Après les maisons passives, voilà que débarquent les maisons "à énergie positive" dans l'univers de la construction. Quelle est cette nouvelle typologie d'habitation ? Quelles sont leurs caractéristiques, leurs performances, leur coût et surtout sont-elles destinées à se généraliser ? Décryptage.
La maison à énergie positive en résumé, les 5 points essentiels à retenir
1- Le maître mot : l'auto consommation
2- Des factures énergétiques très réduites mais pas nulles
3- On oublie les folies architecturales
4- Les occupants deviennent acteurs du logement
5- Un surcoût à prévoir de l'ordre de 10 à 15%
Maison à énergie positive, quèsaquo ?
Une maison à énergie positive est, comme son nom le laisse entendre, une maison qui produit plus qu'elle ne consomme. Concrètement, cela signifie qu'elle arrive à produire elle-même sa propre énergie de manière à pouvoir couvrir aussi bien les dépenses des occupants en énergie primaire (
chauffage, eau chaude, auxiliaires - la ventilation par exemple - et éclairage) que celles engendrées par les usages ménagers.
"Cette double exigence est précisément ce qui fait la particularité des maisons à énergie positive : elles sont capables, en théorie du moins, de couvrir toutes les dépenses en énergie sans exception", explique Jean-Jacques Barreau, directeur technique au sein de
LCA-FFB.
"Le problème, poursuit-il,
c'est que celles-ci varient beaucoup d'un foyer à l'autre en fonction notamment de sa composition et de ses habitudes et qu'il va donc être difficile d'ajuster à l'avance la production autrement dit de dimensionner correctement les installations d'autant plus qu'il existe des limites techniques : le nombre de panneaux photovoltaïques dépend forcément de la superficie de la toiture".
Maison à énergie positive, quelle différence avec une maison passive ?
Les deux approches peuvent se ressembler mais sont en réalité différentes. Une maison passive vise avant tout à la sobriété énergétique et à minimiser ses besoins par une conception avancée et une isolation renforcée. Elle n'a pas forcément de production d'énergie locale. Mais il est aisé de couvrir ses faibles besoins avec une petite installation de production. Une maison à énergie positive, elle, a pour principale caractéristique de produire plus d'énergie qu'il n'en faut. Ses performances thermiques sont relayées au second plan.
Maison à énergie positive : quelles performances énergétiques ?
Avec les maisons à énergie positive, on ne parle pas à proprement parler de performances énergétiques à
"atteindre" mais plutôt de dépenses à
"compenser". Sachant que la consommation des maisons basse consommation est fixée à 50 kWh/m2/an en énergie primaire (exigences de la réglementation thermique RT2012) et estimée en moyenne à 70 kWh/m2/an pour les consommations ménagères, il faut donc que la maison passive arrive à compenser au moins 120 kW/h/m2/an.
"Ces chiffres donnent une idée sur les objectifs à atteindre mais restent théoriques car les calculs dépendent de paramètres qui sont propres à chaque maison comme sa superficie, par exemple, ou encore du nombre d'occupants et de leurs habitudes", précise Jean-Jacques Barreau. Et pour y arriver, pas de miracle ! L'un des secrets de la réussite d'une maison à énergie positive réside dans la diminution des consommations de chauffage, une réduction qui repose sur quelques éléments clés, qui constituent les bases des maisons à énergie positive, à savoir une isolation renforcée, une parfaite étanchéité de l'enveloppe et l'intégration d'équipements ultra-performants utilisant les énergies renouvelables.
Maison à énergie positive = maison auto suffisante ?
Parce qu'elle produit plus qu'elle consomme, faut-il en conclure que la maison à énergie positive est auto suffisante ? Autrement dit que ses occupants n'auront plus à payer de chauffage ni d'électricité ?
"Non", répond Jean-Jacques Barreau.
"Le raccourci est un peu rapide. Croire qu'on va réussir à ne plus rien consommer à l'extérieur et donc à vivre en autarcie est une utopie", prévient l'expert.
"Les énergies renouvelables ont leur limite, elles sont de par nature aléatoires, explique-t-il. Impossible d'être certain d'arriver à produire en temps voulu la quantité d'énergie souhaitée". Dans le cas d'une maison équipée de panneaux photovoltaïques, les conditions climatiques sont en effet importantes à prendre en compte. Lorsque l'ensoleillement est insuffisant, la production va inévitablement chuter, obligeant le foyer à s'alimenter à l'extérieur. A l'inverse, elle grimpe les jours de soleil. Elle peut même s'envoler jusqu'à dépasser les besoins des occupants de la maison. Elle pourra alors être mise à profit grâce à une solution de stockage qui permet d'optimiser la production.
Maison à énergie positive : quel visage ?
