Alors que le marché de l'énergie subit une crise sans précédent, les consommateurs subissent de plein fouet la hausse du prix du gaz et de l'électricité. Entre tarifs qui explosent et fournisseurs alternatifs qui se retirent parfois du marché, il n'est pas évident de savoir à quel saint se vouer. D'autant que les incertitudes sont encore accrues par la situation géopolitique. Alors changer de fournisseur d'énergie est-il encore rentable ? Et surtout, comment choisir son offre ?

Gaz, électricité : une offre beaucoup moins étoffée

C'est aussi l'un des signes les plus frappants de cette crise de l'énergie : la diminution du nombre d'offres. En effet, si vous avez déjà utilisé un comparateur pour changer de fournisseur d'énergie et que vous avez récemment fait une nouvelle recherche, peut-être avez-vous eu le sentiment d'avoir moins de choix. Ça n'est pas seulement une impression : l'offre est beaucoup moins riche.

Caroline Keller, cheffe du service information et communication du Médiateur national de l'énergie, le confirme : "par rapport à l'été dernier, il y a environ deux fois moins d'offres". Cela s'explique par l'explosion des prix sur le marché de gros. De ce fait, certains fournisseurs se sont retirés du marché : par exemple Leclerc qui a mis fin à son activité sur la fourniture d'électricité, GreenYellow (CDiscount) qui a décidé de se séparer de tous ses clients gaz, Barry qui a arrêté ses activités en France ou encore Bulb qui a fait faillite.

Quant aux fournisseurs qui restent sur le marché, la plupart ont modifié leurs offres et ont arrêté de commercialiser certaines d'entre elles. Enfin, d'autres ont choisi de conserver leurs clients mais de ne plus en recruter de nouveaux.

Changer de fournisseur d'énergie : cela vaut-il encore le coup ?

Les consommateurs qui souhaitent changer de fournisseur d'énergie ont donc beaucoup moins de choix. Quant aux offres proposées, elles sont aussi bien moins attractives. Gersende de Sabran-Pontevès, cofondatrice du comparateur français Hopenergie, suggère de prêter attention à l'offre de Vattenfall, à -5% sur l'électricité et le gaz : "pour nous c'est l'offre la plus intéressante actuellement". Tout en remarquant toutefois que ce gain s'applique seulement sur le prix du kWh, pas sur la facture totale (qui comprend également des taxes et le prix de l'abonnement).

Toutefois, ces tarifs n'ont rien de comparable aux offres pratiquées il y a un an. Selon elle, certaines permettaient d'économiser jusqu'à 17%. Caroline Keller fait le même constat : il existe seulement quelques offres moins chères que les tarifs réglementés, qui permettent d'alléger sa facture d'environ 3 ou 4%.


Malgré tout, ces quelques pourcents de moins sur les prix peuvent toujours s'avérer bienvenus, surtout pour certains consommateurs qui ont vu leur facture s'alourdir de manière conséquente. D'ailleurs, Gersende de Sabran-Pontevès constate qu'il y a beaucoup de mouvements en ce moment : "il y a beaucoup d'activité parce que les gens voient leur facture grimper, de près de 40% pour certains. Donc les gens comparent et ont tendance à changer de fournisseur".

Plutôt que d'attendre de voir comment les choses évoluent, de nombreux consommateurs s'intéressent donc au marché de l'énergie et sautent le pas. La spécialiste rappelle en outre que c'est simple, rapide et qu'on peut changer de fournisseur aussi souvent qu'on le souhaite.

Electricité, gaz : quelles offres choisir pour payer moins cher ?

Sachant cela, faut-il conserver son offre de gaz au tarif réglementé ou la quitter ? "Sauf si le marché se débloque, mieux vaut rester aux tarifs réglementés jusqu'au bout" conseille Gersende de Sabran-Pontevès.

Si jamais on a déjà opté pour un fournisseur alternatif, "ça n'est pas dramatique, il existe quelques offres moins chères que les tarifs réglementés" explique de son côté Caroline Keller. Parmi celles-ci, l'offre de Vattenfall, indexée sur les tarifs réglementés et identifiée par Hopenergie, mais également une offre d'EDF à prix fixe 4 ans, moins chère que les tarifs réglementés. On en trouve également une chez Total Energies.

En ce qui concerne l'électricité, il est également possible de trouver quelques offres un peu moins chères que les tarifs réglementés. "Quant aux offres à prix fixe, actuellement il n'y en a pas de plus avantageuses que les tarifs réglementés" selon Caroline Keller.

D'ailleurs, concernant ces offres à prix fixe, qui peuvent sembler rassurantes en cette période, Hopenergie met en garde : "les offres à prix fixe ne tiennent pas forcément en cas de grave crise".

Selon le comparateur, la situation pourrait se débloquer cet été et les fournisseurs devraient être en mesure de proposer à nouveau des offres un peu plus attractives.


Comparatif offres d'électricité : coûts estimés sur 12 mois avec le comparateur du Médiateur national de l'énergie (puissance souscrite : 9 kVA, conso annuelle : 10 000 kWk).

En gras, sur la première ligne, l'offre de référence (tarif réglementé).

Nous avons éliminé les offres indexées sur les prix de marché.



Comparatif offres de gaz : coûts estimés sur 12 mois avec le comparateur du Médiateur national de l'énergie (conso annuelle : 17 000 kWk).

En gras, sur la première ligne, l'offre de référence (tarif réglementé).

Fuir les offres indexées sur les prix de marché

Que l'on conserve les tarifs réglementés ou que l'on opte pour un fournisseur alternatif, les recommandations du Médiateur national de l'énergie sont catégoriques : pour le gaz comme pour l'électricité, "en ce moment, il ne faut pas souscrire d'offres indexées sur les prix de marché et pour les consommateurs qui avaient souscrit ce type d'offres en 2020 ou en 2021, il faut en changer".

Car les prix étant très élevés sur les marchés de gros, certains consommateurs vont payer très cher leur énergie ; certains risquent d'ailleurs de s'en rendre compte en payant d'importantes factures de rattrapage.

Vérifiez le prix du kWh sur vos factures pour éviter les mauvaises surprises

Il est vivement recommandé à tous ceux qui avaient souscrit une offre auprès d'un fournisseur alternatif de vérifier leurs factures, notamment d'y regarder le prix du kWh, qui a beaucoup augmenté chez la plupart d'entre eux.

Caroline Keller prévient d'ailleurs : "certains consommateurs ont reçu des mails ou des courriers de leur fournisseur leur annonçant qu'il augmentait fortement les prix. Les fournisseurs ont le droit de le faire s'ils préviennent les consommateurs un mois à l'avance".

Des avertissements à prendre au sérieux - d'autant que "ce ne sont pas des hausses classiques", selon elle. "Si les fournisseurs avertissent leurs clients, cela signifie que ce sont vraiment des hausses substantielles".