"Construire en bois, c'est anticiper la maison de demain"

    Publié le 28 février 2008 par Propos recueillis par Céline Chahi
    Largement implantée dans les pays nordiques, la maison bois fait rêver de plus en plus de Français. Quels sont ses avantages et ses inconvénients ? Présentation avec Michel Perrin, directeur opérationnel du Comité National pour le Développement du Bois (CNDB) et découverte des différentes techniques de construction.
    Maison à Part : Combien construit-on par an en France de maisons individuelles en bois ?
    Michel Perrin : L'étude réalisée en 2006 par le cabinet Caron Marketing faisait état de 9.000 maisons individuelles en bois construites en secteur diffus, auxquelles s'ajoutent environ 2500 logements collectifs. Ces chiffres "à l'unité" sont en augmentation puisqu'en 1997, on dénombrait seulement 3.500 maisons bois construites dans l'Hexagone. Notez que la part des maisons bois en France reste faible - environ 4 % - par rapport au marché global de la maison individuelle, qui est d'ailleurs en croissance constante.
    MAP : Maisons ossature bois*, maisons bois massif* (voir page 3) : laquelle obtient la préférence des Français ?
    M.P : La technique dominante en France est celle de l'ossature bois. Elle offre aux architectes et aux constructeurs une grande liberté architecturale. Grâce à elle, les particuliers bénéficient d'un large choix au niveau des revêtements extérieurs : crépi, bardage de couleur... Un argument séduisant aux yeux de ceux - et ils sont nombreux en France - qui n'aiment pas voir grisonner le bois installé sur leurs façades.
    MAP : D'où provient le bois utilisé par les constructeurs français ?
    M.P : La majeure partie du bois utilisé dans la construction est encore importé d'Allemagne, d'Autriche et des pays nordiques. Le reste est fourni par la filière bois française. Ces dernières années, elle a su tirer son épingle du jeu. Son offre en qualité coïncide en effet de plus en plus avec les demandes du marché.
    bois buches
    bois buches © Mathieu Ducret - Fotolia
     MAP : Utiliser du bois pour construire, n'est-ce pas dangereux pour nos forêts ?
    M.P : Non pas du tout ! Au contraire ! Nos forêts sont durablement gérées ce qui signifie que lorsque des arbres sont coupés, on en replante systématiquement. Finalement, on ne fait que récolter ce que l'on cultive comme dans un jardin. Grâce à ces politiques de récoltes raisonnées et de plantation régulière, on a retrouvé en France le niveau de couverture forestière que l'on avait au Moyen-âge !
    Gîte en rondins Limousin
    Gîte en rondins Limousin © MAP
     
    MAP : Quels sont les autres avantages de ce matériau ?
    M.P : Il y en a beaucoup ! Tout d'abord, le bois est un matériau de construction naturel et propice au respect de l'environnement. Il demande moins d'énergie pour être transformé en matériau de construction que la plupart des autres et, grâce à sa capacité de stockage du CO2, il participe à la réduction des gaz à effet de serre. Le bois est par ailleurs un matériau naturellement isolant - douze fois plus que le béton ! Grâce à lui, finis les problèmes de ponts thermiques ! On bâtit des murs bois moins épais et plus rapidement. Cela permet de gagner de l'espace à l'intérieur de la maison - entre 4 ou 5 m2 - et du temps sur le chantier ! Enfin, sur le plan esthétique, on obtient avec le bois de très belles réalisations architecturales.
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    Gîte en rondins Limousin
    Gîte en rondins Limousin © MAP
    MAP : Quelles sont les règles à respecter pour sa maison bois dure dans le temps ?
    M.P : Le choix de l'essence est primordial. Il doit être fait en fonction de ses propriétés techniques et non pas de son rendu sur le bâtiment. L'épicéa, le sapin, le douglas sont des essences fréquemment employées pour les structures. Le pin sylvestre, le pin maritime, et quelques feuillus habillent également les façades. Et bien sur, le Chêne, Frêne, Hêtre, etc... sont couramment utilisés pour les aménagements intérieurs des maisons.
    Autre point important : la mise en œuvre. Si le bois est correctement placé, la maison traverse les siècles sans se dégrader : les temples japonais sont là pour en attester !
    MAP : A qui confier la réalisation de son projet ? Existe-t-il des réseaux de maîtres d'œuvre certifiés ?
    M.P : Les particuliers peuvent faire appel à des architectes qui connaissent bien et savent utiliser le bois. Ils collaborent généralement de manière étroite avec des entreprises spécialisées dans la construction bois. Ils peuvent également trouver une offre globale auprès de constructeurs bois qui apporteront dans le cadre d'un contrat de construction toutes les garanties indispensables.
    MAP : Les maisons bois sont-elles autorisées partout ?
    M.P : Dans les plans d'occupation des sols ou PLU, rien n'interdit officiellement le bois. On peut émettre une restriction sur la couleur ou la volumétrie, et c'est valable pour tous les types de construction. La diversité des habillages des maisons bois est un facteur favorable à son intégration. Par ailleurs, certaines constructions peuvent être soumises à l'avis d'un architecte des Bâtiments de France. Ce sont les zones proches des monuments historiques. En ce cas, le bois subit la même règle qu'une autre construction
    MAP : On entend souvent dire qu'une maison en bois coûte plus cher qu'une maison maçonnée. Est-ce vrai ?
    M.P : C'est en partie vrai. Une maison bois coûte encore environ entre 5 et 10% de plus qu'une maison traditionnelle. Mais quand on dresse la liste de ses avantages, l'écart de prix est vite relativisé. En effet, le coût global de fonctionnement d'une maison bois (chauffage, électricité...) est nettement inférieur à celui d'une maison maçonnée.
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    Les techniques de construction bois

