une hausse plafonnée, à défaut de disposition contraire prise par arrêté
    Ce dernier prévoit ainsi : la suppression de la prorogation automatique de l'arrêté de l'année précédente fixant le montant de la CSPE en cas d'absence de nouvel arrêté ; que dans ce dernier cas, le montant de la CSPE soit revalorisé de fait du montant proposé par la CRE, dans la limite du plafond de 0,003 euros par kilowattheure ; et, naturellement, la suppression du plafonnement de la CSPE, "contradictoire avec le principe de 'compensation intégrale' des charges de service public."
    Les réactions des associations de consommateurs ne se sont pas faites attendre, cliquez sur suivant.
    L'Assemblée nationale a également voté vendredi la baisse des aides à l'investissement dans les équipements photovoltaïques. Et leur suppression en Outre-Mer. Pour cette dernière, un bilan sera toutefois fait d'ici juin 2011 par une commission dédiée, a annoncé le Ministre François Baroin en réponse à la colère des députés de Guyane, Guadeloupe et Réunion face à cette suppression.
    Tarif électricité : vers une nouvelle hausse d'au moins 3% début 2011

    Réactions - Tarif électricité : vers une nouvelle hausse d'au moins 3% début 2011

    La CLCV appelle à la transparence
    Pour la CLCV, il y a un "manifeste manque de transparence, le consommateur ne doit pas être la seule variable d'ajustement, EDF doit également réaliser des gains de production (amélioration du taux d'utilisation des centrales nucléaires, abaisser les pertes sur les réseaux etc)", dénonce-t-elle dans un communiqué publié ce lundi. Par ailleurs, l'association souhaite une distinction entre entre le rachat d'énergie aux particuliers et celui au profit d'intérêts professionnels. Et de demander que "la Commission de Régulation de l'Energie, comme l'y autorise la loi, diligente un contrôle indépendant pour vérifier les demandes d'EDF" et que "face à de telles hausses des prix de l'énergie", - les eux hausses cumulées, celle de août et celle prévue, représenteraient +7% en sept mois - les pouvoirs publics entament "des négociations pour garantir l'accès pour tous aux services essentiel, ce qui passe par une refonte des tarifications (et des tarifs sociaux)". La CLCV demande enfin "un contrôle indépendant pour vérifier les demandes d'EDF"

    Pour la CNL, cette deuxième hausse est "inacceptable"

    Pour la Confédération nationale du logement (CNL), +6 à 7% en si peu de temps, c'est "du jamais vu depuis des décennies". Et d'appeler dans un communiqué "les consommateurs à se mobiliser pour refuser cette nouvelle hausse scandaleuse". La CNL note également que "les usagers qui ont installé des panneaux photovoltaïques sont floués car les économies réalisées sur leurs factures seront amoindries par la hausse de la Contribution au service public de l'électricité". Elle estime de plus qu'"il est scandaleux que les consommateurs comblent ce déficit d'EDF, entreprise qui réalise des profits importants, par ailleurs." La CNL précise enfin qu'elle a lancé une pétition pour demander le gel des loyers et le gel des prix des énergies.
    Pour le Syndicat des Energies renouvelables (SER), les EnR sont un "bouc émissaire habituel"
    Dans un communiqué, le SER dénonce le diagnostic ayant poussé à cette nouvelle hausse des tarifs et rappellent les éléments de coûts qui construisent ces charges de service public de l'électricité. La CSPE couvre ainsi les surcoûts liés : au financement de la production d'électricité à partir de la cogénération gaz ; à la péréquation tarifaire (c'est-à-dire le fait que les consommateurs des DOM COM paient un tarif identique aux consommateurs métropolitains malgré un coût de production de l'électricité plus important) ; au financement des énergies renouvelables électriques ; etc. Pour 2010, explique le SER "la Commission de Régulation de l'Energie rappelle que le financement des énergies renouvelables pèse pour 24 % de la taxe quand la cogénération gaz pèse 32 % et la péréquation tarifaire 41%". Même si le SER ne remet pas en compte le fait que la CSPE "ne suffit plus à couvrir les charges réelles de service public", le syndicat entend insister sur le fait que les EnR "si elles bénéficient d'un soutien financier à travers la CSPE, ne représentent pas aujourd'hui, à elles seules, une charge qui justifie l'augmentation de 3,2% de la facture électrique dont les médias se sont faits l'écho." Et de préciser qu'en "2010, les énergies renouvelables électriques auront coûté 6,3 euros par ménage."

    Enerplan : une "injustice"

    Même son de cloche chez l'association de professionnels Enerplan. "L'électricité solaire est faussement accusée." Et de souligner que la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) note dans son rapport d'activité 2009 à propos des charges prévisionnelles 2010 pour la CSPE, "une hausse significative des charges liées à l'obligation d'achat évaluées à près de 1 240 M€, dont 528 M€ au titre des énergies renouvelables. Les charges liées a la péréquation tarifaire sont également en augmentation et s'élèvent à 918 M€". "Les chiffres sont têtus et ne peuvent mettre en accusation la charge financière du photovoltaïque, pour justifier la prochaine augmentation de l'électricité", ajoute-t-elle. Avant d'appeler de ses vœux en conclusion, à avoir "une approche transparente des enjeux financiers (...) pour éclairer les Français et ne pas les laisser croire, que le rattrapage de la CSPE en 2011 soit imputable à l'achat d'électricité solaire. Accuser de nouveau le photovoltaïque est à la fois injuste et infondé."

    Ségolène Royal

    Côté politique, Ségolène Royal, présidente PS de la Région Poitou-Charentes, a estimé mercredi - dans une lettre à l'Elysée, relayée par l'AFP - qu'"Avec la nouvelle hausse des prix de l'électricité, le gouvernement se sert du prétexte des énergies renouvelables pour attaquer encore le pouvoir d'achat des ménages et augmenter les charges des entreprises". Pour elle, il s'agit de "relever progressivement les tarifs de 25% comme l'avait annoncé l'ancien président d'EDF". "Aujourd'hui, le gouvernement n'assume pas sa décision et EDF veut faire porter le chapeau aux énergies nouvelles, alors qu'il s'agit des coûts de production qui incluent les charges de renouvellement des centrales nucléaires", ajoute-t-elle, précisant que "le surcoût de construction du réacteur expérimental à fusion nucléaire Iter porte la facture globale à 15 milliards d'euros". Elle conclut enfin que cette hausse est pour elle, "le signe d'une remise en cause supplémentaire du Grenelle, un nouveau recul".
    Réactions - Tarif électricité : vers une nouvelle hausse d'au moins 3% début 2011
    Articles qui devraient vous intéresser
     
    Recevez gratuitement
    La newsletter Maison à Part
    L'e-magazine de l'habitat sous tous les angles
    Vous pouvez vous désabonner en un clic