S'isoler dans les règles de l'art

    Publié le 10 avril 2008 par Propos recueillis par Céline Chahi
    L'isolation thermique est un moyen efficace de faire baisser nos consommations énergétiques tout en limitant les émissions de gaz à effet de serre. Encore faut-il installer le bon isolant au bon endroit ! Bernard Abraham, chef du service hygrothermique des ouvrages au sein du CSTB rappelle les règles à respecter pour isoler correctement sa maison.
    Maison à Part : Pourquoi faut-il isoler sa maison ?
    Bernard Abraham : Isoler sa maison est important pour limiter les consommations de chauffage en hiver et se prémunir des excès de chaleur en été. L'isolation contribue également à diminuer les émissions de gaz à effet de serre, plus particulièrement lorsque le chauffage fait appel à une énergie fossile comme le fioul ou le gaz naturel. Dans un bâtiment existant, pour éviter les déperditions, on privilégie l'isolation des combles et des fenêtres anciennes. Il convient également d'isoler les murs et les planchers bas. Généralement, en doublant l'épaisseur de l'isolant, on divise par deux les déperditions.
    MAP : Alors justement quel est le rôle d'un isolant thermique ? Quelles propriétés techniques doit-il posséder ?
    B.A : Son rôle principal est de limiter, grâce à sa faculté d'emprisonner de l'air, les transferts de chaleur dans les parois du bâtiment. Mais, en plus de cette résistance thermique, il peut posséder d'autres propriétés techniques : résistance au feu, résistance mécanique, isolement acoustique... En tout, on recense une quarantaine de propriétés ! Elles sont à prendre en compte au moment du choix de l'isolant et à mettre en perspective avec le système d'isolation et le type paroi. Il convient avant tout d'obtenir une très bonne étanchéité à l'air des parois, sinon l'isolation n'apporte pas tout le bénéfice attendu.
    Schéma présenté dans la brochure de la direction générale de l'Urbanisme de l'Habitat et de la Construction sur la RT 2005.
    déperditions thermiques - isolation © www.logement.gouv.fr
    Schéma présenté dans la brochure de la direction générale de l'Urbanisme de l'Habitat et de la Construction sur la RT 2005.
     MAP : Y-a-t-il des labels ou des certifications permettant d'être sûr des performances de son isolant ?
    B.A : Oui, absolument. Les particuliers peuvent se référer à la certification ACERMI (Association pour la certification des matériaux isolants)qui donne les caractéristiques de plus de 350 produits courants actuellement disponibles sur le marché. Il est important de préciser que cette certification est une vérification effectuée par un organisme tiers indépendant. Ils peuvent également consulter les Avis Techniques émis par des groupes d'experts pluripartites et publiés par le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) portant notamment sur les nouveaux procédés d'isolation. Ces Avis Techniques peuvent être téléchargés gratuitement à partir de la rubrique "Avis Technique/Isolation thermique" sur le site : www.cstb.fr
    MAP : Quels sont les différents types d'isolant actuellement disponibles sur le marché ? Quel est celui le plus utilisé dans les constructions neuves ?
    B.A : On dénombre actuellement trois grandes familles d'isolants thermiques pour les parois de bâtiment : les laines minérales - laines de verre, de roche et de laitier -, les plastiques alvéolaires - mousse de polystyrène expansé (moulé ou extrudé), de polyuréthanne et mousse phénolique - et les isolants d'origine animale ou végétale à base de cellulose, de liège, de fibres de bois, laine de bois, chanvre, coton, plumes, laine de mouton, etc. En outre il existe le verre cellulaire, la perlite et l'argile expansée. Les produits réfléchissants constituent des compléments d'isolation le plus souvent, en raison de leur faible épaisseur. Les laines minérales et les plastiques alvéolaires représentent, en construction neuve, plus de 80% des isolants, principalement en raison de leur bon rapport qualité/prix dans de nombreuses applications. A noter que certains matériaux de construction, comme le béton cellulaire et les briques multi-alvéolaires, font à la fois office de matériaux de structure et d'isolation.
    MAP : On entend souvent parler de pare-vapeur. Est-il obligatoire et quel est son rôle ?
    B.A : Le pare-vapeur est un écran qui limite les transferts de vapeur et qui, en général, lorsqu'il est placé côté intérieur, évite la formation de condensation dans les parois. Selon le type de paroi et d'isolant, il peut être requis. Là encore, il faut se référer aux Avis Techniques qui indiquent si sa présence est nécessaire ou pas, son niveau de performance et sa mise en œuvre.
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    Le Relais - isolant métisse
    Le Relais - isolant métisse © Le Relais
    MAP : Faut-il craindre les impacts de certains isolants sur la santé et sur l'environnement ?
