Logements neufs, les sinistres les plus courants

    Publié le 12 juin 2017
    Un dépanneur répare une fuite d'eau sous un évier.
    Un dépanneur répare une fuite d'eau sous un évier. © GregorBister
    Carrelage fissuré, façade dégradée, mauvaise étanchéité de la toiture... Découvrez quels sont les sinistres auxquels les propriétaires ou locataires d'un bien neuf sont le pus souvent confrontés. Un état des lieux signé par l'Agence Qualité Construction (AQC), en appui sur sa base de données Sycodés.
    L'AQC vient de publier son "Flop 10" des désordres les plus courants et les plus coûteux signalés à Sycodés en France. Cette base statistique recense en effet les données recueillies lors des expertises dommage-ouvrage permettant d'identifier les pathologies les plus récentes afin d'orienter au mieux l'effort collectif de prévention et d'amélioration des pratiques. Les désordres collectés sont ceux qui font l'objet d'une déclaration de sinistre à caractère décennal et dont le coût de réparation est compris entre 762 et 250.000 euros (HT). L'AQC souligne qu'il est nécessaire de "relativiser les résultats au regard des parts de marché des techniques les plus employées".

    Dans les maisons individuelles

    Les désordres ont connu des évolutions notables : les revêtements de sols intérieurs sont devenus, en quelques années, les premières sources de pathologies en nombre et en coût. Cette progression a été forte (+11,2 % pour la période 2014-2016). Les sinistres concernent majoritairement les carrelages, les problèmes étant amoindris avec des revêtements souples. L'expert indépendant François Reix formule une hypothèse : "Dans la maison individuelle, la tendance est à l'agrandissement des tailles de carreaux mis en œuvre avec des joints de plus en plus fins. Si l'on n'a pas respecté les temps de séchage, le retrait de la chape peut entraîner des écarts dimensionnels qui ne sont pas absorbés ni par la colle, ni par les joints. C'est alors le carreau qui se casse. On parle d'effet bilame".
    Deuxième famille de désordres les plus courants, ceux qui touchent les façades à base de maçonnerie en blocs de béton, dont la prévalence est stable.
    Ils devancent les couvertures en petits éléments qui, elles, sont en diminution constante, grâce à la formation des couvreurs et à des process de production améliorés (suppression de la porosité des tuiles). L'expert avance : "Les causes peuvent être différentes entre les régions. Ainsi, dans le Sud-Est, on rencontre beaucoup moins la mise en œuvre de mortiers d'embarrure pour les arêtiers et faîtages. Ces mortiers bâtards, composés de chaux et de ciment, étaient difficiles à doser et résistaient mal aux écarts de température".
    L'AQC note que les problèmes de fondations superficielles - très peu nombreux - sont en revanche excessivement onéreux, même si le coût a diminué substantiellement en 20 ans. Le rapport met en avant une meilleure sensibilisation des acteurs. Christian Garcia, directeur technique de Socabat, note : "La compréhension des phénomènes, en particulier le rôle de la végétation dans les terrains argileux, est meilleure. La mise en place d'écran anti-racine est un exemple de solution mise en œuvre. (...) Les nouvelle techniques de confortement, par injection de résine, ont permis, elles aussi, de faire baisser le coût des réparations". Mais il estime que le recours à des études de sols pourrait être plus fréquent.

    Dans les logements collectifs

    Ce sont également les revêtements de sols intérieurs qui causent le plus de tracas, en nombre et en coût total. Mais, en deuxième position, tout change : ce sont les réseaux d'eau intérieurs qui sont à l'origine des désordres, même s'ils sont en diminution au fil des ans. François Reix déclare : "La qualité des tubes en cuivre a certainement progressé et les professionnels recourent plus fréquemment aux tubes polyéthylène réticulé qui ont l'avantage de ne pas souffrir de la corrosion".
    Suivent les fenêtres et portes-fenêtres, en 3e position. Christian Garcia explique : "Il y a eu, ces dernières années, une forte hausse du nombre de chantiers de rénovation des menuiseries, et mécaniquement le nombre des désordres augmente. Il faut continuer à préconiser le recours à des produits certifiés et à former les poseurs car beaucoup de désordres restent liés à la mise en œuvre".
    Quant aux pathologies liées aux ossatures poteaux-poutres, elles sont en forte augmentation et concernent particulièrement les ossatures béton avec l'apparition de fissures, d'infiltrations et des défaillances d'assemblages ou de liaisons. Ces sinistres sur le gros œuvre entraînent des coûts élevés de réfection.
    L'AQC note également une augmentation des coûts de désordres liés aux équipements sanitaires. L'expert, François Reix, analyse : "D'abord, l'installation beaucoup plus fréquente de WC à cuvette suspendue [dont] le bâti-support est d'une mise en œuvre plus compliquée. Par ailleurs, l'entretien est moins aisé du fait de l'accessibilité réduite aux pièces d'usure. Ensuite, on voit se démocratiser les blocs de douche et baignoire en résine. Or, ce matériau plus souple impose des calages plus précis pour éviter qu'il ne se déforme sous le poids de l'eau et des personnes".
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