immeubles parisiens © Kiko - MAP
D'ici à la fin de l'année, 100 appartements d'une résidence HLM du 15e arrondissement parisien vont être équipés de radiateurs très particuliers. Leur source de chaleur est constituée de... processeurs de calcul. Car plutôt que de les concentrer dans des serveurs informatiques regroupés dans des "centres de calcul" climatisés et énergivores, la société Qarnot Computing a choisi de les disperser dans des logements où ils prennent la place des radiateurs électriques classiques.
La chaleur dégagée par l'exécution de calculs permet donc de chauffer - gratuitement - les habitations et locaux professionnels. Le dispositif décentralisé reçoit les paquets de données à traiter par le réseau Internet où une plateforme, nommée "Q.Ware", les répartis de manière sécurisée sur les milliers de processeurs du parc. Plus les calculs sont importants, plus le radiateur chauffe. Mais le résident du logement garde le contrôle grâce à un thermostat de régulation qui permet d'adapter la puissance de calcul en fonction de la température souhaitée.
Cette idée de distribution des calculs, déjà expérimentée avec des projets comme Seti@home, est ici poussée encore plus loin avec l'installation d'unités dédiées qui servent donc de
chauffage individuel et pas d'ordinateurs personnels. Pour le locataire, "
cela ne change rien, il utilise son radiateur comme un radiateur classique, et le chauffage est gratuit", puisqu'il est financé par la commercialisation de l'opération informatique, explique Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris chargé de l'Innovation et de la recherche.
Le calcul intensif pourra être utilisé dans des domaines aussi variés que la recherche médicale, les prévisions climatiques ou les films d'animation en 3D. Mais que se passe-t-il l'été, lorsque les occupants ne souhaitent pas se chauffer ? D'autres calculateurs, installés, eux, dans des data centers, prennent le relais afin d'assurer le traitement des données informatiques.
Les data centers, qui ne disparaîtront donc pas, bénéficient également d'initiatives de récupération de la chaleur générée par des réseaux urbains,
à l'image de ce qui s'est fait à Paris-Val d'Europe. Selon Qarnot Computing, il existerait aujourd'hui plus de 200 de ces centres de calcul en France qui consommeraient plus de 7 % de l'électricité nationale pour alimenter et refroidir leurs processeurs.