    B.A : Il existe une réglementation à laquelle tous les produits doivent répondre. Les produits non conformes sont interdits à la vente. Il faut bien lire les étiquettes figurant sur le produit par exemple les précautions à prendre lors de la pose, les indications concernant le port des gants et du masque, nécessaire pour certains produits. Il existe en outre des Fiches de Déclarations Environnementales et Sanitaires (en cours de validation) qui résument les impacts de chaque produit.
    MAP : Le Groupe Spécialisé n°20 de la Commission chargée de formuler des Avis Techniques a mis il y a quelques mois en garde contre certaines applications des produits minces réfléchissants (PMR). Quel type de produit est-ce et où trouver les informations le concernant ?
    Les produits minces réfléchissants sont constitués d'une ou plusieurs feuilles d'aluminium ou aluminites, et de couches intercalaires en divers matériaux : mousse, films à bulles, ouate minérale, synthétique, d'origine végétale ou animale. Ces produits se présentent le plus souvent sous forme de rouleaux et présentent une épaisseur en général comprise entre 1 et 30 mm. La note d'information n°1 du GS n°20 ainsi que les 25 premiers Avis Techniques peuvent être téléchargés sur le site du CSTB. Les Avis Techniques ainsi que la note d'information précisent les conditions d'utilisation afin d'obtenir les performances optimales de ces produits dans leur emploi.
    MAP : Que penser des matériaux isolants dits "écologiques" de type chanvre, fibres de bois, ouate de cellulose, fraîchement débarqués sur le marché ?
    B.A : Il faut d'abord noter qu'il n'existe pas définition d'un isolant « écologiques », tous les isolants ayant un impact positif sur l'environnement du fait des économies d'énergie obtenues pendant la durée de vie d'un bâtiment. On utilise plutôt le terme d'isolants à base de fibres végétales ou d'origine animale. Comme les autres isolants ils doivent être utilisés à bon escient, autrement dit il faut utiliser le bon produit au bon endroit. Environ 25 de ces produits bénéficient d'une certification ACERMI, c'est notamment le cas pour le liège, les fibres de bois, la laine de bois. Pour, les fibres végétales et d'origine animale les travaux sont en cours. Par ailleurs une douzaine d'Avis Techniques portant sur la ouate de cellulose, le chanvre, le coton, les plumes et la laine de mouton ont déjà été rendus et d'autres sont en cours.
    MAP : De plus en plus de maisons sont isolées par l'extérieur. Quel intérêt ?
    B.A : L'isolation par l'extérieur permet de gagner de la place en mur ou en toiture, cela peut-être intéressant notamment lorsque l'on se trouve dans le cadre d'une rénovation. En contrepartie, elle nécessite souvent une plus grande technicité.
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    ISOLATION - maison - chantier
    ISOLATION - maison - chantier © MAP
    MAP : Comment connaître l'épaisseur d'isolant à installer ?
    B.A : Tout dépend du budget, du temps de retour souhaité, des apports autres qu'énergétiques et des contraintes techniques ou architecturales. Pour réduire ses factures énergétiques plus le prix de l'énergie augmente, plus de fortes épaisseurs deviennent rentables, d'autant que le prix des matériaux devient souvent secondaire (c'est le cas de l'isolation par l'extérieur par exemple). Pour isoler les combles, la norme se situe aujourd'hui entre 25 et 40 centimètres et pour les murs et les planchers bas, entre 10 et 15 centimètres. Suite au Grenelle de l'Environnement les objectifs vont devenir encore plus ambitieux d'ici peu.
    MAP : Quel niveau de performances doit aujourd'hui atteindre une maison neuve ?
    B.A : Si un particulier fait construire ou agrandir sa maison, il doit respecter les normes fixées par la RT 2005, réglementation thermique en vigueur depuis le 1er septembre 2006 (arrêté du 24 mai 2006). Cette dernière donne des valeurs minimales et des valeurs de référence à atteindre pour l'isolation des parois. Elles ne sont pas les mêmes selon la région, la paroi et le type de bâtiment. Pour les murs d'une maison par exemple, le coefficient de référence correspond à une résistance thermique de l'ordre de 2,3 à 2,6 m2.K/W.

    MAP : Quel est l'objectif à atteindre ?

    B.A : Depuis 1974, il a eu des renforcements successifs de la réglementation concernant l'énergie dans les bâtiments et par conséquent l'isolation. Dans quelques mois, nous allons passer à la RT 2010 et un peu plus tard à la RT 2012. Cette dernière prévoit de baisser la consommation d'énergie dans les bâtiments en dessous de 50 /kWh/m2/an, ce qui représente des économies non négligeables par rapport aux constructions neuves d'aujourd'hui dont le niveau est bien au dessus de 100 kWh/m2/an.
    MAP : En est-il de même pour un projet de rénovation ?
    B.A : Pour une maison, le Maître d'Ouvrage doit respecter la réglementation du 3 mai 2006 (arrêté du 3 mai 2006) qui impose une résistance thermique minimale dans chaque paroi en cas de travaux.
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