L'Académie des Sciences a publié un rapport intitulé "La recherche scientifique face aux défis de l'énergie" qui dresse le portrait du futur équilibre entre énergies fossiles, nucléaire et énergies renouvelables. L'institution fait neuf recommandations dont une qui vise à reconsidérer les gaz de schistes.
Le Comité de prospective en énergie de l'Académie des Sciences a présenté un rapport sur la transition énergétique au moment où le débat national sur la question s'organise. Ce document de 248 pages, propose un éclairage sur les défis que pose chaque type de ressource, aussi bien le nucléaire, que les énergies fossiles et les renouvelables. L'Académie fait neuf recommandations portant sur les difficultés à résoudre : intermittence des énergies nouvelles, stockage massif de l'énergie, développement du nucléaire, utilisation efficace des sources fossiles... Elles appellent à un renforcement des recherches nécessaires pour réussir la transition en respectant les objectifs économiques et en garantissant l'indépendance énergétique de la France.
Pour le solaire à concentration et l'éolien, le rapport met l'accent sur le développement de stratégies d'insertion de l'électricité intermittente, diffuse et foisonnante dans le réseau centralisé, notamment à l'aide de réseaux intelligents (smart grids) et de méthode de stockage. La puissance et la stabilité des courants marins pourraient également être utilisées par des hydroliennes, si les difficultés techniques liées à la tenue à la mer des équipements venaient à être résolues. Concernant le photovoltaïque, c'est l'exploitation plus efficace et plus large du spectre solaire qui doit être explorée. Le stockage de l'énergie doit être envisagé non seulement sous la forme de stations de transfert par pompage (STEP) mais également par des procédés chimiques (hydrogène, réduction du CO2) et électrochimique (batteries).
Le secteur nucléaire est également évoqué par le rapport de l'Académie qui souligne sa production massive d'électricité de façon continue sans émission de CO2. "
Elle est exploitée en France dans les meilleurs conditions", mentionne le document qui renchérit : "(elle)
paraît indispensable pour répondre à la demande et assurer la transition énergétique vers une réduction de la consommation des énergies fossiles". Les scientifiques encouragent donc la poursuite de la recherche sur l'amélioration continue de la sûreté, la gestion des déchets, les réacteurs de nouvelle génération et la préservation de la maîtrise totale du cycle du combustible.
Enfin, concernant les combustibles fossiles, encore largement consommés en France, l'Académie estime qu'il "
serait utile de reprendre le dossier des gaz de schistes et de réexaminer les conditions d'une extraction qui permettrait de réduire, au moins partiellement, (la)
facture et la dépendance de la France par rapport aux pays producteurs de gaz et de pétrole". Rappelons que le Président de la République a annoncé sa ferme opposition à cette source d'énergie potentielle. Le rapport appelle toutefois à l'évaluation des réserves du sous-sol national et à la minimisation de l'impact environnemental. Sébastien Candel, président du Comité, affirme que des précautions pourraient être prises pour "
une exploitation propre". Il évoque notamment des tubages et des forages consolidés pour réaliser la fracturation hydraulique des roches dans de bonnes conditions, afin d'éviter les fuites et la pollution des nappes phréatiques, des phénomènes qui inquiètent la population.
L'Académie des Sciences apporte sa contribution au débat sur la transition énergétique