L'association UFC-Que choisir présente la nouvelle édition de sa carte de France des eaux potables. Deux ans après la précédente étude, le constat varie peu : près d'1,5 millions de Français continuent de consommer une eau non conforme aux normes, contenant pesticides, nitrates, aluminium et autres polluants.
Quelle eau coule réellement aux robinets des Français ? C'est la question que posent depuis des années les associations de consommateurs. Après
le plomb,
le bisphénol A et
les résidus de médicaments, ce sont les pesticides et les nitrates qui sont pointés du doigt par l'UFC-Que choisir. L'organisme présente aujourd'hui
une nouvelle carte de France interactive de la qualité de l'eau, deux ans après la première.
Et le bilan reste mitigé, selon l'association. Si près de 300.000 Français supplémentaires bénéficient aujourd'hui d'une eau conforme à la réglementation, pas moins d'1,5 millions de particuliers devraient se contenter d'une eau dont la qualité ne respecte pas les normes en vigueur.
Les foyers lésés sont répartis sur l'ensemble du territoire, en fonction du type de pollution : bassin parisien et Nord - Pas-de-Calais (pesticides), massifs Armoricain et Central (radioactivité), Champagne-Ardenne (nitrates), etc. Mais, quelle que soit la pollution, elle touche principalement des réseaux situés en zones rurales.
Au final, c'est tout de même 98% de la population qui est fournie en eau potable toute l'année.
"Cette amélioration notable ne saurait masquer les deux errements de la politique de l'eau en France, à savoir les 1.480.000 consommateurs qui continuent à payer pour une eau non conforme, explique l'association dans un communiqué.
Mais aussi, et surtout, une bonne qualité de l'eau potable en trompe l'œil, puisqu'obtenue au forceps".
Sans surprise, et sans changement
depuis la précédente édition de l'étude en 2012, l'agriculture reste la principale cause de pollution, pour 63% des eaux non conformes, selon l'UFC. 900.000 consommateurs boiraient ainsi quotidiennement une eau contaminée aux nitrates, sélénium ou autres produits phytosanitaires, en particulier dans les zones hautement agricoles, comme la Seine-et-Marne, le Val d'Oise, le Nord, le Loiret, mais aussi la vallée du Rhône et une partie du Sud-Ouest.
Les zones de grandes cultures fortement irriguées connaissent, quant à elles, une pollution au sélénium, à l'image de l'Essonne, l'Eure-et-Loir, l'Indre, l'Indre-et-Loire, la Marne, la Vienne, etc. Certaines eaux présentent, par ailleurs, une trop forte radioactivité. C'est le cas en Ille-et-Vilaine, dans la Creuse, en Corrèze et en Haute-Vienne notamment.
Enfin, l'UFC-Que choisir pointe du doigt les mauvais traitements des eaux usées. 110.000 particuliers consommeraient ainsi une eau contenant trop d'aluminium, faute d'avoir été correctement traitée. De nombreux prélèvements présenteraient, par ailleurs, des taux de bactéries trop importants.
"Pour ces deux types de pollutions, nous sommes dans le cas de figure où des installations de traitement de l'eau de faible capacité sont mal réglées, car insuffisamment contrôlées" explique l'association. Là encore, les foyers concernés se trouvent en grande majorité en zone rurale.
En conclusion, l'UFC-Que choisir réclame la mise en application de plusieurs obligations imposées par le Grenelle de l'environnement, notamment la protection de 500 sources d'eau potable prioritaires, grâce à une agriculture utilisant moins de produits phytosanitaires.