On l'oublie souvent, mais le gaz, à son arrivée dans les appartements, a provoqué une révolution sans précédent. Seul témoin de cette époque de gloire, le panneau "Gaz à tous les étages" que l'on peut encore découvrir sur les façades de certains immeubles des grandes villes. Une exposition éponyme, organisée par l'Afegaz et Copagaz* à la bibliothèque Forney à Paris, revient sur "l'explosion" de cette énergie, de 1850 aux années 1920.

Le confort par le gaz

Retour vers le début du XIXème siècle. On se chauffe au charbon, on s'éclaire à la bougie ou à la lampe à pétrole, et on cuisine au bois. La révolution domestique est en phase de se produire, à la lueur de la flamme du gaz ! Cuisiner, se chauffer et s'éclairer ne sont plus des corvées, ni un luxe réservé aux foyers les plus aisés. Aux prémices de cette nouvelle énergie, on paie sa consommation de gaz au nombre de becs d'éclairage. Puis apparaissent les compteurs à sous, dans lesquels l'on glisse une pièce de dix centimes pour déclencher l'arrivée du gaz. Le jackpot, en quelque sorte ! Dès lors, les affiches publicitaires se multiplient pour vanter les atouts du gaz, comme le montre l'exposition.

Révolution sociale

Les maisons parisiennes profitent de l'âge d'or de l'industrie du gaz, et de la création de nouveaux appareils, pour s'équiper petit à petit. C'est l'avènement de la gazinière (dès 1835) et de la lampe à gaz. Les chauffages individuels décorés sont des objets que le particulier est fier de montrer à son voisin. Plus qu'une révolution technologique, l'arrivée du gaz est un bouleversement social ! Vivre dans un immeuble où le gaz est raccordé à tous les étages est la nouvelle preuve de réussite. En parallèle de l'arrivée du gaz, celle de l'eau courante dans les immeubles entraîne, quant à elle, des changements dans la salle de bains. Chauffe-eau au gaz et chauffe-bains s'associent à des baignoires du plus bel aspect, pour apporter aux familles "un grand bain chaud en quelques minutes", comme le clame les publicités. Le confort domestique à portée de tous...

La ville se met au gaz

La ville aussi change d'aspect grâce à cette nouvelle technologie. Dès le début du XIXème siècle, l'éclairage public parisien abandonne la lampe à huile pour s'équiper ses réverbères de lampes à gaz, qu'il faut allumer et éteindre manuellement chaque jour. On compte pas moins de 32.000 réverbères au gaz en 1870 dans la capitale. On est encore loin de l'éclairage public électrique commandé à distance, mais la sécurité est déjà grandement améliorée. C'est justement l'électricité qui sonne le glas de l'éclairage au gaz, aux alentours de 1925. Pourtant, certains lieux parisiens, comme la place de la Concorde, conserveront leurs réverbères au gaz jusque dans les années 50. Encore une fois, une marque de prestige ! * Association Flamme européenne du gaz (Afegaz) et l'association Conservation du patrimoine gazier (Copagaz). Exposition Gaz à tous les étages - La naissance du confort (1850-1920) jusqu'au 28 janvier 2012 Bibliothèque Forney 1, rue du Figuier 75004 Paris www.bibliotheques.paris.fr