Une maison passive construite à partir de béton cellulaire

    Publié le 8 avril 2016 par Stéphanie Odéon
    Parti au départ dans l'idée de se faire construire une maison bois, le propriétaire d'un terrain à Binic, dans les Côtes d'Armor, a finalement opté pour une maison passive construite à partir de béton cellulaire. Le matériau associé à des équipements ultra-performants tels qu'une ventilation double flux et un chauffe-eau thermodynamique atteint d'excellentes performances thermiques. Visite sur le chantier...
    A Binic, dans les Côtes d'Armor, le constructeur Gautier créations a décidé de miser depuis 2008 sur les maisons passives. Aujourd'hui, 50% des maisons qu'il construit sont passives. Pour garantir cette norme à ses clients, le maître d'œuvre demande cette certification PassivHaus à un bureau d'études certifié.
    Pour la réalisation de ses logements, l'entreprise mise sur le béton cellulaire, des menuiseries en triple vitrage et un système de ventilation double flux. D'ailleurs, lorsque que Stéphane Gautier, le gérant, rencontre des prospects, il ne leur parle pas simplement d'architecture de maison, il les informe surtout des possibilités pour réaliser des constructions peu énergivores, voire passives. Son meilleur argument ? Son bureau. En 2014, le maître d'œuvre a imaginé et construit les locaux de son entreprise avec des matériaux et techniques spécifiques pour en faire un bâtiment passif. "Ce nouveau bâtiment de 130m2, labellisé PassivHaus, est dix fois plus étanche qu'une construction BBC," nous annonce fièrement le chef d'entreprise. Ce label attribué aux bâtiments répond aux trois critères suivants : besoin en chauffage inférieur à 15 KWH/m2.A , étanchéité de l'enveloppe (N50 inférieur ou égal à 0,6 volume/heure) et besoins en énergie primaire totale (électroménager inclus) inférieur à 120 KWH/m2.A, rappelle-t-il.
    L'un de ses clients nous a ouvert les portes de sa maison passive en cours d'achèvement...
    Découvrez les photos de cette habitation en pages suivantes ainsi que tous les détails sur sa construction...
    Une maison passive construite à partir de béton cellulaire

    Ils ont opté pour une maison passive

    Maison passive
    Maison passive © S.O.
    Au départ, le futur propriétaire envisageait une maison à ossature bois. Pendant l'étude de son projet, la construction d'une maison passive s'est peu à peu imposée à ce jeune retraité. Dans un premier temps, il a été séduit par les performances du béton cellulaire, proposé par son maître d'œuvre.
    D'une maison répondant aux normes RT 2012, il a franchi le pas de la maison passive quand la question du chauffage s'est posée. Soit le futur propriétaire installait un poêle à bois, (pour un coût total d'environ 8.000 euros), soit il mettait du triple vitrage, représentant certes un surcoût de 10.000 euros au départ, mais aucun frais d'entretien par la suite. C'est ainsi que le choix de la maison passive s'est fait.
    Ils ont opté pour une maison passive

    Maison passive : Ventilation double flux et chauffe-eau thermodynamique

    Maison passive, Côtes d'Armor
    Maison passive, Côtes d'Armor © S.O.
    La construction de cette maison est "un cheminement intellectuel", note le propriétaire, constatant que "l'énergie la plus durable, c'est celle que l'on ne consomme pas".
    Dans cette maison de 145 m2, la chaleur émise par les baies vitrées (en triple vitrage) apporte, grâce à l'apport solaire, une importante source de chaleur dans la maison. Source de chaleur que le triple vitrage conserve dans le bâtiment. Pour la répartir dans l'ensemble des pièces du logement, des bouches chauffantes ont été installées dans toutes les salles permettant de réguler la température selon les espaces.
    Maison passive : Ventilation double flux et chauffe-eau thermodynamique

