Dans quatorze régions françaises, une consultation a réuni environ 1.500 personnes, tirées au hasard, toutes invitées à donner leur avis sur les grands thèmes de la transition énergétique. Les résultats seront analysés au mois de juin et discutés lors de la 8e séance plénière du Conseil national du débat.
Ce samedi 25 mai 2013, les citoyens français étaient appelés à participer au grand débat national sur la transition énergétique. Dans quatorze régions volontaires, en Métropole et Outre-Mer, plus de 1.100 citoyens ont ainsi répondu à 18 questions clés, après avoir reçu "
une information équilibrée", assure-t-on au ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie.
Les participants, recrutés au hasard par des instituts de sondage spécialisés, afin d'assurer la diversité des panels (âges, contexte résidentiel, catégories socioprofessionnelles), ne devaient pas être impliqués d'une manière ou d'une autre dans la transition énergétique, à titre professionnel ou militant.
En contrepartie, afin d'éclairer leurs choix, ils ont bénéficié, préalablement au débat, de l'envoi d'un livret d'information rédigé sous la supervision d'un conseil scientifique composé d'experts indépendants, et ont assisté à la projection de vidéos en séance, avant de débattre entre eux. Notons que le panel n'était pas statistiquement représentatif de la population française : "
A la différence d'un sondage, la méthode ne cherche pas à recueillir l'opinion des Français sur la transition énergétique, mais à faire émerger des positionnements de citoyens à travers l'information et la délibération", explique le ministère. L'ensemble des propositions constituera une contribution au débat national.
Il apparaît tout d'abord que les Français s'estiment relativement bien informés quant à la transition énergétique et ses enjeux : ils sont ainsi 94 % à déclarer connaître le sujet "un peu" (65 %) ou "bien" (28 %), 1 % s'estimant même "experts" en la question. Seuls 6 % reconnaissaient ne rien savoir, ou presque, de ces problématiques avant la tenue du débat.
Suite aux éclaircissements apportés, un tiers des personnes interrogées se sentaient encore "pas ou peu à l'aise", en termes de compréhension, tandis que les deux autres tiers étaient au contraire "assez ou très à l'aise". Répondant spontanément à la question ouverte de l'enjeu de la transition, les Français répondent majoritairement qu'il s'agit d'une chance de s'engager dans un modèle de société plus sobre et plus respectueux de l'environnement (66,5 %). Une opinion qui devance celle sur l'urgence de changer de modèle énergétique (47,5 %) et celles, plus économiques, sur l'opportunité d'investir dans de nouvelles filières créatrices d'emploi (32 %) qui permettraient de rétablir le déficit commercial en produisant en Europe (28 %).
Pour les participants, les principales motivations pour la France, seraient d'ordre environnemental (réduire la pollution et protéger la biodiversité ou les ressources, 37,5 %), devant la réduction des importations d'énergies fossiles (32 %) et devant le développement des énergies renouvelables (30 %). Interrogés sur leur capacité à agir pour cette transition énergétique, les Français estiment principalement pouvoir réduire leurs déplacements (45,75 %), loin devant la consommation courante (35 %) et les comportements quotidiens (34 %). Les questions d'isolation thermique du bâtiment et de
chauffage/
climatisation n'apparaissent que plus loin dans le classement (33 %). Il faut noter que plus de la moitié des citoyens se déclare en situation de précarité énergétique (11 %) ou dans la crainte de le devenir (43 %).
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Quelles décisions sont attendues du débat national ?
D'après les Français, les leviers les plus efficaces, afin de réduire la demande en énergie, seraient la mise à disposition de solutions technologiques innovantes (67 %), des mesures de soutien financier pour des travaux ou des achats d'équipements (63 %) et un accompagnement plus étroit des particuliers par le biais de conseils personnalisés et d'informations neutres (42 %).
Les freins évoqués comme retardant cette transition sont principalement d'ordre financier (39 %), de difficulté de mise en œuvre (35 %) et d'absence de garantie de rentabilité des investissements (32 %). De nombreuses personnes mettent également en avant un manque d'information ou de confiance sur les solutions déjà existantes.
Pour autant, les ménages ne se sentent pas en première ligne dans le combat pour la réduction de la consommation énergétique. Les participants au débat estiment, pour leur très grande majorité, que l'Etat devra montrer l'exemple (58 %), loin devant les industriels et les entreprises (50 %) et les collectivités (48 %). La capacité d'action des foyers français ne serait "que" de 32 %...
Cependant, les sondés se montrent bien conscients des graves conséquences d'une absence de changement de stratégie énergétique : ils estiment que ce serait faire porter aux générations futures cette responsabilité (49 %) et que le coût pour la France serait disproportionné, notamment vis-à-vis du pétrole (44 %). Entre 20 et 24 % des Français interrogés mentionnent également des risques sanitaires ou accidentels liés aux sources d'énergie existantes (nucléaire notamment). C'est pourquoi, les participants au grand débat national demandent, en priorité, le lancement d'un vaste programme de R&D national et européen (50 %) et une réorientation des investissements vers les énergies renouvelables dont les filières doivent être développées (46 %). Environ 39,5 % espèrent également une fiscalité verte, plus incitative. Nombreux sont les interrogés à estimer que l'Europe ou la France doivent encadrer politiquement la transition énergétique, même si la dimension "humaine", dans les bassins de vie (communes notamment), est également très bien représentée.
Terminant sur une touche d'espoir, les Français estiment à 49 % que le modèle énergétique qui émergera aura "des effets positifs sur l'environnement et la santé", et des effets d'ampleur sur l'emploi et l'économie (38,5 %). En tout, près des trois-quarts des participants pensent que les effets de la transition énergétique seront bénéfiques pour toute la société française. Seuls 7 % envisagent des conséquences négatives, pour eux ou pour la France.
L'ensemble des résultats de cette journée seront analysés au cours du prochain mois, avant d'être mis en discussion le 20 juin, lors de la 8e séance plénière du Conseil national du débat.
Quelles décisions sont attendues du débat national ?