La France consomme moins d'électricité, mais elle est plus verte

    Publié le 2 février 2015 par G.N.
    Moins d'électricité consommée et plus de courant provenant des énergies renouvelables. Tel est le bilan dressé par RTE, le gestionnaire du réseau électrique national, pour l'année 2014. Cette dernière a été particulièrement marquée par une météo clémente, une activité ralentie et par les premiers effets des mesures d'économies d'énergie. Panorama avec Dominique Maillard, le président de RTE.
    "La consommation électrique française a régressé de -6 % en 2014, à 465,3 TWh, ce qui nous ramène à un niveau comparable à celui d'une douzaine d'années en arrière", déclare d'emblée Dominique Maillard, le président de RTE, lors de la présentation du bilan électrique national de l'année écoulée. "Ce résultat est la caractéristique des conditions météorologiques, d'une croissance faible et d'un recul de la demande lié aux mesures d'économies d'énergie", analyse-t-il.
    Corrigée des "aléas climatiques" - la France étant le pays le plus thermosensible d'Europe du fait de la prédominance des chauffages électriques avec un ratio estimé à +2.400 MW de surconsommation par °C en moins - la consommation affiche tout de même une légère baisse de -0,4 % par rapport à 2013. Tous les grands secteurs de l'économie ont été touchés : "La consommation de la grande industrie a marqué un palier (67,4 TWh) tandis que les PME/PMI, professionnels et particuliers ont réduit la leur par une maîtrise de la demande (392,4 TWh). Ce n'est pas un phénomène isolé, il est identique chez nos voisins européens", précise le président de RTE. La consommation électrique a, par exemple, reculé de -4,1 % en Allemagne et de -2,7 % en Italie.

    Recul des fossiles et progression des renouvelables

    Du côté de la production, le fait marquant de 2014 est l'essor marqué des énergies renouvelables. "Elles ont presque atteint les 20 % de la consommation française (28 TWh)", annonce Dominique Maillard. "Cela traduit une progression des capacités de l'éolien, du photovoltaïque et de la biomasse, ainsi que des conditions particulières, notamment une bonne hydraulicité". Car l'hydroélectricité, avec une puissance installée de 25,4 GW (stable) et des conditions climatiques adéquates, est devenue la deuxième source d'énergie dans le mix français, derrière le nucléaire (parc installé de 63 GW, stable). Elle dépasse désormais la capacité électrique issue des combustibles fossiles (parc de 24,4 GW, -5 %). "Comme l'année a été douce, la sollicitation a été faible (17,7 TWh, -40 %). Et la régression a été plus marquée pour le charbon que pour le gaz, ce qui est une bonne nouvelle pour les émissions de CO2", relate le président de RTE. De fait, la production des centrales à charbon - dont plusieurs unités ont été fermées - a plus fortement diminué (-58 %) que celle des centrales à gaz (-28 %).
    Les EnR gagnent donc du terrain : le parc éolien français a franchi les 9 GW de puissance installée avec près de 1 GW de capacités nouvelles raccordées en 2014, tout comme le photovoltaïque qui gagne également presque 1 GW pour atteindre les 5 GW de puissance cumulée. "On voit une reprise des mises en service, des installations et des connexions au réseau", affirme Dominique Maillard qui annonce que l'éolien a produit 17 TWh de courant l'an passé, et que le solaire a frisé les 6 TWh. Conséquence de cette tendance à la baisse des consommations fossiles conjuguée à l'essor des renouvelables : l'électricité française est décarbonée. "Les émissions de CO2 sont en baisse de -41 % par rapport à leur niveau en 2013". Elles ont été de 19 millions de tonnes équivalent gaz carbonique.
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    La France consomme moins d'électricité, mais elle est plus verte

    La France, championne d'Europe de l'export d'électricité

    RTE
    RTE © RTE - DICAP
    "2014 a également été une année d'échanges importants, avec un solde positif de 65 TWh pour la France, ce qui ne constitue pas un record mais reste une bonne année", poursuit le président de RTE. Le pays reste, de loin, le plus grand exportateur d'électricité en Europe (92,4 TWh exportés ; 27,3 TWh importés), loin devant l'Allemagne dont le solde positif s'établit à 35 TWh. La France est largement exportatrice à l'égard de l'Italie, de la Belgique dont la moitié du parc nucléaire est à l'arrêt pour de l'entretien, de la Grande-Bretagne ou de la Suisse. En revanche, elle importe de l'électricité d'Allemagne où les prix de gros sont parfois moins élevés. "D'où un solde négatif avec ce pays de -6 TWh", précise Dominique Maillard. L'utilisation soutenue des interconnexions se confirme, justifiant la nécessité d'adaptation du réseau français à ces échanges et ces flux changeants. RTE annonce avoir investi 1,37 Mrd € en 2014, dont un tiers pour le renouvellement des installations, mais également pour le financement de grands projets, comme l'interconnexion avec l'Espagne. Ce "serpent de terre dont on parlait depuis 25 ans", et qui doit être inauguré le 20 février prochain en présence de Manuel Valls, doublera la capacité d'échange de part et d'autre des Pyrénées (2.800 MW). Une capacité équivalente aux autres (Allemagne ou Belgique) mais encore insuffisante pour l'Espagne qui entend la porter à 4.000 MW, peut-être avec la création d'une liaison sous-marine dans le golfe de Gascogne. En cause, la position géographique de la péninsule ibérique qui n'est arrimée au continent européen que par la France.

    Des interconnexions à multiplier

    "Et il y aura de nouvelles interconnexions dans le futur", assure le président de RTE qui annonce que l'objectif est de doubler les capacités d'échanges françaises à l'horizon de 2030 en les portant de 12.000 à 25.000 MW. A l'intérieur même du territoire, le maillage pour soutenir les renouvelables serait à des degrés d'avancement variable, en avance pour le photovoltaïque mais en retard pour l'éolien. Interrogé sur le "mécanisme de capacité" qui doit garantir aux consommateurs la réponse à leurs besoins par des moyens de production et/ou des mesures d'effacement, Dominique Maillard a précisé qu'il serait opérationnel à l'hiver 2016-2017. L'ensemble des fournisseurs français devront alors justifier de moyens de production propres ou contractualisés. Il a insisté sur l'effort d'harmonisation européenne entrepris afin de rendre cohérents les différents dispositifs nationaux. "L'énoncé est simple mais le dispositif complexe car tous les pays ne mettent pas la même chose derrière", conclut-il.
    Rassurant sur la sécurité d'approvisionnement, il a également évoqué la demande de Ségolène Royal d'une révision de ce critère, vieux de 30 ans, afin qu'il devienne encore plus exigeant. Pour l'heure exprimé au moyen d'une "espérance mathématique de temps de coupure" devant être inférieur à 3 heures, il devrait être renforcé afin d'illustrer une exigence de qualité accrue de la part des consommateurs français.
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