A quand le chauffage durable ?

    Publié le 10 octobre 2007 par Propos recueillis par Céline Chahi.
    Hervé Thelinge - Président d'Energies et Avenir
    Hervé Thelinge - Président d'Energies et Avenir © Hervé Thelinge - Président d'Energies et Avenir
    L'association Energies et Avenir, spécialisée dans la promotion du chauffage durable, a demandé à la société Batim-Etudes de réaliser une enquête* sur le mode de chauffage dans les logements neufs. Hervé Thelinge, son président, commente les résultats obtenus…
    Maison à Part : Pourquoi avoir cherché à en savoir plus sur les choix énergétiques des particuliers et des professionnels dans les logements neufs ?
    Hervé Thelinge : Chaque système de chauffage retenu dans le résidentiel tertiaire neuf sera celui des vingt à vingt-cinq prochaines années et les choix réalisés aujourd'hui dans les nouveaux logements nous engagent pour le siècle à venir. Il est donc important de comprendre ce qui motive, ou décourage, celui qui prend la décision du système de chauffage.
    MAP : D'après l'étude réalisée par Batim-Etudes, l'électricité reste la solution de chauffage la plus utilisée par les constructeurs et les particuliers…
    H.T : Oui, effectivement. Aujourd'hui, l'électricité est implantée dans 60% des logements neufs. La France d'ailleurs le seul pays en Europe où l'on assiste à un développement massif du chauffage électrique direct.
    MAP : Quelles sont les conséquences d'un tel choix ?
    H.T : Selon le rapport de l'OPECST publié en juillet 2006, si cette tendance devait perdurer, la production d'électricité en France devrait être multipliée par 4 en 2050. Le gros problème, c'est que l'électricité utilisée pour le chauffage est produite par des centrales thermiques, fortement émettrices en gaz à effet de serre. En 2003, une note de l'ADEME et l'EDF précisait que, pour produire un KWatt d'électricité, on émettait 180 grammes de gaz carbonique. Aujourd'hui, nous en sommes à 250 voire 300 grammes, c'est dire l'urgence de changer de mode de chauffage !
    MAP : Le chauffage central à eau chaude est l'une des alternatives à l'électricité. Pouvez-vous nous en parler ?
    H.T : Le chauffage à eau chaude fonctionne grâce à un générateur qui chauffe une boucle dans laquelle circule de l'eau. Cette eau, chauffée entre 30° et 50°, est distribuée aux différents émetteurs de chaleur se trouvant dans les pièces, que ce soient des radiateurs ou des planchers chauffants. Comme le générateur de chaleur, à la base de l'installation, peut être une chaudière, des panneaux solaires, une pompe à chaleur ou une cogénération, le chauffage à eau chaude est multi énergies. En fait, il constitue une véritable terre d'accueil pour les énergies renouvelables et les technologies de demain. Il dispose également d'un potentiel d'amélioration énergétique sans équivalent et allie performance économique et confort.
    MAP : Pour quelle raison les particuliers pourtant de plus en plus concernés par les problématiques environnementales continuent-ils à opter pour l'électricité ?
    H.T : On s'est aperçu que 60 % des français rêvent d'un chauffage écologique, comme la géothermie et le solaire, mais qu'ils ne peuvent pas se le payer. Pour vous donner un ordre d'idées, il faut compter aujourd'hui 15.000 € pour se faire installer un système de chauffage central à eau chaude, un budget jugé trop coûteux par les particuliers. J'ai été très surpris de constater que la protection de l'environnement est dans tous les esprits mais qu'elle s'efface devant un problème de financement.
    MAP : Quelles solutions proposez-vous pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ?
    H.T : Nous sommes pour un rééquilibrage du bouquet énergétique et la création d'un observatoire des émissions de Co² par système de chauffage. A partir du moment où l'on saura qui émet quoi, on pourra mettre en place des aides financières comme le crédit d'impôts. Aujourd'hui, dans un logement neuf, l'installation d'une pompe à chaleur est prise en charge à 50 % par l'Etat. Ce n'est pas le cas pour une chaudière à condensation alors que leur performance, en termes de consommation d'énergie primaire, est comparable ! Ce n'est pas normal !
    * Etude réalisée par Batim-Etudes auprès de 400 particuliers ayant obtenu l'autorisation de construire une maison neuve isolée au premier semestre 2007 et 160 professionnels (promoteurs privés et publics, société de construction de maisons individuelles).
    Energies et Avenir : une association pour la promotion du chauffage durable
    L'association présidée par Hervé Thelinge regroupe l'ensemble des professions de la filière du chauffage à eau chaude. Elle réunit les fournisseurs d'énergies, les organisations professionnelles du bâtiment, de l'exploitation maintenance et entretien, ainsi que les fabricants et distributeurs d'équipement. Sa mission ? Promouvoir le chauffage durable en proposant, avec les acteurs concernés, des solutions permettant de relever les défis énergétiques et environnementaux à venir. En relation directe avec tous les acteurs du monde de l'énergie et du logement, elle veille à leur mise en œuvre et à leur suivi.
    A quand le chauffage durable ?
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