Si la maison à énergie positive autorise tous les modes constructifs - ossature bois, béton, brique -, elle ne peut en revanche pas prendre toutes les apparences. Comme les maisons passives, elles adoptent forcément une forme simple et compacte. (La preuve en images avec la
maison Ecolocost ou encore celle du
constructeur Maisons Hanau). Cette silhouette plutôt massive limite les surfaces d'échanges thermiques ainsi que les risques de ponts thermiques.
"Il faut oublier la maison avec des tourelles et des excroissances", confirme Jean-Jacques Barreau. A oublier également : la toiture plate. Pour garantir un bon rendement des panneaux ainsi qu'une intégration facile, la pente, avec si possible une orientation au sud et une inclinaison comprise entre 30 et 45%, est vivement recommandée.
Outre ces panneaux visibles en toiture, la maison intègre de nombreux équipements :
VMC double flux,
chauffe-eau thermodynamique, menuiseries à triple vitrage, chauffage bois à pellet... Des appareils de dernière génération qui sont non seulement ultra-performants, d'une grande précision et sont tous pour la plupart intelligents. Les occupants peuvent donc les contrôler à distance, à condition bien sûr qu'ils s'investissent dans le pilotage de la maison.
"La maison à énergie positive impose une certaine discipline et une implication de la part de ses occupants. Ils ne sont plus passifs mais actifs dans le logement", indique Jean-Jacques Barreau. Sans oublier qu'ils doivent également changer un certain nombre de leurs habitudes. Dans une maison à énergie positive, les heures creuses deviennent les heures pleines, par exemple, ce qui suppose quelques ajustements en termes d'organisation, notamment pour programmer les appareils électroménagers au moment opportun.
Maison à énergie positive : risque de surcoût ?
Etant donné d'une part les nombreux équipements qu'elle comporte et d'autre part, la rigueur qu'elle réclame en termes de conception et, surtout, de réalisation, la construction d'une maison à énergie positive engendre forcément un surcoût par rapport à une construction traditionnelle.
"De l'ordre de 15 à 20 %", estime Jean-Jacques Barreau. Une estimation qui se vérifie avec l'une des premières offres disponibles sur le marché, celle du constructeur Maisons Pierre. Sur certains de ses modèles déjà commercialisés, il propose de rajouter une option
"énergie positive". Il s'agit en réalité d'un kit dédié à l'autoconsommation électrique comprenant une armoire d'autoconsommation, des panneaux photovoltaïques et un système de stockage (batterie lithium), qui fait grimper de 15.000 euros le prix de la maison. A l'arrivée cependant, le constructeur arrive à maintenir un prix public compétitif :
"il devrait se situer entre 115.000 et 140.000 euros, selon les modèles, pour une surface comprise entre 85 et 100 m2 en moyenne". Un budget tenu car il explique ne pas avoir dû changer son système constructif, ni son complexe isolant (mousse polyuréthane et laine minérale).
"Nous n'avons pas touché au bâti car il nous permet déjà d'obtenir de très bonnes performances sur le plan thermique", précise Alexandre Sion, responsable marketing et communication. Et pour ce qui est du surcoût, il pourra être résorbé par un retour sur investissement, le constructeur met en avant jusqu'à 60% d'économies d'énergie sur les factures.
Maison à énergie positive : déjà une réalité ?
Quelques maisons à énergie positive ont d'ores et déjà été construites sur le territoire, notamment dans le cadre du
projet Comepos*, mais elles sont encore rares et pour la plupart encore en phase de tests et d'expérimentations. Cependant, elles pourraient se multiplier rapidement notamment si les constructeurs de maisons individuelles arrivent à standardiser le modèle. Pari gagné pour Maisons Pierre et son
"option énergie positive" mais le but est atteint au détriment de la personnalisation.
"Aucun changement n'est autorisé par rapport au modèle du catalogue", prévient le constructeur. Bon à savoir avant de s'engager.
*Le projet Comepos pour "Conception et construction optimisées de maison à énergie positive" a été lancé par l'Ademe (Agence pour l'environnement et la maîtrise de l'énergie) afin de mettre à l'épreuve 25 maisons innovantes dans différentes régions françaises. Ces logements individuels, habités par des familles, doivent permettre de mieux comparer les consommations d'énergie en situation réelle plutôt que par des calculs théoriques. Pour en savoir plus, cliquez ici.
Et pour aller plus loin, découvrez quelques exemples concrets de maisons à énergie positive déjà construites :
-
La maison d'Ostwald, près de Strasbourg du constructeur Maisons Hanau
-
La villa Villa E-Roise du constructeur breton Trecobat
-
"La maison de Julie" du constructeur Mas Provence
-
Les maisons d'Ozoir-la-Ferrière et d'Aulnay-sous-Bois du constructeur Maisons Pierre