    Maison bois CNDB
    Maison bois CNDB © CNDB
    L'ossature bois
    Grâce à la grande liberté de formes qu'elle permet, l'ossature bois est la technique de construction la plus utilisée en France. Dans une maison à ossature bois, les murs sont constitués d'éléments verticaux et horizontaux qui forment la structure porteuse de l'habitation, sorte de squelette en bois. Cette ossature est montée étage après étage. A chaque niveau, le solivage posé sur les murs qui viennent d'être montés est recouvert d'un plancher qui sert ensuite de plate-forme pour monter les murs de l'étage suivant. L'ossature des murs est remplie d'isolant, habillée d'un pare-vapeur à l'intérieur et d'un pare-vent (ou pluie) à l'extérieur. Elle est rigidifiée par un panneau de contreventement.
    L'avantage de ce type de construction est qu'il nécessite des bois relativement courts, correspondants à la hauteur de l'étage, facilement disponibles et transportables.

    Le poteau-poutre

    La technique du poteau-poutre est la préférée des architectes. Et pour cause : les bois mis en œuvre sont d'une portée tellement grande qu'il est possible d'installer de grandes baies vitrées en façade. Rien n'empêche d'associer ossature bois et poteau-poutre.

    Le bois massif

    La plus ancienne technique de construction est celle du bois massif, également appelée bois empilé ou bois debout. Autrefois érigées dans les régions montagneuses, les maisons en bois massif sont aujourd'hui construites partout : en ville, à la campagne, en bord de mer.
    La méthode de construction utilisée consiste à empiler horizontalement des rondins (de forme cylindrique) ou des madriers (de forme parallélépipédique) les uns sur les autres. Les murs sont donc constitués de poutres massives qui sont croisées en leurs extrémités et réunies par un assemblage à mi-bois. Quant aux parois, elles sont à la fois porteuses et naturellement isolantes. On peut toutefois poser un isolant thermique supplémentaire. Dans ce cas, les madriers porteurs seront placés à l'extérieur de la paroi. Sera ensuite ajouté à l'intérieur un complexe isolation/parement.
    Cette technique présente une particularité : le tassement du bois. En effet, dans les deux années qui suivent la construction, on enregistre toujours un léger retrait de l'ordre de 2 à 4 cm par mètre de hauteur de mur. Il est dû aux variations du taux d'humidité, au séchage du bois et aux charges appliquées à la structure. Comme ces variations dimensionnelles sont prévisibles, le constructeur les maîtrise facilement grâce à des précautions d'assemblages prises au cours du chantier : joints ajustables, désolidarisation des éléments muraux.
    Les constructions en bois empilé se montent facilement. La plupart des constructeurs de chalets les montent "à blanc" c'est-à-dire qu'ils fabriquent les pièces de bois en atelier et les numérotent de telle sorte à pouvoir les assembler rapidement sur le chantier.
    Retrouvez notre précédent dossier bois sur Maison à part.
    Les techniques de construction bois
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