En 25 ans de carrière, Gérard de Vriese a fait le tour de presque tous les isolants : amiante, laine de verre et de roche. Aujourd'hui, il les a tous abandonnés au profit des isolants naturels. "La filière lin et les éleveurs de mouton avaient de plus en plus de mal à écouler leur production, se souvient-il. Faute de pouvoir l'exploiter, beaucoup d'entre eux étaient d'ailleurs obligés de la brûler, purement et simplement". En tout cas jusqu'à ce que Gérard trouve pour eux un nouveau débouché ! Il décide en effet de récupérer auprès de coopérative ou d'éleveurs la paille et la toison, de les transformer respectivement en lin et en laine, de les mélanger et d'y emprisonner de l'air pour en faire un isolant. Un procédé qui d'après Gérard a déjà fait ses preuves dans le monde : "les mongols utilisent depuis toujours les poils de leurs bêtes pour isoler leurs yourtes, alors pourquoi ne pas faire pareil !"

Un isolant hybride

Gérard parvient ainsi à combiner en un même produit les propriétés du lin qui "régule naturellement l'hydrométrie dans les pièces" et celles de la laine, en particulier "sa résilience qui lui permet de restituer son épaisseur même après compression". Côté performances, Gérard affirme "arriver aux mêmes valeurs qu'un isolant traditionnel". Le lin et la laine étant deux matériaux naturels, il a fallu élaborer un processus de fabrication spécifique. Au cœur de ce procédé ? Le lavage et le traitement, deux phases habituellement peu développées pour les matériaux dits "traditionnels". "La toison est composée à 50 % de graisse appelée le suint, explique Gérard. Or, sa présence dans une habitation peut avoir des conséquences dramatiques : moisissures, pourritures". Les fibres sont donc minutieusement lavées et traitées par passages successifs, dans plusieurs modules permettant un barbotage et un battage des fibres tout en assurant, en plusieurs points, la récupération et le nettoyage des eaux de lavage. Pratique dans des endroits inaccessibles   L'isolant, transformé en rouleaux ou en plaques de différentes épaisseurs - 8, 10, 12 cm - est ensuite "installé partout dans la maison" : murs, planchers, toitures... Il peut également, et c'est l'un de ses principaux avantages, être projeté sous forme de flocons dans des endroits inaccessibles comme les double parois, les double planchers et en sous face de garage. L'isolant mis au point par Gérard n'est pas encore commercialisé à grande échelle. Pour le faire connaître, son entreprise -La Toison Dorée- multiplie les apparitions sur les salons consacrés à l'habitat. Les particuliers intéressés sont invités à remplir un formulaire via le site Internet de la société, en sachant que le coût de laine reste plus élevé - entre 10 et 12€ le m2 - que celui de la laine de verre, qui coûte en moyenne entre 6 à 7 € du m2. La laine de mouton ne sert donc plus seulement à fabriquer des couvertures et des manteaux mais également des isolants, il faudra s'y habituer ! La Toisée Dorée

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