    Maison passive : Ni plancher chauffant ni poêle à bois

    Maison passive : Ni plancher chauffant ni poêle à bois - Maison passive, Côtes d'Armor
    Maison passive : Ni plancher chauffant ni poêle à bois - Maison passive, Côtes d'Armor © S.O.
    Alors que beaucoup de ses clients souhaitent installer un plancher chauffant ou un poêle dans leur future maison, Stéphane Gautier, gérant de l'entreprise Gautier créations, préconise de ne pas en mettre. Son argument ? Le confort. L'apport de chaleur produite par les maisons passives ne nécessite pas ce type d'installation, selon lui. Pire, cela peut créer de l'inconfort pour ses habitants. Autre argument avancé, le faible coût d'entretien des installations proposées. En effet, "mes clients demandent des maisons avec un minimum d'entretien," explique-t-il. Le maître d'œuvre précise par ailleurs que l'entretien de la ventilation double flux est facile et peu chère.
    Stéphane Gautier va même plus loin dans sa justification, précisant que l'installation des poêles entraîne des ponts thermiques, créés lorsque les conduits sont percés. Il donne d'ailleurs en exemple d'anciens clients qui ont installé au bout de quelques années un poêle et ont remarqué depuis une déperdition d'énergie.
    Maison passive : Ni plancher chauffant ni poêle à bois

    Maison passive : des fenêtres en retrait de la cloison

    Maison passive : des fenêtres en retrait de la cloison - Maison passive, Côtes d'Armor
    Maison passive : des fenêtres en retrait de la cloison - Maison passive, Côtes d'Armor © S.O.
    Afin d'éviter au maximum les ponts thermiques, Stéphane Gautier explique que toutes les menuiseries de ses maisons sont installées en retrait de la cloison isolante. Ainsi, l'air qui pourrait passer est stoppé.
    Le mur de ces logements est composé d'un bloc de béton cellulaire Cellumat de 25 cm et d'une isolation en laine de verre de 22 cm. Les fenêtres sont donc posées au bord du bloc de béton et l'isolation vient complètement recouvrir les contours de la fenêtre évitant un maximum de déperdition d'air. Pour les toitures, l'étanchéité est posée sur un isolant en polyuréthane de 26 cm, là encore pour renforcer la perméabilité à l'air.
    Maison passive : des fenêtres en retrait de la cloison

    Le coût d'une maison passive

    Le coût d'une maison passive - Maison passive, Côtes d'Armor
    Le coût d'une maison passive - Maison passive, Côtes d'Armor © S.O.
    "Une maison passive coûte entre 20 et 25.000 euros de plus qu'une maison de 130-150 m2 respectant la norme RT 2012", précise Stéphane Gautier. Un budget supplémentaire qui se justifie pour plusieurs raisons. Tout d'abord, le bloc cellulaire est un peu plus cher que la brique ou le béton traditionnel. Et pour qu'elle obtienne le label Passivhaus, le constructeur ajoute aussi un système de ventilation double flux avec bouches chauffantes, un ballon d'eau chaude thermodynamique et enfin un élément indispensable : le triple vitrage pour les menuiseries, qui représente un surcoût d'environ 10.000 euros.
    Pour la maison de 145m2 de Binic par exemple, avec de telles prestations, le coût du mètre carré est de 1.710 euros ttc avec les honoraires du maître d'œuvre.
    Le coût d'une maison passive

    Maison passive : Les avantages du béton cellulaire

    Maison passive : Les avantages du béton cellulaire  - Maison passive, Côtes d'Armor
    Maison passive : Les avantages du béton cellulaire - Maison passive, Côtes d'Armor © S.O.
    Depuis 8 ans, Gautier Création utilise du béton cellulaire de Cellumat pour ses performances. Il y a certes une différence de prix d'environ 1.500 euros par rapport à la brique mais qui est compensée par la perméabilité à l'air du cellulaire. En 5 ans, il est d'ailleurs passé de 10% à 100% de maisons en béton cellulaire.
    Le fabricant rappelle que son matériau, composé de matières premières naturelles à 100% recyclables, répond aux exigences de la RT 2012 et RT 2020 qui lui permettent d'obtenir des valeurs de résistance thermique R de mur inégalées. L'importante résistance à la compression de ces blocs permet de réaliser des bâtiments de plusieurs étages, souligne Marc Lacrosse de Cellumat.

