courtier travaux batiment © MAP
Lionel Dunet : A complexité égale, le temps est le même que l'on fasse appel à un architecte ou un promoteur. Comme toute chose, plus une maison est classique, plus elle est construite rapidement.
Lionel Dunet : Il y a deux réponses à donner à cela. La première est qu'un architecte qui n'écoute pas, ce n'est pas un bon architecte. C'est justement son travail que d'être à l'écoute de ses clients, de leur programme. Ensuite, ce qui peut passer pour un refus, ne l'est pas forcément. L'architecte tient la cohérence du projet et lorsqu'il explique à son client pourquoi cela ne peut pas se faire de telle manière, c'est pour maintenir cette cohérence.
Lionel Dunet : Tarabiscotée ? Sûrement pas, cela serait un écueil : la maison est adaptée, je me répète, aux besoins du client. Du reste, la tendance actuelle est plutôt à la pureté des lignes, à la simplicité. Les architectes américains moquent d'ailleurs les Européens là-dessus, les traitant de "minimalistes". Quant aux voisins, oui, tant mieux ! Il faut être fier d'être jalousé par ses voisins ! La qualité de la maison d'architecte vient de l'intérieur, avec la prise en compte des besoins, tandis que l'extérieur reflète cette prise en compte. Tout cela vient aussi du manque de culture architecturale en France, où l'on achète une maison comme une voiture, contrairement à ce qui existe en Finlande par exemple. Je me bats pour que cela change en France.
Lionel Dunet : C'est pareil : nous militons à l'Ordre pour que les élus accèdent à une culture architecturale plus étendue et aient la modestie d'accepter la différence. D'ailleurs, savez-vous d'où vient le terme de "gothique" pour les églises ? Lorsque ce type d'édifice a commencé à sortir de terre, un envoyé du Pape est venu en Ile de France pour le voir, en a trouvé l'architecture "bizarre", qu'il a qualifiée de "barbare". Et les "barbares" à cette époque, c'était les "Goths", d'où le nom d' "église gothique". Aujourd'hui, on ne remet pas en cause leur achitecture, non ? Et bien là c'est pareil : l'architecture contemporaine a toujours un temps d'avance !
Lionel Dunet : On ne va tout de même pas reprocher aux
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architectes de suivre le mouvement du développement durable ! Aujourd'hui tout le monde a cette demande, d'autant plus lorsque l'on sait que le bâti est responsable de près de 45% des gaz à effet de serre. Les architectes doivent être des professionnels du développement durable. D'ailleurs ils se forment énormément : à l'Ordre nous avons encore envoyé dernièrement un dvd de formation qui donne les bases essentielles à tout bâti aux 30.000 architectes français. Une formation continue permanente leur est imposée.
Enfin, sur les coûts, de toute façon, les architectes ont cette tension de devoir respecter le budget du client : ils luttent pour baisser le coût du bâtiment et souvent diminuent même leurs honoraires ! Le client décide de ce qu'il veut en fonction de ce budget, c'est lui qui en a le pouvoir : l'architecte ne peut rien y faire.
Lionel Dunet : Ah ça, c'est vrai ! (rires) On a des progrès à faire sur ce point ! Il faut qu'on ait un langage adapté, compréhensible, que l'on délivre une vraie pédagogie d'explication du projet. Au moment du permis de construire, cette dimension est essentielle. Comme toute catégorie professionnelle, nous avons créé des termes entre nous, ce qui est une erreur. Il faut que l'on joue notre rôle de médiateur du projet.
Lionel Dunet : Il y a des bons et des mauvais promoteurs, comme il y a des bons et des mauvais architectes. L'acte de construire est bien sûr différent pour le producteur que pour l'architecte. Une maison réalisée par ce dernier sera plus compliquée à réaliser qu'un bien défini dans un lotissement. Ce risque, c'est le prix à payer pour avoir un logement adapté.
De toute façon, pour toute maison individuelle de plus de 170m2, il y a un architecte derrière. Avec les maisons préconstruites, on perd l'avantage du dialogue. Enfin, l'intérêt de l'architecte en termes de garantie est que l'assurance couvre son acte, sa conception pendant dix ans.
De toute manière, il faut arrêter d'entretenir cette "guerre" entre les deux. Aujourd'hui, il faut trouver un nouveau modèle de collaboration : un groupement d'entreprises, ou une collaboration avec certains constructeurs, pour une meilleure production. Plutôt que de n'avoir que des lots séparés, l'architecte pourrait collaborer avec une entreprise gestionnaire pour trouver un compromis aux zones entièrement pavillonnaires. Une mixité au bénéfice des ménages les plus modestes.
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