    Comparaison de la résistance thermique

    Sur un mur de 20 cm doublé d'un isolant de 10 cm
    Pour un mur cellulaire, R=5,58 m2K/W
    Pour un mur brique, R= 4,47 m2K/W
    Pour un mur ciment, R=3,6 m2K/W
    Maison passive : Les avantages du béton cellulaire

    Maison passive : Le béton cellulaire et les professionnels

    Maison passive : Le béton cellulaire et les professionnels - Maison passive, Côtes d'Armor
    Maison passive : Le béton cellulaire et les professionnels - Maison passive, Côtes d'Armor © S.O.
    Concernant l'usage du béton cellulaire, pour les professionnels, "impossible de s'en passer quand on y a gouté", nous a confié l'artisan maçon en charge de plusieurs chantier pour la société Gautier. Ce matériau est propre, donc le chantier l'est aussi, souligne Manuel Goncalves, de MP construction. Il apprécie également la légèreté du produit (environ 18 kg contre 22 pour un parpaing classique). Une qualité qui compte pour l'artisan, surtout lorsque l'on parle de la pénibilité des métiers.
    Le professionnel apprécie aussi sa facilité d'utilisation et la précision des découpes qui peuvent être faites. "S'il y a un léger écart à rattraper, au niveau d'une ouverture par exemple, il suffit de limer le béton", explique-t-il.
    Autre avantage, l'inertie thermique de cette matière. "Quand la maison est hors d'eau, il est très agréable de travailler dans le bâtiment. En hiver, il ne fait pas trop froid et en été, on n'a pas trop chaud. Ça rend le chantier très agréable pour nous," nous confie l'artisan. Et comme, moins d'eau est utilisée pour la construction, il n'y a pas d'humidité et plus de chaleur. Un confort appréciable, note-t-il.
    Maison passive : Le béton cellulaire et les professionnels

    Les inconvénients du béton cellulaire

    Les inconvénients du béton cellulaire - Maison passive, Côtes d'Armor
    Les inconvénients du béton cellulaire - Maison passive, Côtes d'Armor © S.O.
    Le béton cellulaire a cependant des inconvénients. En effet, il est friable, précise le maçon. "Il faut donc faire attention" souligne-t-il avant de rappeler l'importance de se renseigner sur les modes de fixation à utiliser en amont, pour éviter les déconvenues (trop de pertes). Autre aspect qu'il regrette, c'est justement le volume de perte, plus important qu'avec le parpaing traditionnel, et donc la quantité de matière à mettre à la déchèterie, quand le béton peut être enterré.
    Enfin, s'il est facile à travailler, le démarrage du chantier en béton cellulaire demande plus de temps. En effet, il est primordial d'être de niveau dès la première rangée, rappelle l'artisan. Une précision qui prend du temps.
    Stéphane Gautier qui n'utilise plus que du béton cellulaire pour ses chantiers se défend de faire sa promotion, "nous ne sommes payés par aucun fournisseur". "Ce que nous recherchons c'est la qualité de nos maisons, être honnête vis-à-vis de nos clients pour leur donner le meilleur confort possible à l'arrivée."
    Les inconvénients du béton cellulaire

    Différence entre bloc de béton cellulaire et traditionnel

    Différence entre bloc de béton cellulaire et traditionnel - Maison passive, Côtes d'Armor
    Différence entre bloc de béton cellulaire et traditionnel - Maison passive, Côtes d'Armor © S.O.
    Ce qui explique en partie la différence de performance entre le béton cellulaire et le béton ciment, c'est la méthode d'assemblage, souligne Marc Lacrosse de Cellumat. Précisant que "le béton cellulaire se monte en joints collés alors qu'on utilise du mortier pour les parpaings traditionnels". En effet, cette technique permet d'obtenir une meilleure étanchéité à l'air du bâtiment, condition nécessaire pour réaliser une maison passive.
    Convaincu de la performance de ces blocs de parpaings, Stéphane Gautier réalise sur tous ses chantiers deux tests d'étanchéité : un pendant les travaux et en fin de chantier, histoire de rassurer les futurs propriétaires dans leur choix.
    Différence entre bloc de béton cellulaire et traditionnel
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